27 août 2008

En attendant les hommes

Dans « En attendant les hommes », un documentaire de 56 minutes, la réalisatrice sénégalaise Katy Lena Ndiaye donne la parole à trois femmes de Oualata, cette ville rouge à l’extrême Est de la Mauritanie qui défie les sables du désert. Dans ce coin perdu, la vie s’écoule comme un long fleuve tranquille. Ici, on ne vit pas scotché au chronomètre. La plupart des hommes sont partis chercher fortune dans les grandes villes du pays ou à l’étranger, laissant les femmes seules avec les enfants et les vieillards.

Ce qui est filmé ici est le quotidien de trois femmes. La première est très taquine, la deuxième s’exprime avec humour et la troisième est de nature plus réservée. Mais toutes trois parlent librement de leurs relations avec leur mari, avec les hommes en général, de leurs déboires, de leurs joies, de leurs déceptions, de la façon dont elles vivent dans cette immensité désertique. Le spectateur est même quelquefois désarçonné par cette liberté de ton dans une société considérée comme misogyne et où la femme donne l’impression de compter pour moins que rien. Pourtant, en décortiquant le discours des trois héroïnes, on devine bien que celui qui domine n’est pas forcément l’homme.

Katy Léna Ndiaye se sert des couleurs des fresques comme des « plans de coupe » pour mieux faire passer le discours des femmes de Oualata qui attendent leurs hommes à l’approche de la fin du mois de Ramadan. La caméra, toujours fixe, donne au spectateur le temps de découvrir l’expression des visages et la beauté du paysage. Les plans, larges ou serrés, insistent sur des détails : des mains qui malaxent l’argile ou qui mélangent les couleurs ; des sourires volés ; des éclats de rires spontanés ; des expressions de visages.

« En attendant les hommes » restitue un univers que l’on a rarement l’occasion de voir sur les écrans africains colonisés par les super productions hollywoodiennes et les téléfilms sud-américains à l’eau de rose.

La réalisatrice

Katy Léna Ndiaye est plus connue comme présentatrice du magazine « Reflets Sud » sur la chaîne francophone TV5 et sur la télévision publique belge RTBF. Cette journaliste sénégalaise, qui vit et travaille à Bruxelles, est aussi une réalisatrice de talent. Dans « Traces, empreintes de femmes », son premier documentaire, elle donne la parole aux femmes d’un village du Burkina Faso, près de la frontière avec le Ghana, qui décorent leurs cases de fresques colorées, réalisées avec leurs mains

Quatre séances, le 4 septembre 2008, à 19h, suivi d’une rencontre avec la réalisatrice ; le 5 septembre, à 16h30 ; le 7 septembre, à 21h30 ; et le 8 septembre, à 16h10, au Cinéma Arenberg, Galerie de la Reine, 26, à 1000 Bruxelles.