Conférence d’Ibrahima Thioub consacrée à la déconstruction des représentations des Noirs, d’hier à aujourd’hui, ce vendredi 12 juin, de 19h à 21h30, à la Maison du livre, rue de Rome 28, 1060 Bruxelles.
Professeur d’histoire à l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar, Ibrahima Thioub est spécialisé dans l’étude de la traite atlantique des esclavages, ainsi que dans la déconstruction des représentations des Noirs. Questionner les représentations des Africains et de leurs diasporas dans notre société, c’est mettre le doigt sur les stéréotypes, sur le racisme, et sur les discriminations héritées notamment du traumatisme de plus de quatre siècles d’esclavage et de colonisation. Un débat plus que jamais d’actualité, et relancé entre autres par le président Sarkozy critiquant sans ambages, en juillet 2007 à Dakar, « l’homme africain immobile » dans un univers où « il n’y a pas de place pour l’idée de progrès ».
Ce discours a provoqué une onde d’indignation et de réponses pour déconstruire le cliché encore coriace d’un continent « sans Histoire ». Cinq historiens français et africains (J-P. Chrétien, J-F. Bayart, A. Mbembe, P. Boilley et I. Thioub) ont ainsi porté un regard croisé sur le « discours de Dakar ». Extrait de la contribution d’Ibrahima Thioub : « Par l’Atlantique, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique partagent une expérience historique de plus de cinq siècles de circulation libre ou forcée des hommes, des idées et des objets avec des conséquences incommensurables sur leur devenir respectif. La dynamique atlantique et les rapports de pouvoir dont elle fut porteuse ont radicalement modifié l’ordre du monde et l’architecture sociale, politique, économique et culturelle des peuples qui l’ont vécue. De générations en générations, les acteurs collectifs et individuels aux prises avec cette dynamique ont construit des discours, des lieux et des objets, patrimoines et mémoires de cette longue et complexe expérience historique. Silencieuses ou bruyantes, convergentes ou conflictuelles, enfouies ou exposées, hypertrophiées ou mutilées, ces mémoires sont les outils par lesquels, à chacune de ses étapes, les différents protagonistes de cette histoire ont tenté d’en rendre la lecture compatible ou favorable à leur préoccupation au présent. La traite des esclaves et les colonisations occupent une épaisseur considérable dans ces constructions mémorielles ». [1].
Entrée gratuite, réservation obligatoire : 02 289 70 54.
[1] Ibrahima Thioub, « L’histoire vue de l’Afrique », in L’Afrique de Sarkozy. Un déni d’histoire, Jean-Pierre Chrétien (dir.), Éd. Karthala, Paris , 2008, p. 155.