Depuis la Guinée Bissau, par Braima Sambú Dabô
Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles en Guinée Bissau a toujours été un grand défi pour les gouvernements successifs depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. Pour nous, c’est une priorité pour garantir une meilleure qualité de vie de la population dans le cadre d’un processus de développement qui soit durable et soutenable.
Ce défi n’a jamais été rencontré ; bien au contraire la pénurie en matière éducative s’est aggravée dans tous les secteurs. Bien que le débat sur la formation n’a jamais cessé, il n’a jamais atteint des niveaux suffisants de participation sociale, restant à échelle informelle et de moments ponctuels de rencontre avec les bailleurs de fonds comme la Banque mondiale et
l’Unicef, entre autres.
En réalité, le processus a été plutôt complexe vu que l’Etat n’a pas la capacité d’assumer ses responsabilités, en raison de son extrême fragilité structurelle face aux contradictions et imperfections imposées au pays.
Avec cette situation, ce sont les ONG nationales, puis les organisations communautaires de base, qui ont été appelées à compléter les actions du gouvernement et, dans la mesure du possible, à tenter de répondre aux besoins croissants de la communauté par des services et des appuis, avec la conviction que les citoyens peuvent et doivent intervenir de manière organisée dans le processus de développement.
Mais le développement signifie faire face à des défis, comme créer les capacités humaines, pour qu’elles puissent répondre aux exigences des projets et des programmes, à la réalité du contexte, à la valorisation, l’exécution, le suivi et l’évaluation des actions et de leurs impacts. Sans ces capacités, il serait impossible d’atteindre des objectifs comme la mobilisation communautaire, la diffusion de nouvelles idées et techniques et les changements d’attitudes et de pratiques.
C’est donc précisément sur ces zones qu’il faut intervenir si nous voulons de bons résultats dans le travail d’animation de ces groupes et communautés. Par conséquent, il est crucial d’appuyer ces organisations intermédiaires et les organisations communautaires de base qui n’ont pas les connaissances, ni les compétences suffisantes pour mener leurs activités. Il s’agit de confronter le manque persistant de capacités qui affecte le processus de développement malgré l’intervention et les efforts de nombreuses organisations nationales et internationales.
Le domaine des outils et des méthodologies est particulièrement sensible. Nous pouvons constater les insuffisances les plus importantes, puisque la grande majorité des organisations, y compris les ONG considérées comme actives et influentes, n’ont tout simplement pas le personnel compétent, ni les connaissances, ni l’expérience pour produire ces instruments ou, sauf exceptions, pour diffuser ou systématiser des bonnes pratiques de terrain.
A échelle institutionnelle et des relations de partenariat, nous pouvons affirmer que notre action est fondée sur la coopération et l’intégration locale, nationale, sous-régionale, Sud-Sud, Nord-Sud, et à tous les niveaux. Je parle du cas spécifique du programme Fadoc, un programme remarquable de Solidarité Socialiste, ONG belge, avec ses partenaires du Sud. Malgré ses limites, ce programme peut servir d’exemple de partenariat effectif car la forme de coopération pratiquée va au-delà des principes financiers, économiques et de gestion pratiqués aujourd’hui pour un travail de véritable partenariat.
Aujourd’hui, grâce à ce programme, la coopération est un échange de savoirs, la mise en place de lignes politiques communes, la création ensemble d’un modèle socioéconomique alternatif au système capitaliste en vigueur actuellement.
Par rapport à l’éducation populaire, nous pourrions nous appuyer sur les pratiques et expériences, produites de notre riche diversité ethnicoculturelle et de notre tradition de sensibilité et solidarité humaine qui forment les ingrédients de base indispensables dans la recherche d’une citoyenneté globale ainsi que les préceptes éthiques et politiques dont s’inspire la liberté et la démocratie que préconise l’éducation populaire.
Mais notre société est de tradition orale et nous n’avons pas l’habitude d’écrire, de mettre sur papier notre expérience de vie. En vérité, nous ne profitons pas de ce flux d’idées, d’espérances et de réalisations qui émergent du savoir populaire et nous n’utilisons pas ces ressources, d’où notre échec en la matière, alors que nous pourrions les exporter vers l’Europe et d’autres pays ; il nous manque les moyens pour commencer à les récupérer et les valoriser.
Pour atteindre les objectifs d’apprentissage, la formation doit non seulement être participative mais aussi combiner la théorie avec l’utilisation d’outils et de techniques sur le lieu de pratique et de techniques de visualisation, pour permettre et faciliter une meilleure communication entre ceux du dedans et ceux du dehors.