5 juillet 2010

Les associations souffrent de la crise

Un quart des associations belges souffrent des effets de la crise financière et économique qui sévit depuis l’automne 2008 : leurs revenus annuels chutent. Les plus affectées sont les associations du secteur culturel, comme les structures les plus petites.

De nombreuses associations ont d’ailleurs déjà dû prendre des mesures d’économie. Pour 32 % d’entre elles, ces mesures ont touché leur personnel.

Telles sont les principales indications d’une enquête confiée par la Fondation Roi Baudouin à l’institut Ipsos. La Fondation a voulu connaître l’impact de la crise sur un secteur qui vit essentiellement de dons et de subsides, et dans lequel elle-même investit énormément : elle a soutenu près de 1.300 associations en 2009. La Fondation fera de cette enquête un baromètre annuel.

En avril dernier, Ipsos a interrogé 315 responsables d’associations actives dans la recherche médicale, l’enfance, l’environnement, l’humanitaire, la culture et le secteur social. Au total, 29 questions ont été posées à des organisations des trois régions du pays et de différentes tailles, fonctionnant avec des employés et des bénévoles.

Selon la Banque-carrefour pour les Entreprises, il existe 124 mille associations en Belgique, dont 70 mille environ sont actives ; environ 15 mille associations sont des employeurs, le reste travaillant exclusivement avec des bénévoles. Les associations représentent 9.2 % de l’emploi total en Belgique.

L’emploi dans le secteur à profit social a connu une croissance remarquable, en termes d’équivalents-temps plein, entre 1998 et 2008 : il a crû pendant cette période de deux à trois fois plus que l’emploi créé en général. Mais comment la crise allait-elle peser sur cette évolution ?

Une conclusion peut sembler rassurante : quatre associations sur dix ne relèvent pas d’effet particulier de la crise sur leurs rentrées financières et 32% des responsables interrogés disent même avoir constaté une hausse de leurs moyens.

Cette relative stabilité s’explique sans doute en grande partie par l’octroi des subsides publics, qui n’ont diminué à ce jour pour 20% des associations.

Même si le secteur associatif résiste aujourd’hui relativement bien, un impact de la crise à retardement, plus douloureux, est à craindre.

En revanche, pour 20% d’associations, la crise a un impact réellement douloureux. Près d’une association sur cinq déclare en effet une baisse de revenus de plus de 20%, une baisse de subsides publics de même ampleur et se voit donc contrainte de réduire les budgets prévus pour ses missions.

Parmi ces victimes de la crise, c’est certainement la culture qui est la plus touchée. Dans ce secteur, 39% des associations constatent une réduction de subsides qui peut s’élever jusqu’à 40%.

Résultat : 76% des associations ont dû réduire leurs coûts, plus d’une sur trois envisagent d’étaler ses dépenses sur une plus longue période et 37% prévoient de fonctionner avec des budgets réduits dans les mois à venir.

Les plus petites associations, celles qui fonctionnent avec peu de moyens et principalement des bénévoles, ont aussi du mal à résister. Elles ont dû recourir majoritairement (67%) à des licenciements parmi leur personnel et celles qui ne font appel qu’à des bénévoles ont vu leurs revenus globaux baisser de 37%, soit le double de la baisse enregistrée par les associations travaillant avec du personnel salarié.

Une association sur cinq estime que ses revenus vont encore diminuer.

Les associations humanitaires et environnementalistes se portent bien

Un élément assez étonnant : certains secteurs sortent renforcés de la crise, comme l’environnement et l’humanitaire. Une association de défense de l’environnement sur deux a vu ses recettes augmenter, sans doute en raison de l’inquiétude croissante face au réchauffement climatique. Les associations humanitaires ont, de leur côté, bénéficié de la solidarité exprimée à l’occasion du tremblement de terre à Haïti.

Pour faire face aux conséquences de la crise, plus de la moitié des associations ont dû procéder à des réductions de coût :

  • L’annulation des rapports annuels en version papier et l’envoi de mailings postaux remplacés peu à peu par la voie électronique (49% d’entre elles). Pour accroître leurs moyens, les responsables interrogés se laisseraient bien tenter par l’outsourcing de la récolte de fonds et la sensibilisation des personnes qui vont établir leurs testaments.
  • La réduction des budgets de transport (35%)
  • La réduction des dépenses en personnel (32%).

La solution passe le plus souvent par l’élaboration d’un nouveau plan et par son suivi (le choix de quatre associations sur dix) sans que cela implique un « scénario de crise » pour les prochains mois : deux associations sur trois n’en ont pas.

Pour une association, la crise peut-elle être une occasion de réfléchir et d’améliorer son fonctionnement ? Plus de 60% n’en ont aucune idée. Cependant, la réponse est positive pour 61% des associations du secteur culturel et pour 44% en Communauté française (tous secteurs, plus touchées que les associations flamandes).

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