Peut-on compter sur les Africains ?

Mise en ligne: 29 janvier 2013

Donner du poisson ou apprendre à pêcher ?
Quand on pense aux services rendus par les colonies au profit des métropoles,
on se demande s’il est juste de dire que l’Africain a besoin qu’on lui apprenne
à travailler..., par Pie Tshibanda

Ils sont légion, d’ici ou
d’ailleurs, les hommes qui dans
leurs relations avec les autres
savent qu’il n’y a pas en ce bas
monde des hommes plus hommes
que leurs contemporains.
Antoine de Saint Exupery a dit
quelque part qu’être homme
c’est avoir honte d’une situation
malheureuse même si elle
ne semble pas dépendre de soi.

Lorsqu’on entend parler d’Afrique,
cette Afrique noire qui serait
mal partie, l’on ne peut
s’empêcher d’éprouver de
l’amertume devant des affirmations
sans nuances de la part
de ceux qui voient tout d’un
point de vue aérien, oubliant ce
constat d’un sage qui a dit
qu’« il y a des choses qu’on ne
peut voir qu’avec des yeux qui
ont pleuré ». Faut-il alors
s’étonner que des initiatives en
matière de développement se
soldent par des échecs ? Qu’ils
soient si nombreux, ceux qui
partant d’une incapacité congénitale
supposée du partenaire
rêvent d’une recolonisation de
l’Afrique ?

Fort heureusement, l’Afrique
noire compte aussi dans le
monde des vrais amis ; ceux
qui, préoccupés par le devenir
du Sud, se posent la question de
savoir s’il y a, parmi les partenaires
du tiers monde, des hommes
sur lesquels l’on peut
compter. L’on a beau perfectionner
le robot, le facteur humain
demeure incontournable,
surtout lorsqu’il s’agit du développement
des pays jeunes.

Notre objectif est des participer
au débat, non à partir des analyses
savantes mais en partant
des expériences menées par des
hommes simples. Ceux qui ont
mis la main à la pâte au point de
compter à leur actif des années
de travail au profit de leurs frères.
Leur vie répond à la recommandation
de cet autre sage qui
a dit qu’« à défaut d’être une
étoile qui trône au firmament,
l’on peut être une lanterne qui
brille dans le coin d’une case ».
Plus que la prétendue absence
de collaborateurs valables au
Sud, c’est l’ignorance délibérée
des facteurs motivationnels
dans le travail ainsi que l’injustice
dans la répartition des produits
du travail qui expliquerait
tant d’échecs dans le partenariat
Nord-Sud.

Telle est l’hypothèse que nous
entendons vérifier en essayant
de répondre à deux questions
précises :
— Qu’est-ce qui se fait de bon
en Afrique noire ?
— Pourquoi l’action des hommes
de bonne volonté paraît-elle
à la fois insignifiante et
éphémère ?

Si après lecture de ce texte l’un
ou l’autre pouvait remettre en
question ses clichés sur les Africains,
ce serait un préalable pour
une coopération Nord-Sud efficace.

Loin de nous l’idée de vouloir
encenser les vivants, plus loin
encore celle de prétendre que
ceux que nous citons sont les
meilleurs. De même qu’il y a
des saints dont les noms ne figureront
jamais au calendrier,
il y aura toujours sur cette terre
des hommes suffisamment
modestes pour laisser en ce bas
monde des œuvres de valeur
sans se préoccuper d’en réclamer
les palmes. Nous citerons
des gens simples justement pour
prouver qu’il suffit de très peu
pour faire des heureux autour
de soi.

Sur les traces du Père Damien

Il est révolu le temps où les
lépreux, considérés comme des
possédés, étaient condamnés à
la quarantaine sur l’île de
Molokai. L’attitude des sains
vis-à-vis de ces malades n’a
pas beaucoup évolué. L’étrangeté
du mal, les séquelles indélébiles,
les plaies incurables...
Autant de symptômes qui ne
peuvent que renforcer l’aversion.
Comment s’étonner alors
que les léproseries manquent
de personnel soignant ? Fort
heureusement, il y a encore dans
le monde des amis du Père Damien
pour témoigner par l’action
de la présence d’un sentiment
de compassion, d’humanité,
qui fait la fierté du genre
humain.

A la léproserie de Kapolowemission,
au Congo, un jeune
infirmier, Monsieur Ntita, travaille
avec dévouement pour
un salaire mensuel ne dépassant
pas mille francs belges.
Après un an de service, l’occasion
se présente à lui d’aller
travailler à la compagnie minière
de l’État, la Gecamines.
Une occasion unique pour une
ascension sociale certaine. Il se
trouve devant un cas de conscience
au regard des lépreux
qui semblent lui dire : « Toi
aussi tu vas nous quitter ! » Ntita
hésite, il en parle à un aîné qui
lui rétorque : « Pourquoi as-tu
étudié ? Pour gagner de l’argent
ou pour rendre service ? ».

L’infirmier renonce à la perche
que lui tend l’entreprise, c’est
la fête au quartier des lépreux.
Trois ans plus tard, avec l’aide
du Rotary club, Monsieur Ntita
fait en France un graduat en
anesthésie. Ses amis français se
demandent si ses études profiteront
un jour aux lépreux de
Kapolowe.

Surprise heureuse, Ntita rentre
au Congo, à Kapolowe, chez
les lépreux. Ces derniers lui réservent
un accueil chaleureux.
Pour l’encourager, ses amis
français lui garantissent, de la
France, un salaire convenable.
Au moins, ils savent où va leur
argent et pourquoi. Ce salaire
permettra à Ntita de se mettre à
l’abri le jour où le système rappellera
hélas ! aux Katangais
que Ntita est un Kasaïan, un de
ces « juifs du Zaïre » qui ne
doit pas échapper à l’épuration
ethnique. Ntita travaille
aujourd’hui à Kinshasa, loin des
lépreux qu’il aurait voulu continuer
à soigner. C’est peut-être
là la voie du destin, une expérience
qui confirme la thèse
selon laquelle le système n’est
pas toujours favorable à l’action
des hommes de bien.

Katy, assistante sociale

Vingt-cinq ans, cheveux défrisés,
teint clair, souriante et
belle...

Katy est une jeune fille du Katanga,
professeur de religion
dans une école de la Katuba.
Connue pour son dévouement
à la cause des jeunes, un prêtre
salésien lui demande d’accepter
chez elle des « filles de rue ».
Il s’agit de les soustraire à la
délinquance. Les désagréments
que pareil engagement pourraient
avoir pour sa vie et son
avenir ne la découragent pas.
Sauver les filles de la prostitution
lui semble prioritaire.

Aujourd’hui, Katy vit avec huit
de ces filles ; elle les aide dans
leur scolarité, recherche leurs
familles et tente la réinsertion.
La nourriture et les équipements
viennent des hommes de bonne
volonté via les religieux. Katy
n’est pas payée pour ce travail,
elle n’a même pas un vélo pour
se déplacer. Sous d’autres cieux
son emploi du temps répond à
un statut officiel avec une rémunération
en rapport avec l’effort
fourni.

A Lubumbashi, près de six cents
enfants des rues prennent un
repas de fortune chaque dimanche
à la cité des jeunes. Cent
cinquante d’entre eux ont le
statut d’interne à Magone. L’encadrement
de ces enfants se fait
avec le concours de bénévoles
anonymes.

A l’instar de Katy, dans la parcelle
voisine, Odette vit la même
expérience. Elle a vingt-trois
ans, elle cherche à donner un
sens à sa vie... Sept filles vivent
avec elle.

Lorsqu’on arrive chez Odette,
comme chez Katy, on a envie
de chanter « Je n’ai ni argent, ni
or, mais ce que j’ai, je te le
donne... ». Le sourire avec lequel
elles savent accueillir est
un baume suffisant pour soigner
les plaies des mal aimés.
Le Père Mario débordé de travail
à la maison Magone et qui
a la charge de plus ou moins
cent cinquante enfants, sait qu’à
Kadungani, Odette et Katy
méritent confiance.

Le parcours d’un écrivain

La quarantaine passée... Aussi
loin que peuvent remonter ses
souvenirs dans le temps, il se
voit, à l’âge de treize ans, tenant
un brancard sur lequel reposait
le corps sans vie d’une
veuve venue mourir à la mission, accusée de sorcellerie par
ses proches.

Son grand-père, catéchiste du
village, entonnait l’« Ave Maria
 » que reprenaient en cœur
d’autres vieillards, d’une voix
suffisamment haute pour être
remarquée, question de se rassurer
que, le jour venu, les survivants
s’occuperont de leurs
obsèques.

La souffrance côtoyée tôt fera
germer en lui une sensibilité à
la souffrance des autres et fera
de lui un écrivain aux œuvres
tristes, avec des titres aussi évocateurs
que « Femmes libres,
femmes enchaînées », « Un
cauchemar », « Train de malheurs
 », « Je ne suis pas un sorcier
 ». Une façon d’être à sa
manière « la voix des sans
voix » avec ce que cela comporte
de risques, dans des pays
où régner est un objectif.

Dans son curriculum vitae, dix
ans d’enseignement dans une
école de brousse avec un salaire
mensuel inférieur à mille
frans belges. Le jour où Monsieur
l’abbé Vuylsteke lui avait
demandé d’aller en brousse,
alors qu’il travaillait déjà en
ville, il avait accepté avec l’idée
d’y consacrer deux années de
sa jeunesse. Et comme les années
passent vite, il a passé dix
ans dans la brousse du Katanga.

Pendant les sept dernières années,
il a été évaluateur à la
Gecamines, avec un horaire
chargé mais qui ne l’a pas empêché
d’être psy à ses heures
perdues. Les jeunes, les couples
en détresse, les enfants de
la rue trouvaient chez lui une
oreille attentive. Et comment,
lorsqu’on a écouté, ne pas
éprouver un sentiment de révolte
et un besoin de l’exprimer
 ? Comment résister aux
regards de ses frères qui semblent
lui dire : « Va de l’avant,
parle en notre nom. Il faut que
le monde sache qu’il y a en
Afrique des gens qui travaillent
mais qui ne sont pas payés
comme des hommes... ».

Parler au nom des hommes qui
ne peuvent pas parler, c’est le
rôle d’un écrivain en Afrique.
Se dérober d’une mission aussi
noble, c’est trahir ses frères.

A Lubumbashi

Le dynamisme des jeunes dans
la ville de Lubumbashi se traduit
par l’organisation d‘activités
d’intérêt commun.

Les paroisses, les maisons de
jeunes, les écoles, accueillent
ainsi des conférenciers invités
par les jeunes eux-mêmes. Des
sujets aussi délicats que démocratie,
sorcellerie ou sexualité
sont traités avec compétence
par des intellectuels bénévoles.

Au quartier Belair, un groupe
s’organise pour ouvrir une école
qui s’occuperait des enfants dits
anormaux. Pour remédier à la
baisse de niveau dans l’enseignement
officiel, des professeurs
organisent des cours dans
des centres de préparation aux
examens d’État.

A la Katuba, les sœurs de Sainte
Ursule encouragent les gens à
cultiver dans la périphérie de la
ville, à faire des recherches sur
les soins de santé par les plantes...
Tant de bonnes choses,
tant de bonne volonté, mais
comment canaliser tous ces efforts
 ? C’est là que les Africains
dénoncent ceux des leurs
qui les exploitent avec la complicité
des grands de ce monde.

Qui peut prétendre que la médecine
dans son évolution n’a
pas profité d’une façon ou d’une
autre des connaissances des
vieux guérisseurs du tiers-monde ?

Quel profit l’Afrique tire-t-elle
des médicaments fabriqués à
partir des plantes dont elle a
fourni le secret ? Dans les mines
du Katanga et du Kasaï des
travailleurs courageux se dépensent
nuit et jour pour une
production qui profite plus à
d’autres qu’à eux-mêmes.

Et lorsque dans une ville comme
Lubumbashi, l’enseignement
sera atteint par la crise il y a
aura un Tshishimbi pour créer
le complexe scolaire « Les élites
 », un frère Gaetano pour
construire Bakanja et des hommes
de bien dans le monde pour
parrainer les élèves.

A ce stade de notre réflexion,
nous pouvons affirmer sans
crainte d’être contredit qu’il y a
en Afrique des gens qui nagent
à contre-courant, ils s’oublient
au point de ne trouver leur bonheur
que dans le service rendu
aux autres. Des Africains sur
qui compter ? Il y en a et ils
sont nombreux mais pour le
voir il faut une neutralité du
regard, une liberté de la pensée
et de l’honnêteté intellectuelle.
Mais pourquoi ces hommes de
bonne volonté ne font-ils pas le
poids dans la balance ? Pourquoi
cette impression de chaos
lorsqu’il s’agit de l’Afrique ?
C’est à cette inquiétude que
nous allons essayer de répondre.

Une goutte d’eau dans la mer ?

Dans des colloques où figure
à l’ordre du jour l’aide au développement,
certains considèrent
les Africains comme des pauvres
à la main tendue. Ils se
demandent s’ils doivent continuer
à donner du poisson à leurs
partenaires ou leur apprendre à
pêcher. Lorsqu’on pense au travail
des Africains aux États-Unis,
aux services rendus par
les colonies au profit des métropoles,
on se demande s’il est
juste de dire que l’Africain a
besoin qu’on lui apprenne à travailler...
Cet Africain qui
aujourd’hui encore alimente par
sa production les industries de
transformation dans l’ancienne
métropole. Pourquoi ne pas s’attarder
un instant sur son salaire
et sa production ?

Tout travail mérite salaire, c’est
une évidence, et la rémunération
est fonction du rendement,
des risques, des conditions de
travail... A travail égal, salaire
égal, dit-on. Ce slogan que l’on
clame dans tous les syndicats,
semble ne pas concerner l’Africain.
Ainsi donc le médecin
européen touchera dans un hôpital
en Afrique vingt fois plus
que son collègue africain pour
un même rendement, un même
diplôme.

Tant que ce genre d’injustice
sera justifié, il ne faudra pas
s’étonner de voir baisser le rendement de l’Africain.

Evoquons ici le souvenir de
Renaud Pare venu de son Canada
lointain pour donner cours
à l’Institut de Tshilomba au
Congo.

Le jour de paie était son plus
mauvais jour. Il ne voyait pas
pourquoi son salaire devait être
supérieur à celui de son collègue.
On avait beau arguer qu’il
était coopérant, que son contrat
était différent... Renaud Paré
ne trouva la paix du cœur que le
jour où son employeur accepta
de l’aligner sur le même barème
salarial que les Africains.

Si les médecins congolais sont
appréciés en Afrique du Sud et
en Zambie, c’est parce qu’ils
sont motivés. Oublier cette réalité
lorsqu’on juge les Africains,
c’est refuser de se remettre en
question.

La répartition du produit du travail

Les relations entre les peuples
font que le travail de chacun
d’entre nous ne constitue
qu’une simple opération d’une
activité planétaire.

Ainsi donc une chemise cousue
en Europe est faite du coton
importé d’Afrique, le riz qu’on
trouverait à la table d’un Américain
vient peut-être de l’Asie.
Nous ne parlons pas de l’uranium
ou du cobalt du Katanga
qui termine sa course loin de
l’Afrique.

Le café que l’on achète à 300 FB
le kilo à Bruxelles a été acheté
au planteur africain à 3 FB le
kilo. De tous ceux qui ont fait
que le café arrive à la table du
consommateur, c’est le planteur
africain qui a touché le
moins. Lorsque l’Africain livre
son cuivre à l’Occident, le prix
lui est imposé, le jour où on lui
retournera les produits manufacturés
il devra de nouveau
s’enquérir du prix ! C’est ce qui
s’appelle « n’avoir rien à dire »
au moment où les autres ont
tout à dire.

Faut-il accepter qu’un docker
sur la côte africaine touche cent
fois moins qu’un débardeur
dans le port d’Anvers ? Pourquoi
s’étonner que la descendance
du premier meure de
kwashiorkor au moment où
l’autre passe des vacances sur
les plages de Tahiti ?

L’on peut comprendre l’attitude
de l’abbé Vuylsteke, ce
prêtre aujourd’hui « apatride »
parce qu’il n’a pu composer ni
avec l’Europe, ni avec l’ex-
Zaïre. Il avait tendance à arracher
à l’Europe pour nourrir les
orphelins d’Afrique, il ne pouvait
pas non plus ne pas se mêler
de ce qui regarde César dans
des pays où l’Africain est amené
à devenir un loup pour son propre
frère. Ce genre de Belges, le
ex-Zaïre en a compté. Quand
ils reviennent en Europe, leur
cœur reste en Afrique. Sa maison
était un arbre à l’ombre
duquel les petits pouvaient
s’abriter.

Le problème de l’Afrique c’est
aussi celui d’une juste répartition
des revenus du travail.

Le mal fait sensation, le bien
passe inaperçu. Que l’image
d’une Afrique chaotique ait plus
de prégnance que celle d’un
continent où les gens de bonne
volonté font de leur mieux pour
survivre et aller de l’avant, ce
n’est pas surprenant. Nous devrions
cependant avoir l’honnêteté
intellectuelle de reconnaître
les mérites de ceux dont
le souci des autres passe avant
les intérêts individuels. C’est
sans doute aussi grâce à leur
esprit de sacrifice que les peuples
d’Afrique réussissent à
survivre et à garder espoir dans
des situations qui à d’autres
auraient inspiré des idées noires.

Des Ntita, des Katy et des
Vuylsteke... il y en a en Afrique.
Ignorer qu’ils ont besoin
d’un minimum vital, qu’ils ont
un avenir qui mérite d’être assuré
et qu’ils devraient évoluer
dans des conditions de travail
nécessitant un minimum de
confort, c’est condamner au découragement
des gens qui ne
demandent pas mieux que de
rendre service. Se préoccupe
du sort de l’Afrique celui qui a
le souci d’une justice distributive,
d’une rémunération en rapport
avec le rendement.

Lorsqu’en Europe des hommes
valides vont à la retraite parce
qu’il faut laisser aux jeunes les
postes de travail, en Afrique
des malades font la queue devant
des cabinets de médecins
débordés de travail ! Comment,
devant ce genre de contradictions
ne pas rêver à une nouvelle
forme de coopération
Nord-Sud ? Une coopération
qui pour avoir des chances de
réussite exigerait, comme préalable, qu’il y ait au Sud un peu
plus de démocratie et d’objectivité
dans les prises de position
et au Nord plus d’honnêteté et
de respect des autres dans ce
qu’ils ont de différent.

Délocaliser des entreprises pour
faire au Nord des chômeurs et
au Sud des esclaves, c‘est bâtir
des œuvres éphémères. Ne devraient
être fiers de ce qu’ils
ont fait sur cette terre que ceux
dont les oeuvres leur survivent.
Comment y arriver si d’emblée
on se croit meilleur au point de
condamner les autres ?

Que ceux qui s’intéressent à
l’Afrique apprennent à se méfier
de ceux qui sont des loups
pour leurs propres frères et
qu’ils tissent des relations
d’homme à homme avec les
hommes de bonne volonté. Ces
derniers sont facilement
reconnaissables : leur curriculum
vitae
pèse plus par ce qu’ils
ont fait comme travail en Afrique
que par leurs diplômes.

En ce moment où le monde est
en train de devenir un village,
l’heure a sonné pour les citoyens
du monde de repenser l’interdépendance
des uns et des autres
pour que le bien l’emporte sur
le mal.

C’est un défi pour l’avenir et
nous croyons qu’il y aura des
gens au Nord et au Sud pour le
relever. Et lorsque, malgré tout,
certaines situations inciteront
au découragement, l’on se souviendra
du droit à l’erreur et
l’on repartira sur des bases nouvelles.

Publié dans Antipodes n° 139, décembre 1997.