Habituellement épinglé comme l’un des pays les plus pauvres de l’hémisphère occidental en dépit de ses importantes richesses naturelles, la Bolivie affiche aujourd’hui l’image d’un Etat engagé dans une dynamique historique de refondation de ses structures économiques, sociales et institutionnelles. Priorités du gouvernement d’Evo Morales : la récupération de la souveraineté nationale, la redistribution sociale des revenus, la reconnaissance de la diversité culturelle et la revalorisation de la démocratie. Elu président de la Bolivie à la majorité absolue en 2005, plébiscité par 67 % de ses concitoyens lors du référendum révocatoire d’août 2008 et peut-être en route pour un deuxième mandat de chef d’Etat, l’ancien militant syndicaliste cocalero, l’indigène aymara Morales incarne d’abord l’aboutissement politique d’un long processus d’organisation populaire généré dans la contestation sociale des années néolibérales.
Evo Morales révèle aussi toute la fragilité, la difficulté et les aléas d’une entreprise ambitieuse de décolonisation des institutions et des pratiques. Trop conciliant ou pragmatique pour les uns, centralisateur ou inefficace pour d’autres, son nationalisme de gauche, son idéal socialiste aux accents indianistes effraie avant tout l’élite blanche des riches régions orientales de la Bolivie, ainsi qu’une certaine communauté internationale. Renégociation des contrats avec les multinationales d’exploitation des hydrocarbures, refonte complète de la Constitution nationale, nouvelles répartitions agraires... la liste des acquis s’allonge. Mais un projet aussi « populaire » peut-il s’inscrire dans la durée ?
La Bolivie d’Evo, démocratique, indianiste et socialiste ?, Points de vue du Sud, Editions Syllepse - Centre Tricontinental >