Les pays en développement soutiennent la croissance mondiale et captent, dans leur ensemble, une part croissante des revenus mondiaux. Mais les bénéfices de la croissance économique mondiale sont-ils largement répartis au sein des pays en développement ? Un groupe de pays en développement qui représente une portion énorme de la population mondiale se trouve à l’avant-garde de la croissance mondiale. Leurs économies connaissent une croissance plus rapide que celles des pays industrialisés. Ils commencent aussi à rattraper les nations les plus riches en termes de développement humain. Des millions de leurs citoyens sortent chaque année de la pauvreté, et leurs taux d’espérance de vie, de mortalité infantile et d’alphabétisation rattrapent ceux des pays développés. Ces pays ont accès aux marchés mondiaux pour les biens, le capital et la technologie ; les échanges entre eux et avec les pays riches deviennent de plus en plus importants. La part de commerce mondial captée par les pays en développement – essentiellement grâce à ceux d’entre eux qui sont très performants – est à présent de 37 %, alors qu’elle n’était que de 29 % en 1996. Cependant, un autre groupe de pays en développement – plus nombreux, même si sa population est moins importante – reste à la traîne. Au plan économique, ces pays sont plus éloignés que jamais des contrées les plus riches. Si l’on considère le revenu moyen, les inégalités entre pays, qui n’arrêtent pas de se creuser depuis deux cents ans, sont loin de marquer le pas. Le rapport entre le PIB des dix pays les plus riches et celui des dix pays les plus pauvres est passé de 21 en 1960 à 34 en 1990, puis à 47 en 2001 et à 50 en 2005. Si l’on exprime le PIB en cours de change du marché, l’écart est encore plus grand. Certains pays ont aussi connu une chute brutale du taux d’espérance de vie, dans la plupart des cas (mais pas tous) à cause de l’épidémie de sida.
Kemal Dervis, Programme des Nations unies pour le développement