Des acteurs du Sud voudraient renforcer leurs compétences avec leurs homologues du Nord, par Maïté Verheylewegen
Dans l’analyse des besoins en formation pour les personnes impliquées dans des projets de développement menés dans les pays du Sud, nous avons distingué différents axes dans lesquels ils peuvent s’inscrire.
Tout d’abord, nous repérons des besoins centrés sur la maîtrise des méthodes : la gestion axée sur les résultats, des méthodes de planification participative, la systématisation d’expériences, entre autres. Ensuite, ont été mis en évidence le besoin d’outils et leur maîtrise : le cadre logique, des outils de suivi et d’évaluation participative, la formulation d’indicateurs, entre autres.
Ces demandes sont exprimés par les différentes catégories d’acteurs soucieux de renforcer les compétences individuelles et collectives face aux diverses exigences de la coopération au développement et de l’action sociale.
Enfin, des besoins faisant référence aux approches et processus d’intervention contribuant au renforcement des partenariats au Nord et au Sud sont aussi exprimés.
Cette analyse nous permet d’envisager certaines pistes et de mettre en chantier des ajustements aux formations et de construire avec les différents acteurs au Nord et au Sud intéressés de nouvelles propositions répondant aux besoins exprimés par ceux-ci.
Parmi les nouvelles formations possibles, nous pouvons envisager celles qui répondent au besoin de construire des dispositifs de suivi, d’accompagnement et d’évaluation des projets (principalement des projets de formation) et des partenariats.
Ces dispositifs viseront à la mise en place d’indicateurs de changement, ces indicateurs permettant de mesurer de manière participative –c’est-à-dire en impliquant les acteurs intervenants dans les projets- les effets et impacts des actions. Cela pourrait prendre la forme d’une démarche de recherche-action dans laquelle seraeint impliqués tous les acteurs concernés.
Autre piste possible : nous pouvons envisager une formation sur les méthodes de systématisation des expériences et des apprentissages acquis au travers des actions menées tant dans le Nord que dans le Sud. Tout apprentissage naissant du savoir propre des personnes et des organisations et des expériences acquises au sein des actions de changement, il est donc essentiel de systématiser ces expériences afin d’enrichir la réflexion, les apprentissages mutuels et de renforcer les relations de partenariat. Mais il est aussi primordial de prendre de la distance par rapport au sens des actions menées afin de mieux comprendre les enjeux inhérents à toute action de développement et ceux présents dans la société.
La systématisation des expériences permettra aussi de développer des stratégies de sensibilisation à destination des publics spécifiques à chaque acteur afin de les responsabiliser et de les impliquer dans les processus participatifs de changement social.
Soucieux d’être pris en compte dans leur société, d’acquérir plus de reconnaissance afin d’exercer un contre-pouvoir dans les domaines qui les concernent, les acteurs de la coopération du Sud expriment le souhait de d’être accompagnés pour construire une stratégie de renforcement de leurs compétences avec leurs homologues du Nord. Cet accompagnement faciliterait dès le début le dialogue entre les ONG depuis la conception d’un projet jusqu’à sa mise en œuvre et son évaluation.
Ces pistes ne pourront se concrétiser que s’il existe une volonté politique de la part des acteurs impliqués -bailleurs de fonds, ONG, associations de migrants, villes et communes, entre autres- et un financement à la clé favorisant ce type d’activité de formation, de recherche-action et de travail en réseaux.
Pour consolider ces espaces, il est indispensable de disposer de moyens tant financiers qu’en ressources humaines qui y consacreraient du temps et mettraient à disposition les outils méthodologiques nécessaires.