Depuis le mois d’avril et l’annonce du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat contre la volonté populaire, le Burundi, petit Etat enclavé de l’Est africain situé dans la région des Grands Lacs, vit des heures sombres, miné par une instabilité qui menace de provoquer un déchaînement de violences incontrôlable.
Dans ce contexte, l’assassinat, dimanche 2 aout 2015 à Bujumbura, du général Adolphe Nshimirimana – pilier du régime et bras droit officieux du chef de l’Etat – laisse augurer le pire. Pour le Kongo Times, il s’agit d’un crime d’Etat. Reste à savoir qui l’a commandité : des membres de l’armée, comme l’affirme une Franco-Burundaise sous couvert d’anonymat, ou... Pierre Nkurunziza lui-même, pour ne pas être redevable à un homme qui, pourtant, l’a sauvé du naufrage...
Dans un souci d’apaisement, l’Union africaine et l’Union européenne ont appelé les parties en présence à la retenue et au dialogue afin de prévenir toute escalade, note Afrik.com. Mais la mort de l’ancien chef d’état-major, l’une des personnalités les plus puissantes, les plus riches et les plus redoutées du pays, représente un coup dur pour le président, moins de deux semaines après sa réélection (avec
69 % des suffrages), souligne la BBC, citant un expert.
Et maintenant ? Après la tentative d’assassinat, lundi soir, de Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits de l’homme très respecté par la société civile, le quotidien algérien Liberté, qui décrit un Burundi sur le fil du rasoir, craint que la répression orchestrée contre les détracteurs du pouvoir ne s’accentue, provoquant en retour une radicalisation accrue des détracteurs de Pierre Nkurunziza. Une angoisse partagée par le New Times rwandais, qui évoque des temps d’incertitude et de peur.
Extrait du Monde