9 juillet 2007

70 % des gaz à effet de serre émis par les pays riches

Le monde dépense grosso modo, chaque année, 90 milliards d’euros pour l’aide au développement et 900 milliards pour ses armements. Cela n’a pas de sens, même dans une optique sécuritaire. Aujourd’hui, vous pouvez rajouter des avions de combat et des missiles, vous ne combattrez pas les vrais fléaux de l’humanité que sont le terrorisme, les pandémies et le réchauffement climatique. L’aide est infiniment plus efficace que des chars, mais elle suppose que l’on sorte des conservatismes budgétaires qui reconduisent d’année en année les mêmes dépenses en faveur d’armées régulières inadaptées dans le monde actuel. Je sais de quoi je parle : j’ai été ministre des finances de mon pays, la Turquie.

La lutte contre le réchauffement climatique n’est-elle pas vécue par les pays pauvres comme un fardeau imposé par les pays du Nord ?

Le gaz carbonique que l’on émet à Istanbul, à Paris et à Pékin a le même effet sur le climat. Le traitement du réchauffement suppose une coopération internationale forte au sein de laquelle les coûts et les avantages seront équitablement partagés. Les pays riches doivent reconnaître qu’ils ont créé le problème et que 70 % des gaz à effet de serre déjà émis l’ont été par eux. Comme il est impossible de trouver la parade sans la participation des grands pays émergents, comme la Chine ou l’Inde, et qu’il n’est pas question de nuire à une croissance qui est vitale pour eux, les pays du Nord devront aussi transférer leurs technologies propres vers les pays du Sud. Notre monde est contraint à un compromis historique.

Kamal Dervis, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, PNUD, propos recueillis par Alain Faujas, extraits du Monde