En 1990, le nombre de coopérants d’ONG belges dans le Sud était de 1539. En 2007, ce nombre avait chuté à 345, ce qui représente une diminution de 78 % en 17 ans, par Antonio de la Fuente
ITECO a été créé en 1963 pour former les jeunes volontaires qui voulaient partir en Afrique centrale, au lendemain de la décolonisation, et y faire notamment ce que, à l’époque, on appelait de l’assistance technique auprès des populations pauvres de ces régions.
D’autres processus de décolonisation ont suivi le même mouvement en Afrique occidentale française, dans le Maghreb, et un peu plus tard en Afrique d’expression lusophone. De nombreux jeunes belges sont partis à l’époque collaborer avec ces nouveaux États. Et ils ont fait de même en Amérique latine et en Asie, régions où des associations belges ont entamé une collaboration avec des associations locales dans une optique de soutien aux efforts d’amélioration des conditions de vie des populations sur place.
Au milieu des années nonante, le ministre de la coopération au développement de l’époque, Réginald Moreels (qui est, par ailleurs, un des fondateurs de Médecins sans frontières en Belgique), a promu une réforme significative de l’ensemble du travail de la coopération au développement. Pour l’essentiel, cette réforme a représenté une impulsion considérable au travail de sensibilisation et d’éducation au développement en Belgique, et une diminution conséquente du nombre de personnes partant travailler en tant que jeunes « experts » en matière de coopération au développement.
Parallèlement aux effets de cette réforme, le fait est que bon nombre d’ONG du Sud sont devenues plus fortes et, dans une certaine mesure, moins dépendantes des ONG belges, de telle sorte que peu d’entre elles ont le réflexe de demander l’envoi d’un coopérant étranger.
Par ailleurs, l’immigration soutenue a fait qu’un certain nombre d’étrangers, ayant acquis la nationalité belge, ont, dans certains cas, regagné leurs pays avec un contrat de coopérant ONG. À titre d’exemple, 18 % des coopérants envoyés par l’ONG Volens ont l’espagnol comme langue maternelle.
Un des résultats de ces dynamiques convergentes est la diminution du nombre de coopérants d’ONG actifs dans les pays du Sud. En 1990, le nombre de coopérants d’ONG dans le Sud était de 1539. En 2007, ce nombre avait chuté à 345, ce qui représente une diminution de 78 % en 17 ans. En tout et pour tout, on estime le nombre d’expatriés belges dans le Sud entre 1100 et 1200, dont les coopérants d’ONG de développement et d’aide d’urgence, la centaine de jeunes recrues du Service volontaire de coopération au développement et le personnel de la coopération gouvernementale.
Pour ce qui est des coopérants d’ONG, ils sont pour la plupart en Afrique et en Amérique latine (42% respectivement), tandis que 16% se trouve dans un pays d’Asie. Leur moyenne d’âge se situe entre 30 et 40 ans.
En ce qui concerne les formations destinées aux candidats coopérants et agents de développement, au début des années nonante, une autre réforme était venue modifier le cadre de fonctionnement de la coopération au développement en Belgique. Quant à la question de l’envoi du personnel, la reforme Geens, du nom du ministre de l’époque, venait améliorer de manière significative le statut des volontaires qui partaient travailler dans des projets promus par des ONG belges en Afrique, Asie et Amérique latine, notamment sur le plan pécuniaire. En contrepartie, la réforme imposait aux candidats coopérants l’obligation de suivre une formation. Celle-ci comportait entre autres trois contenus essentiels : la programmation par objectifs, l’évaluation, la communication interculturelle.
Par le biais de la professionnalisation du travail des volontaires, la réforme venait consacrer le changement à travers la modification de la dénomination de ceux-ci qui ont passé à être appelés depuis lors coopérants-ONG.
En prenant appui sur la formation d’origine d’ITECO, qui s’appelait déjà « Ici ou ailleurs que faire ? », ITECO a mis sur pied une formation appelée « directe » à l’intention des candidats coopérants qui avaient un contrat de travail et se disposaient à partir dans le Sud. Pendant les cinq premières années, une petite centaine de coopérants suivait chaque année cette formation.
Le nombre des coopérants diminuant pour les raisons évoquées plus haut, cette formation a vu parallèlement diminuer le nombre de participants à une petite dizaine par an pendant la dernière décennie. Elle s’est largement ouverte à des gestionnaires de projets travaillant dans le Nord. Certains d’entre eux sont issus de l’immigration, de la même manière qu’un nombre croissant de coopérants.
Les contenus de la formation, même s’ils ont évolué, sont restés essentiellement les mêmes. Les changements en cours du contexte des rapports Nord-Sud, à l’intérieur de la coopération et dans les ONG exigent que la formation d’agents de développement change aussi. C’est le sens de la démarche d’ITECO et de cette publication.