6 février 2017

Réponse de la présidente du groupe de travail ECMS d’Acodev en termes de compléments d’information

La lecture de l’article d’Antonio de la Fuente (d’ITECO) à propos du nouveau référentiel sur l’Education à la citoyenneté mondiale et solidaire d’Acodev nécessite peut-être un complément d’information.

Ce complément ne porte pas sur le constat, à savoir que l’ECMS reste un champ difficile à appréhender et à circonscrire d’une part, et que les ONG ne travaillent pas assez avec des publics précaires et racisés d’autre part. En effet ce constat est largement connu et documenté (notamment par ITECO) et on ne peut qu’y adhérer (tout en veillant néanmoins à ne pas négliger le travail de plus en plus important fait par plusieurs ONG avec des publics très divers).

Le premier complément porte sur le processus qui a mené à la rédaction du référentiel, dont rien n’est dit dans l’article. Or, comme on aime le dire dans le secteur, la qualité se trouve dans le processus, et pas (que) dans le résultat ! Le référentiel est co-écrit (encore l’usage de la particule « co ») par 35 ONG, dont 20 de façon soutenue, ce qui fût notamment le cas d’ITECO qui y a contribué activement. 20 ONG qui ont leur vision du monde spécifique, et qui définissent leurs missions et stratégies propres par ailleurs. Il s’agit donc de décliner collectivement 20 visions d’un métier, et 20 langages différents pour en parler. Cela reste consensuel (c’est-à-dire le fruit d’un consensus) ? C’est en tout cas le fruit d’un processus démocratique visant à faire dialoguer et évoluer le secteur avec tous ses acteurs, ce qu’on se doit de souligner.

L’autre complément porte sur les évolutions (sans doutes insuffisantes…) opérées entre l’ancien référentiel, et le nouveau. On notera par exemple l’amplification des missions de mobilisation et de plaidoyer dans la nouvelle formulation (montrées comme intrinsèquement liées à la mission plus « strictement » éducative). Mais aussi et surtout il est pertinent de souligner que le nouveau référentiel (rédigé 11 ans après le précédent) a tenté d’expliciter que l’ECMS n’est pas une pratique désincarnée, qu’elle est une pratique qui prend sa source dans des rapports de domination persistants et qui vise (parmi d’autres pratiques) à lutter contre un système d’exploitation, de contrôle, d’aliénation et de concentration du pouvoir. Ce passage d’une lecture de notre métier comme désincarné à sa compréhension comme outil de lutte et de résistance mérite sans doute d’être mentionné.

Ceci étant dit, continuons à critiquer, analyser, et faire évoluer nos pratiques, avec ITECO et tous les autres… le chemin est devant nous !

Séverine de Laveleye, présidente du groupe de travail ECMS d’Acodev.