10 novembre 2006

Le monde ne manque pas d’eau

Dans son rapport mondial 2006, publié jeudi 9 novembre, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) demande que la communauté internationale reconnaisse le droit fondamental de tout être humain à disposer d’au moins 20 litres d’eau potable par jour, gratuits pour les plus pauvres.

A présent, 1,1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards sont privées d’assainissement adéquat. Chaque année, 1,8 million d’enfants meurent d’infections transmises par l’eau insalubre. Des millions de femmes perdent quotidiennement plusieurs heures à aller chercher l’eau nécessaire à leur famille et les habitants des bidonvilles paient leur eau cinq à dix fois plus cher que les résidents des zones favorisées.

Les Objectifs du Millénaire adoptés en 2000 par les Nations unies prévoient de réduire de moitié, d’ici 2015, le nombre de ceux qui sont privés d’eau potable et d’assainissement. Mais en l’état actuel des politiques gouvernementales et des crédits débloqués, ces objectifs n’ont aucune chance d’être atteints, alors que "le monde ne manque pas d’eau", d’après le PNUD. Ce secteur n’est guère prioritaire dans les dépenses publiques des Etats qui lui consacrent moins de 0,5 % de leur PIB et préfèrent investir ailleurs. Ainsi, le budget militaire du Pakistan représente 47 fois celui de l’eau et de l’assainissement.

Pourtant les études montrent qu’au Pérou, l’accès à des toilettes conventionnelles a réduit la mortalité infantile de 59 % et de 57 % en Egypte. Atteindre les Objectifs du Millénaire sauverait un million d’enfants au cours de la prochaine décennie. Par ailleurs, un meilleur accès à l’eau serait un moyen efficace de protéger les 830 millions de ruraux souffrant de malnutrition et menacés par le réchauffement climatique.

Pour faire des 20 litres d’eau potable quotidienne par personne un droit fondamental, le PNUD demande aux Etats de placer l’eau et l’assainissement en tête de leurs priorités et de leur consacrer au moins 1 % de leur PIB. Cela implique que "les flux de l’aide internationale (soient) pratiquement doublés, c’est-à-dire augmentés de 3,6 à 4 milliards de dollars chaque année", écrivent les auteurs.

Extrait du journal Le Monde