Synthèse d’une étude commandée par la Coopération technique belge sur les besoins de formation en la matière
Une étude des besoins en formation auprès d’organisations actives dans la solidarité internationale a été réalisée en septembre 2007 par Pierre Grega, Gerlinde Doyen et Manuel Eggen, à la demande de la Coopération technique belge, CTB [1].
L’étude part du constat que les besoins de formation dans la coopération ont fort évolué suivant l’évolution de l’ensemble du système de la coopération. C’est ainsi que l’on observe une diminution du nombre de coopérants depuis les années nonante et une forte professionnalisation des candidats à l’expatriation.
De plus, l’étude a pu observer qu’il existe des adaptations importantes dans l’offre de formation pour les acteurs de la coopération puisque les demandes sont de plus en plus diversifiées et concernent souvent des aspects plus techniques et spécialisés. Face à ces constats, l’étude établit que, pour répondre à de nouveaux besoins, de nouveaux opérateurs voient le jour ainsi que des formations internes « sur mesure » au sein des organisations de solidarité internationale.
Nous tenterons de synthétiser, en reprenant quelques extraits, le point de vue de l’étude de la CTB en ce qui concerne les besoins en formation selon différentes catégories d’acteurs, qui ont été relevés durant les enquêtes menées par les consultants.
Pour les acteurs multilatéraux (EuropeAid), bilatéraux (DGCD et CTB), décentralisés (Wallonie-Bruxelles International et Apefe) et pour la coopération universitaire (CUD-VLIR), le but des formations est la professionnalisation « pour accroître l’efficacité de leur aide, pour atteindre des résultats concrets orientés vers des objectifs fixés au niveau international ».
L’étude de la CTB distingue les besoins suivants pour cette catégorie d’acteurs :
D’une manière générale, l’étude démontre qu’il y a « peu de place et de temps pour les formations de type général et informatif sur la coopération au développement et l’interculturalité », car il y a d’autres besoins prioritaires et ces connaissances sont considérées comme des prérequis que doivent avoir ces professionnels.
Par contre, pour les jeunes candidats coopérants, la formation générale dite Infocycle reste importante.
En marge de ces besoins, d’autres ont été répertoriés et répondent surtout à une demande de formation « sur mesure » et propres à des situations spécifiques : connaissance des procédures internes de l’organisation, aspects techniques concernant le management de projet. Souvent le choix s’oriente vers des formations sur mesure ou correspondant aux parcours professionnels individualisés de leurs collaborateurs, visant à répondre à un besoin immédiat. Mais cela comporte un risque de réduction de l’approche transversale de la coopération. Une autre contradiction réside dans la moindre importance accordée à l’approche de l’interculturalité qui est cependant considérée comme de plus en plus importante dans la coopération.
Pour ce qui est des acteurs indirects tels que les ONG actives surtout dans le Sud, l’étude décrit des besoins similaires aux précédents. Si bien que, autant les grandes structures que les plus petites, entraînées par les réformes législatives et règlementaires, exigent plus de professionnalisation.
Les principaux besoins de formation répertoriés se centrent davantage sur les méthodes et nouveaux outils de gestion des projets. Toutefois « l’approche de l’apprentissage des nouvelles méthodes et outils de développement dans les ONG du Sud se démarque de l’approche précédente. Les ONG du Sud souhaitent garder une dimension critique par rapport à ces outils et à leur utilité ».
Dans une note d’orientation d’Acodev à l’attention de la CTB, il est souligné que « pour que le professionnalisme ne rime pas avec technocratie, il est important que la formation continue ne porte pas que sur les outils de coopération ».
Concernant l’envoi des coopérants et face aux nouvelles exigences de la coopération (hyper spécialisation), « le niveau d’information et d’orientation n’est pas adéquat » puisque ceux-ci ont déjà souvent une expérience professionnelle de terrain. De plus, l’étude souligne que, bien que nécessaires et importantes, il existe peu de formations générales de recyclage pour les personnes ayant déjà une expérience dans la coopération. « Seul ITECO propose une formation de type réflexif pour des agents de développement dans la coopération ».
En résumé, les besoins de formation de ce groupe d’acteurs identifiés se centrent sur :
L’étude de la CTB regroupe une troisième catégorie d’acteurs dans le dénommé « quatrième pilier ». Il s’agit principalement des syndicats, les mutuelles, les groupes de soutien à des missionnaires ou volontaires, les organisations d’assurance de soins, les organisations paysannes, les organisations de jeunes, écoles, coopératives ou entreprises d’économie sociale, les entreprises privées, les associations de migrants actifs dans le Sud et les autorités locales, entre autres.
Ce quatrième pilier constitue soit une voie alternative de coopération au développement pour des acteurs qui ne parviennent pas à trouver une place dans le système de la coopération, ou alors une autre voie dans la mesure qu’ils veulent développer une approche qui leur est propre.
La particularité de ces acteurs est de « partir de poches d’expériences développés dans d’autres secteurs d’activités pour en faire profiter les populations du Sud ».
Selon l’étude commandée par la CTB, les organisations du quatrième pilier ne connaissent pas encore bien les formations sur la coopération, elles y participent et en organisent rarement.
En conclusion, l’étude met en exergue plusieurs évolutions qui affectent les demandes de formation spécifiques :
Les besoins de formation des organisations sont plus diversifiés, plus spécialisés, plus modulaires et plus spécifiques.
Le public est en évolution : le personnel envoyé dans le Sud est plus professionnalisé et moins nombreux. Aussi, de nouveaux acteurs qui s’investissent dans la solidarité internationale ou qui partent dans le Sud émergent.
Aussi, le public actif dans les actions Nord est plus concerné par ces formations. Et la nécessité d’une formation générale qui agit sur l’attitude des personnes formées plus que sur leurs connaissances (diversité culturelle, rôles à occuper) se fait sentir.
Enfin, l’étude commandée par la CTB a révélé les besoins de concertation et de coordination dans les formations sur la coopération au développement. « Une telle concertation permettrait de mieux adapter l’offre de formation en général aux besoins exprimés par les organisations et les participants ».
[1] Pierre Grega, Gerlinde Doyen et Manuel Eggen, Etude des besoins en formation sur la coopération au développement, CTB, 2007.