Un groupe de jeunes Français se lance un challenge : l’Afrique de l’Ouest à vélo, un projet et une
expérience vraiment riches ! Ils partent plusieurs mois et ont prévu une longue pause à mi-parcours. Cette
pause sera l’occasion de se reposer, de partager des moments forts avec la population locale et pourquoi
pas de les aider.
Le moment venu, l’équipe s’installe donc dans un village. Rapidement, le syndrome de l’homme blanc
apparaît : les jeunes se sentent chez eux, complètement « intégrés » à la population, ils sont comme des
rois et apportent de petites solutions à des problèmes bénins, ce qui engendre de la part de la population
une certaine admiration et de la confiance. Plus le temps passe, plus l’admiration est forte et plus des liens
se créent avec les habitants, à tel point que ces jeunes veulent vraiment les aider. Ils décident alors
d’enquêter…
En observant et en discutant, ils comprennent que l’enjeu principal dans ce village est d’ordre médical.
Beaucoup de gens ont des problèmes de vue et de respiration. Le diagnostic des cyclistes est simple (même
si aucun d’entre eux n’a de connaissances médicales particulières…) : les habitants dorment dans des
huttes où ils font également la cuisine, et c’est la fumée du feu de bois qui engendre ces problèmes.
L’homme blanc se sent alors maître : il a trouvé ! La solution est simple (ils se demandent même pourquoi
personne n’y a pensé avant… « manque d’éducation » sans doute) : « Pourquoi ne feriez-vous pas comme
les indiens ? Faire un trou à la pointe du toit ? » L’homme blanc a trouvé une solution propre à son pays,
avec son mode de pensée et son éducation. De là, la population, tellement heureuse d’avoir pu trouver une
solution, se met au travail. Bien évidemment, nos jeunes gens apportent fièrement leur aide à cette
entreprise !
Mais les habitants des petits villages reculés oublient parfois d’où proviennent leurs savoir-faire et
pourquoi ils font certaines choses et pas d’autres, comme par exemple, dormir en présence de fumée. Les
expériences se vivent, on en tire des conclusions, on s’adapte, au fil du temps, des années, des décennies et
l’on en oublie l’origine…
De nombreux mois après, nos jeunes cyclistes, comme promis, sont de retour.
Mais le village n’existe plus, tous les habitants sont morts ou ont fui. Pourquoi ? A cause du paludisme… La
fumée du feu de bois empêchait les moustiques d’entrer. Absence de fumée égal à attaque des moustiques égal à
propagation fulgurante du paludisme égal à décès.
Extrait de Volontourisme ou tourisme humanitaire, par Vincent Dalonneau
Photo extraite d’Afrique à vélo