Les entreprises, sont-elles
responsables des conditions sociales et environnementales qu’elles mêmes contribuent à créer ?
Poser la question c’est déjà donner une réponse. La question serait donc mieux posée ainsi : Comment faire pour que cette responsabilité, celle du respect des normes sociales et environnementales, se traduise dans les faits ?
C’est le propre de la démocratie que de débattre, d’édicter ces normes et de les faire appliquer, et c’est le propre de la société civile de veiller à ce que soit ainsi fait ou à pousser dans le dos l’Etat pour qu’il le fasse.
Il y a néanmoins deux difficultés. La première vient du fait que bien des entreprises ont depuis longtemps traversé les frontières nationales et acquis une envergure transnationale, ce qui les place dans une position qui échappe au moins en partie au contrôle des Etats. Ces Etats ont, de plus, des législations sociales et environnementales différentes si non divergentes.
Dans un contexte de libéralisation croissante et de perte progressive du poids des Etats, les entreprises revêtent une importance croissante si l’on veut se rapprocher de certains objectifs sociaux et environnementaux largement consensuels à échelle internationale. Pour ce qui est de l’environnement, ils se trouvent détaillés dans le protocole de Kyoto. Pour ce qui est du développement, sur la charte des Objectifs du millénium pour le développement.
Par ailleurs, les associations de défense de ces droits sociaux et environnementaux ainsi que les ONG de développement, savent que rien ne sert de mener à bien des projets de développement, à petite ou à moyenne portée, si l’entreprise privée fait, à grande échelle, autre chose. Les associations se tournent ainsi logiquement vers ces entreprises et essayent d’une part de faire pression sur elles pour les forcer à respecter des engagements sociaux et environnementaux. Elles essayent, d’autre part, de nouer avec certaines d’entre elles des collaborations pour faire avancer certains dossiers. La création de labels en est l’exemple le plus connu.
Un effet moins vertueux de cette dynamique vient du fait que les entreprises, sensibles aux points de vue et autres sauts d’humeur du public consommateur, font du respect aux normes sociales et environnementales un argument de vente. Ce qui peut être positif, sauf si l’accent est mis uniquement dans la dimension marketing et publicité.
Les participants aux formations et autres interventions d’ITECO nous adressent souvent cette question : Quelle genre de rapports nouent les ONG et les
entreprises ? Les textes qui composent ce numéro d’Antipodes portent un premier regard ouvert et pluriel à la question.
Bonne lecture.