Qui va nourrir l’Afrique de l’Ouest ? A cette question d’actualité, Mamadou Cissokho, répond sans détour dans son livre Dieu n’est pas paysan (édité par le Grad et Pésence Africaine) : « Nos exploitations familiales ». Depuis plus de trente ans, il agit pour que les paysans - si souvent encore analphabètes et méprisés de ce seul fait - s’unissent et comptent sur leurs propres forces.
« Riche de ressources et riche de nos familles, écrit-il, l’Afrique de l’Ouest est désormais riche de la vitalité croissante des organisations paysannes. Unissant les éleveurs, les pêcheurs, les agriculteurs, les plateformes nationales se sont mises en place depuis la fin des années nonante. Au delà des frontières héritées de la colonisation, nous prenons conscience de notre appartenance à une communauté, la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. Et celle-ci est, chaque jour, plus animée par des groupes d’acteurs de la société civile. Parmi ceux-ci, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs que nous, paysans de dix pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Conakry, Mali, Niger, Sénégal et Togo) avons fondé, en 2000, à Cotonou puis étendu au Ghana et à la Sierra Leone ».
Ce livre raconte d’une façon personnelle et captivante l’histoire de cette construction. « Nous souhaitons, à travers ces lignes, conclue Mamadou Cissokho, rappeler que Dieu, commun à nous tous, n’est pas paysan et que l’Homme est le remède de l’Homme, ceci par la grâce de Dieu ».
Mamadou Cissokho a choisi, en 1974, de laisser sa craie de jeune instituteur pour devenir paysan au sein d’une exploitation familiale qu’il crée à Bamba Thialène (à 400 km de Dakar) au Sénégal. Dans ce village des paysans l’accueillent et lui font confiance. Depuis lors, il est la cheville ouvrière du mouvement paysan en Afrique de l’Ouest. En Mai 2008, ses pairs d’Afrique du Sud, de l’Est et du Centre lui ont confié le soin de créer la fondation de la Plateforme panafricaine des paysans et des producteurs d’Afrique.