Assemblée générale d’ITECO du 27 février 2018 sur la création d’un label associatif



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Un label associatif ?

Mardi 27 février, c’était journée de grève et de ce fait le centre de Bruxelles particulièrement encombrée en fin d’après midi. Nous n’étions pas nombreux à l’AG d’ITECO pour parler de la création d’un label associatif. La discussion néanmoins fut vive et intéressante.



Seydou Sarr, président d’ITECO, a ouvert l’AG en rappelant que l’expérience que Cecilia Díaz allait partager se trouve dans un article publié dans l’avant dernier numéro d’Antipodes, consacré à la bureaucratisation et marchandisation.



Cecilia Díaz, de Frères des hommes, a présenté ensuite le système participatif de garantie (SPG), certification collective d’un produit en termes de qualité et notamment l’expérience bolivienne du SPG pour certains produits agricoles. Le SPG est né en Europe mais c’est dans d’autres pays, notamment en Bolivie, qu’il s’est enraciné.



Ce sont les producteurs et les consommateurs qui définissent les critères et contrôlent la qualité d’un produit (SPG). La question qui se pose alors est de savoir comment définir de manière participative les critères de qualité d’un produit en intégrant les avis des acteurs concernés.

Dans l’histoire du SPG, l’industrie a poussé peu à peu pour que ce soient des tiers qui définissent les critères de qualité écologiquement acceptables. Le SPG a été progressivement institutionnalisé et le lien entre consommateurs et producteurs a fini par se casser. La délégation totale de la certification à des entreprises privées est suivie par des prix prohibitifs pour de nombreux agriculteurs —de l’ordre des 3 mille euros par hectare.



Le SPG a été perçu comme un outil intéressant par les agriculteurs des pays du Sud car il permet aux producteurs d’accéder à une certification de qualité et à moindre coût. En Bolivie, une loi a été votée qui reconnaît que le SPG est un système valable de certification. Les communes ont également un rôle central dans la mise en place la certification. Mais le risque que le système soit institutionnalisé comme en Europe existe néanmoins.



Comment pourrait-on s’inspirer de l’expérience bolivienne du SPG pour la certification de qualité des ONG en Belgique ? Pour l’administration belge aujourd’hui, il semble que la coopération soit vue de la manière suivante. Il n’existerait que deux voies principales de faire la coopération : soit par des collectifs de citoyens bénévoles qui essayent de mettre en place des actions ponctuelles de coopération ; soit par de grosses structures (des sortes « d’entreprises professionnelles ») de coopération au développement.

Entre les deux extrêmes (bénévoles et entreprises), y a-t-il une force pour proposer une troisième voie à travers un système de certification analogue au SPG bolivien ?





En conclusion

En tenant compte du fait que la question de la bureaucratisation et marchandisation est l’objet d’une recherche-action en cours à ITECO, les membres de l’AG présents se sont montrés favorables à l’idée d’intégrer le comité de pilotage qui travaillerait dans le but de trouver et de créer des critères de certification propres aux ONG.

Réactions et débat animé par Julia Petri

— D’une part il y a des organisations qui produisent des formations, des apprenants-consommateurs et des consommateurs. Mais où sont « les consommateurs » de ces produits de formation ? Il n’y a plus grand monde pour acheter ces produits de consommation (les formations). D’autre part, faudrait-il créer une association qui s’occuperait de certifier la qualité de ces formations-produits ?



— La certification a du sens pour certains produits. Mais est-ce qu’une certification a du sens pour l’éducation au développement ? Il y a des formations qui trouvent leur public, d’autres moins. Faut-il chercher à les faire certifier ?



— Qui paierait cette certification ? C’est certainement à l’Etat de payer, comme dans le cas de l’éducation permanente où des personnes élues par leurs pairs se réunissent pour évaluer les projets. Sans ce coup de main de l’Etat, on n’y arrivera pas.



— Un enjeu à court et à moyen terme : la certification des ONG a été faite par une entreprise extérieure aux ONG —Deloitte en l’occurrence. Ce système va chercher à se maintenir. Si nous, ONG, nous restons uniquement dans une position de plainte, c’est encore des acteurs privés qui reprendront ce marché. C’est difficile de s’y opposer mais il y a sans doute moyen de le contrer en partie en proposant des réinterprétations de certains critères utilisés par la DGD.



— Dans chaque pays il y a des politiques. Les ONG sont obligées de tenir compte de ces politiques et d’y intégrer le point de vue de l’Etat. On doit également tenir compte du pouvoir des multinationales dans ces champs d’activités. C’est le cas en Centrafrique avec l’huile de palme.



— Une chose n’exclut pas l’autre. Exemple de la Bolivie avec le café qui part à l’exportation et qui se fait certifier par des entreprises privées (tierces parties). Mais, à côté de cette certification tierce partie, il y a de la place pour une certification qui ne coûte rien au consommateur et au producteur, où les produits sont principalement consommés localement. C’est le SPG. Concernant les ONG, il y a de la place pour une certification organisée par les ONG elles-mêmes afin de s’affirmer en tant qu’acteurs de changement.



— On ne peut pas créer des espaces de formation à tort et à travers. Cela doit passer par une certification. On a besoin de définir les critères de qualité afin de ne pas compromettre la qualité des produits.



— C’est important de travailler en confiance entre partenaires. Pas besoin d’avoir une tierce partie pour certifier les actions. Comment va-t-on définir la qualité ? La définition de la qualité est éminemment politique. Je ne vois pas comment on va se mettre d’accord avec d’autres ONG sur une définition commune de la qualité, car on sait qu’il y a des orientations politiques très divergentes entre ONG.



— La compétition entre ONG est effectivement un obstacle majeur. C’est en effet l’Etat qui définit la qualité pour les activités qu’il finance. Mais qui vérifie que ces critères soient bien respectés ? Les ONG doivent pouvoir s’opposer à l’intégration de tiers acteurs dans cette vérification. L’enjeu prochain c’est également l’éducation permanente. Et c’est également vrai pour des activités ponctuelles.



— Est-ce que nous voulons créer des associations qui proposent des actions qui mettent les gens au travail ? Qu’est-ce que nous voulons produire ? C’est aussi ça le démantèlement de l’Etat. En proposant une certification faite par les ONG elles-mêmes, ne contribuons nous pas à renforcer cette logique-là ? Et enfin comment l’évaluation externe contribue-t-elle à la dépossession du sens de nos actions ? Nous avons le sentiment de nous courber de plus en plus. Quelles sont les questions qu’on peut mettre en place pour repolitiser le débat ?



— L’éducation au développement malheureusement va évoluer de la manière envisagée par la DGD. Il faudrait arriver à proposer des critères alternatifs qui baliseraient d’autres manières de la concevoir et de la pratiquer.

— Il y a deux directions de lutte ou revendication. Une serait favorable à une certification participative parce qu’on est dans une société qui a besoin de médiations, de certifications. L’autre serait favorable à dénoncer n’importe quel système de certification. Que veut-on en tant qu’ONG ?



— Il faut défendre une certification par les pairs sur les finalités et non sur les moyens. Mettons-nous d’accord sur ce qu’on veut atteindre et définissons des critères qui s’y rapportent.



— Quel est le problème que nous cherchons à résoudre ?



— Dans deux ans, il y aura une deuxième couche de « screenisation ». D’ici-là qu’est-ce qu’on fait ? Il faut pouvoir être capables de proposer une alternative au système public-privé de la DGD. Le risque est aussi que d’autres pouvoir subsidiants (notamment la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’éducation permanente) prennent la certification DGD (screening) comme exemple à suivre. Une piste serait de proposer à l’Etat une certification négociée avec d’autres acteurs et ONG qui partagent ces mêmes constats.

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