« La figure d’Ingrid Betancourt est tout à fait intéressante parce que, parmi ses combats en Colombie, elle avait porté avec beaucoup de courage le débat sur la corruption. Elle avait accusé nommément certains hommes politiques corrompus et s’était donc fait beaucoup d’ennemis.
Elle avait rallié le World Green à Canberra en 2001 et avait fait de son parti un membre des écologistes sur le plan mondial. Je pense qu’elle avait vraiment la vision d’un changement et qu’elle avait réfléchi à une transformation du système politique de façon à permettre l’émergence de forces pouvant oeuvrer pour une redistribution sociale plus équitable.
Les écarts de richesse sont vraiment considérables dans de nombreux pays latino-américains tels que le Brésil, le Mexique, l’Argentine et la Colombie, bien entendu.
Dans un pays où plusieurs acteurs ont opté pour la violence et le conflit armé, elle avait fait le choix du changement par la voie politique. Peut-être cela nous semble-t-il normal chez nous, mais dans un pays comme la Colombie, cela implique une prise de risques considérables.
Beaucoup de militants ont été et sont encore régulièrement assassinés, qu’ils soient de gauche ou de droite. Avant son enlèvement, cela a été le cas pour trois candidats présidentiels. Des journalistes, des syndicalistes, des juges sont également menacés.
Je pense qu’il faut beaucoup de courage, de force et de conviction pour privilégier la non-violence et la défense des droits de l’homme dans un tel contexte. Il convient de rendre hommage à ces personnes et donc aussi à Ingrid qui, en plus, est une femme dans un milieu masculin où s’exerce une terrible violence armée. Face à eux, elle ne pouvait pas s’imposer par la force physique, elle a donc choisi de s’imposer par les idées ».
Propos de Marie Nagy recueillis par Milena Merlino
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