19 juin 2015

Les migrants dépensent un milliard par an pour tenter d’atteindre l’Europe, qui dépense tout autant à essayer de l’éviter

Les migrants dépensent plus de un milliard d’euros par an pour atteindre l’Europe. Les autorités européennes paient un montant similaire pour tenter de l’éviter. Quelques entreprises européennes tirent grassement profit de la situation. Le business liée à l’immigration est cruel et très lucratif.

En août 2013, un groupe de 15 journalistes européens a lancé The Migrants Files dans le but d’obtenir et de présenter des données complètes et fiables sur les décès de migrants cherchant à entrer en Europe.

Cette fois-ci, l’équipe de The Migrants files suit les flux d’argent, des fonds qui circulent dans les mains publiques et privées que l’Europe a du mal à contenir le flot de migrants à ses frontières.

Les frontières européennes sont sous surveillance constante avec la technologie militaire développée par des entreprises privées financés par des subventions de l’Union européenne. L’analyse d’une quarantaine de projets de recherche et de développement financés par l’Europe et l’Agence spatiale européenne de 2002 à 2013 montre que les grands fabricants d’armes européens —Airbus, Finmeccanica et Thales Group— profitent bien de cette manne.

Alors que l’Agence de la sécurité des frontières européennes, Frontex, a déjà englouti près d’un milliard d’euros, les pays de la Méditerranée ont dépensé au moins une somme supplémentaire de 70 millions d’euros pour acquérir des bateaux, des équipements de vision nocturne, des drones et autres matériels pour la poursuite de surveillance des frontières.

Entretenir les murs qui entourent les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla coûte près de 10 millions d’euros par an, tandis que le dispositif fermant le passage à la Grèce a coûté aux contribuables grecs de plus de 7 millions d’euros. Depuis 2011, les contribuables italiens payent plus de 17 millions d’euros aux autorités libyennes pour les bateaux, des formations et des lunettes de vision de nuit pour le but explicite de réfugiés de suivi et des migrants.

Le coût le plus important associé à la politique de contention de l’immigration n’a jamais été évalué : depuis 2000, les 28 Etats membres ainsi que la Norvège, la Suisse et l’Islande ont expulsé ou renvoyé plus de 3,2 millions de personnes à un coût d’au moins 12,6 milliards d’euros. The Migrants files arrive à la conclusion que les pays européens ont dépensé en moyenne 4 mille euros pour expulser une personne, la moitié de ce coût allant dans les transports. Au total, le coût des déportations en Europe est proche d’un milliard d’euros par an.

Selon l’agence des réfugiés des Nations Unies, HCR, 600 mille personnes ont demandé l’asile en Europe en 2014. Depuis 2000 les migrants et réfugiés auraient dépensés près de 17 milliards d’euros pour pouvoir tenter d’atteindre l’Europe.

De janvier à la fin de mai 2015, plus de 100 mille migrants ont traversé la Méditerranée et 1865 se sont noyés, selon l’Office international des migrations. Ils seraient près d’1,2 millions d’entre eux à entrer en Europe depuis l’année 2000.

Extrait de The Migrants files : Follow the money

Illustration de Xavier Gorce