Les grosses structures croient être autosuffisantes en matière de formation

Mise en ligne: 19 juin 2009

Comment résumer la démarche d’ITECO en matière de formation ?

Michel Elias, après avoir travaillé des longs années à ITECO vous accompagnez à présent un groupe d’étudiants africains en formation à la Faculté ouverte de politique économique et sociale (Fopes) à l’Université catholique de Louvain. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Ces dernières années, j’ai accompagné plus de 200 étudiants africains qui ont réussi à obtenir leur diplôme avec seulement 2 % d’échec. Les étudiants sont sélectionnés sur place. Malgré cela la Fopes rencontre actuellement des difficultés puisque le nombre de bourses a fortement diminué.

Y a-t-il eu un travail conjoint entre la Fopes et ITECO ?

ITECO est intervenu au début de la Fopes. Mais il faut dire que les universités ne sont pas très ouvertes à des dynamiques de formation comme celles proposées par ITECO.

Comment pouvez-vous résumer la démarche d’ITECO en matière de formation ?

Lors du processus de décolonisation, les Belges qui travaillaient dans la coopération sont devenus étrangers dans des pays qui n’étaient plus le leur. A ce moment-là on a remplacé le terme « colonies » par « pays en voie de développement ». Il fallait donc donner un statut à ces personnes, professionnels, techniciens, et on a créé le statut de volontaire et des ONG d’envoi de ces volontaires laïques ont vu le jour. ITECO a été créé pour préparer ces personnes au départ. Son objectif était, à ce moment, d’outiller les gens avant de partir en réalisant une réflexion sur le sens de partir, c’est cela le cœur d’ITECO, la solidarité Nord-Sud en prenant du recul, en l’analysant. Chemin faisant, ITECO a assumé aussi une réflexion sur notre place en Belgique.

Dans ce cadre, la formation d’agents de développement est rentrée sur la pointe des pieds. Dans les années nonante, la coopération a imposé aux candidats coopérants de suivre une formation spécifique avant de s’engager comme coopérant. Cette formation, ITECO l’a conçue dans l’esprit de sa formation de base mais en l’adaptant aux personnes qui avaient déjà un pied dans l’avion. Comme, en plus, cette formation était obligatoire, ces personnes n’étaient pas toujours réellement intéressées par cette démarche. Si bien qu’actuellement, n’étant plus obligatoire, elle rencontre moins de public intéressé. Par ailleurs, la tension entre la technique et le savoir-être l’a toujours traversée.

Bien entendu, il faut tenir compte du fait qu’il y a de moins en moins de coopérants. C’est regrettable car le fait de vivre dans le Sud change les personnes. L’Europe se referme bien que les gens voyagent de plus en plus mais uniquement par des canaux touristiques. Aussi, les grosses structures, tant gouvernementales que non-gouvernementales, croient être autosuffisantes en matière de formation.

Dans ce contexte, avez-vous des suggestions par rapport à la formation d’agents de développement ?

Pourquoi ne pas faire des formations pour les gens qui arrivent et poser par exemple les questionnements suivant : qu’est-ce que vous recherchez ici ? Parlez-nous de vos expériences.

De même pour les migrants, les demandeurs d’asile, les personnes qui se trouvent en centres d’accueil, le tronc central d’une telle formation devrait être la question Nord-Sud, la réflexion sur le sens de ces rapports, sa dimension sociopolitique, la question du pouvoir. Une formation bien entendu basé sur une méthodologie active, qui se centre sur l’attitude des personnes. Il ne s’agit pas de transmission de connaissance ni de conscientisation.

Quant à la formation de cadres dans le Sud, il faudrait explorer si c’est possible de faire une proposition.