12 juin 2006

Une marche en liberté, l’émigration subsaharienne

Jean-Paul Dzokou-Newo quitte le Cameroun pour se rendre en Europe. Il traverse le Nigéria, le Niger, l’Algérie, la Libye, puis, via l’Algérie encore, le Maroc où il tente de passer la barrière de Melilla, chute et se blesse gravement, nécessitant une intervention chirurgicale d’urgence réalisée par les Médecins sans frontières et une immobilisation complète pendant trois mois que lui offre le Père Joseph Lepine, à Oujda, au presbytère de la paroisse Saint-Louis, véritable oasis humanitaire pour de nombreux exilés. Soirs après soirs, en discutant avec Jean-Paul, le père Joseph lui fait raconter son histoire et rédige ce long récit épique et souvent dramatique ; un témoignage d’une rare précision sur la vie et les évènements quotidiens que subissent les exilés, déshumanisés tout au long de leur marche en liberté et qui, souvent, résistent à cette déshumanisation grâce la foi. Ce sort est celui de milliers d’exilés d’Afrique subsaharienne poussés par les guerres, les persécutions, les dictatures, les génocides, les affrontements ethniques ou religieux, les dysfonctionnements étatiques, les influences internationales, la misère économique… à fuir loin de leurs pays pour survivre, trouver refuge, aider leurs proches, étudier ou simplement voir le monde. Mais leur éventuel malheur initial se double aujourd’hui d’un autre dont tous sont victimes : une assignation à résidence prononcée par l’Europe devenue xénophobe, obnubilée par des phantasmes de submersion migratoire. Jean-Paul en subit les conséquences au jour le jour sans bien identifier l’origine politique de ce phénomène. En postface, Jerôme Valluy, retrace la genèse historique et géopolitique de cet enfer européen qu’a traversé Jean-Paul Dzokou-Newo en Afrique.

Joseph Lepine, prêtre de la Paroisse Saint-Louis à Oujda, au Maroc, a recueilli le récit de Jean-Paul Dzokou-Newo, exilé camerounais en transit au Maroc, de mars à avril 2005, durant sa convalescence après son accident sur la barrière de Melilla. Depuis son départ d’Oujda, il n’a pas, à ce jour, repris contact ni donné signe de vie.

Les droits d’auteur de Une traversé en liberté (Maisonneuve & Larose) versés à Joseph Lepine ainsi que les dons qui pourraient lui être faits (lepine_ma@hotmail.com, paroisse St Louis, 11 rue d’Acila, 60000 Oujda, Maroc), seront consacrés à aider les exilés subsahariens.