Afrique, continent à la traîne

Mise en ligne: 18 juillet 2012

Il n’est pas commun de voir un tiers
aller en Afrique pour ses vacances.
Pourquoi ce continent ne suscite-t-il
pas davantage d’attrait ?, par Julie Bastin

L’Afrique est à la traîne des autres
continents aussi en matière touristique. Il
n’est pas commun de voir un tiers aller en
Afrique pour ses vacances. Pourquoi ce
continent ne suscite-t-il pas davantage
d’attrait ? Tout d’abord, l’Afrique souffre
d’une mauvaise image, car, dans certains
esprits, elle représente la guerre, la famine,
le sida... A cela s’ajoute le prix des
billets d’avion qui est extrêmement onéreux, ce qui n’est guère étonnant quand on
sait qu’à peine 3 % des vols mondiaux dé-
collent d’Afrique, ainsi le rapport qualité-
prix n’est pas satisfaisant. Et il y a un manque
évident d’infrastructures touristiques.

Il n’empêche que, malgré cela, les pays
d’Afrique ont la volonté de s’ouvrir au tourisme
et d’appliquer des politiques en mati
ère touristique. La majorité des pays se
sont rendu compte de la potentialité économique
du tourisme et de l’apport de devises.
De nouvelles politiques de libéralisation
et de promotion se mettent en place,
de nouveaux produits touristiques sont
créés comme les circuits inter-Etats, la
mise en commun de produits touristiques,
initiée par plusieurs pays de l’Afrique de
l’Ouest, comme le Bénin, le Togo, le Burkina
Faso et le Niger.

Au vu de l’intérêt que les Etats portaient
au tourisme, les ONG d’Afrique réagissent-
elles ? S’intéressent-elles au tourisme
comme moyen de développement ? Ont-elles
des projets touristiques ? L’intérêt
des ONG est indispensable, parce que si le
tourisme a des aspects positifs, il est surtout
connu pour ses désastres et ses méfaits. Dans les pays pauvres, l’arrivée du
tourisme expose les populations locales à
de nombreux dangers. L’existence de touristes
amène la prostitution féminine et
enfantine. Les recettes qu’engendre le tourisme,
pour la plupart, retournent dans les
pays occidentaux. Le tourisme emploie
une quantité importante de main d’œuvre
qui, dans ces pays, est très peu qualifiée,
dont les emplois sont précaires et souspayés. La mendicité et les petits boulots se
sont développés chez les mineurs car il est
plus facile de délaisser l’école et d’aller
mendier ou vendre auprès des touristes.
Les ressources naturelles et la culture locale
peuvent être exploitées à l’excès et subir
des dégradations excessives.

Il est donc important de faire un développement
touristique réfléchi, c’est pour cela
que le regard des ONG africaines est primordial
 ; les Etats concernés ne pourraient s’intéresser qu’aux apports financiers
du tourisme en laissant de côté ses
aspects dangereux.

Quelques bassins touristiques et un grand vide autour

Même si l’Afrique n’est pas une destination
touristique par excellence, il existe
néanmoins des bassins touristiques sur le
continent. Tout d’abord, l’Afrique du
Nord, qui a reçu 35 % des arrivées touristiques
internationales [1] en 2002. Le Maghreb,
mis à part l’Algérie, a une image
positive dans les pays européens, d’où procèdent majoritairement les touristes de
cette région. De plus, le Maghreb est
pourvu de bonnes infrastructures d’accueil.
Nous avons à faire à un tourisme de
masse.

Ensuite, l’Afrique du Sud, qui recueille, à
elle seule, 30 % des arrivées internationales
sur le continent en 2002. Dans le reste
du monde ce pays a de la considération. Il
a misé son développement sur le tourisme
de luxe. La majorité des visiteurs sont des
Africains, ils y viennent pour des raisons
de santé, de travail, d’étude. Ou tout simplement
parce que l’obtention de visas
pour l’Europe ou les Etats-Unis est difficile.
Les principaux pays émetteurs non-africains
sont la Grande-Bretagne, l’Allemagne,
les Etats-Unis et les Pays Bas.

Dans l’opinion publique internationale,
l’Afrique de l’Est suscite une image positive,
puisqu’elle renvoie à l’image d’une
faune sauvage où safari, chasses, parcs naturels
coexistent. C’est également un tourisme
de luxe. 22 % des arrivées touristiques
se retrouvent en Afrique orientale.

Par contre l’Afrique de l’Ouest et Centrale
ont une image très négative et cela se ressent
dans les arrivées touristiques internationales,
puisqu’elles sont respectivement
de 10 % et de 2,5%. Le manque d’infrastructures
touristiques et la difficulté d’accessibilité aérienne sont des explications à
ce retard. Le Sénégal, en Afrique de
l’Ouest, est l’unique pays à avoir connu un
développement relatif du tourisme. Même
si on observe certains développements au
Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’Afrique
centrale, n’a pas développé de politique
cohérente en matière touristique.

Les ONG africaines, pour la plupart, n’ont
pas de projet en matière touristique dans
cette région. Cependant, même s’il reste
marginal par rapport au reste du monde,
le tourisme en Afrique de l’Ouest existe. Le
Sénégal est le seul pays de l’Afrique de
l’Ouest qui pratique le tourisme de masse,
les autres se sont tournés vers des formes
plus alternatives ou plus éthiques. Cela se
ressent dans le nombre des arrivées touristiques
internationales qui est supérieur
au Sénégal par rapport aux autres pays de
l’Afrique de l’Ouest. Nous allons voir les
différents tourismes que l’on retrouve
dans cette région pauvre dont tous les
pays sont classés dans les derniers rangs
du PIB.

Petits promoteurs sénégalais

Tout d’abord, on remarque qu’il existe une
coalition de petits promoteurs sénégalais
pour faire face aux professionnels du tourisme
de masse. Ce phénomène ne se retrouve
à notre connaissance qu’au Séné-
gal, puisque c’est l’unique pays de la région qui a développé un tourisme massif.

C’est l’Organisation nationale des intégrés
du tourisme sénégalais (Onits) qui a pour
objectifs d’organiser, de développer et de
commercialiser le tourisme intégré pour
mieux maîtriser la promotion du Sénégal.
Cette organisation regroupe des gérants de
petites structures d’hébergements (de une
à cinquante chambres). Cette organisation
a été créée dans le but de faire face aux
multinationales ; en groupe, les petits indépendants peuvent avoir un poids et se
défendre contre le mercantilisme de certaines
structures touristiques internationales.

Selon Doudou Diop de Sorong, président
de l’Onits, "l’intégration de ces petites
structures dans le milieu rural permettra
de faire la part des choses avec le milieu
balnéaire. C’est dans cette logique que le
tourisme sénégalais puisera sa vitalité, sa
puissance, ses ressources, son développement,
donc son indépendance". La méthode d’action de cet organisme est que les
acteurs doivent d’abord relever individuellement
leurs conditions, ensuite s’unir en
un seul bloc pour traiter leurs problèmes
communs avec pour seul axe linéaire, la
promotion commerciale. Leur stratégie est
d’identifier des zones plus ou moins touristiques
et d’augmenter les investissements,
de former les membres à l’élaboration
et à l’exécution de projets, et d’impliquer
les populations locales. Il est prévu
d’implanter une représentation en France
qui servira de relais, qui jouera peut-être
le rôle de tour opérateur pour renforcer la
promotion commerciale du Sénégal. Ils
veulent s’implanter directement dans le
marché émetteur pour faire face, ne fut-ce
qu’un peu, à la concurrence internationale.

Villages d’accueil au Burkina Faso

Il est possible de visiter ces pays et d’y loger
dans des villages d’accueil [2]. Ils ont été
créés à partir du modèle de l’agritourisme
et du tourisme social, mieux connu chez
nous. Le but est d’impliquer les populations
locales tout en satisfaisant les voyageurs.
Ces villages vivent essentiellement
de l’agriculture et souffrent d’une difficulté
à valoriser leurs ressources car ils sont loin
des zones urbaines.

C’est le cas, notamment, au Burkina Faso,
où un projet Tourisme et développement
solidaire (TDS) de village d’accueil vit le
jour pour permettre aux communautés
rurales de se former au tourisme. TDS a
pour objectif de créer un label tourisme
équitable mondial, sur base des projets
des villages d’accueil. On a affaire à du
tourisme d’échange puisque villageois et
voyageurs se côtoient et partagent un bout
de vie ensemble. Les jeunes de ces villages
sont fort impliqués dans ce projet. Le tourisme
ne doit servir que de complément
aux activités traditionnelles et en aucun
cas il ne doit les remplacer, c’est un apport
supplémentaire.

Pour que ces villages d’accueil soient viables,
il faut former la localité au tourisme
et à la réception de voyageurs, ainsi qu’à la
gestion. TDS veille à ce que ce soit un travail
de groupe où tout le village est impliqué. En ce qui concerne les aspects financiers,
les villages d’accueil facturent à TDS
les différents séjours que celui-ci chiffre à
leur tour aux voyageurs avec un supplément de 20 % pour couvrir les frais. L’objectif
des villages d’accueil TDS est de permettre
à la localité de gérer correctement
les ressources et les infrastructures en leur
apportant des moyens techniques pour
qu’ils soient autonomes.

Tourisme communautaire à Dakar

Le tourisme communautaire se retrouve,
également, pour permettre aux populations
locales de bénéficier des apports du
tourisme. C’est le but recherché par
Senevolu, l’Association sénégalaise des
volontaires unis, qui a été créée en 2002 à
Dakar pour oeuvrer dans le tourisme communautaire
en recevant des volontaires ou
des voyageurs dans le cadre de séjours culturels
ou de volontariat, ainsi que des ateliers
culturels et séjours en auberge. Ces
séjours se déroulent chez l’habitant, de
manière à développer un tourisme responsable
et intégré. Un tel développement du
tourisme fait profiter la localité des retombées, puisqu’il intègre le voyageur aux acteurs de la vie quotidienne. D’ailleurs
Senevolu coopère avec de nombreuses
ONG, écoles, familles d’accueil, agences de
voyages équitables, artistes et musiciens.
Pour que ce tourisme communautaire soit
mené à bien, il est indispensable selon
Senevolu de participer de façon équitable
au développement communautaire, de responsabiliser
les volontaires dans le développement
des projets et les acteurs locaux
quant à l’accueil de volontaires et d’intégrer les volontaires ou les voyageurs dans
la culture sénégalaise. Il propose trois programmes
de tourisme communautaire
destinés aux personnes seules comme en
groupe :

Les séjours culturels commencent par une
immersion à la culture et à la langue sénégalaises, ainsi que des excursions dans les
alentours de Dakar. Ensuite, le voyageur
séjournera dans une famille d’accueil pour
participer à la vie quotidienne. Les participants
peuvent choisir entre différentes activités culturelles (djembé, danse...).

Les séjours de volontariat, qui commencent
aussi par une orientation, se poursuivent
par un séjour dans une famille d’accueil
pour connaître la vie au quotidien.
Les volontaires iront travailler bénévolement
dans des projets communautaires,
des ONG, des écoles...

Les ateliers culturels sont organisés pendant
toute l’année ; les participants logent
dans des familles d’accueil ou à l’auberge.

Tourisme rural au Cap Vert

Il existe des programmes d’intégration du
tourisme rural à la culture locale à travers
des actions d’éducation, de divulgation et
préservation du patrimoine culturel et matériel de la région. On promeut du tourisme
local et régional dans une perspective
culturelle. Ce projet reste dans l’objectif
du développement communautaire de
l’atelier Mar, créé en 1979 après l’indépendance
capverdienne (1975). Cette organisation
a pour objectif d’aider le développement
communautaire via la formation en
utilisant les ressources matérielles et humaines
des localités. La population est
protagoniste du projet.

L’atelier Mar travaille avec la communauté
de Lajedos, à Santo Antão, aux îles du Cap
Vert ; on y développe la culture, l’éducation
globale et les technologies alternatives.
Lajedos compte approximativement
900 habitants.

Ce projet de développement local fut créé
dans le but de promouvoir et d’améliorer
les conditions de vie de la population - à
travers l’approche participative, les actions
liées à l’agriculture, l’éducation, la préservation
et l’utilisation de l’environnement,
l’artisanat, la participation égalitaire
homme-femme - et surtout de promouvoir
les attitudes positives face au développement
et à l’opportunité d’être des acteurs
de ce même développement.
Le profil social et économique de la localité est fort marqué par la lutte constante
pour la survivance, la dureté de l’environnement
avec peu de ressources naturelles
et un climat sahélien, une inexistence de
terres communautaires qui sont pour la
plupart toutes privées, des familles nombreuses
où 47 % d’entre elles sont gérées
par des femmes pauvres, et toute une série
de problèmes sociaux, tels que les grossesses
précoces, l’abandon scolaire, l’alcoolisme,
l’exode rural.

C’est ainsi que la première phase du projet
fut l’animation communautaire, qui consistait
en la mobilisation et l’identification
des nécessités, en utilisant l’approche participative
de la population locale. C’est
dans la perspective de ce projet de développement
local que sont nés une école
communautaire, une cantine, une unité
d’activité agricole (on y apprend les méthodes de culture et d’irrigation, les ressources produites sont utilisées par les
autres domaines), un atelier de conservation
d’aliments, une installation d’une petite
centrale à énergie solaire, une unité
d’activité de construction (où l’on utilise
les matériaux locaux pour la construction)
et un projet de développement du tourisme
intégré à la culture.

Les objectifs de ce projet sont de donner à
la communauté locale une petite structure
d’accueil aux visiteurs, où seront valorisées et utilisées les ressources endogènes
naturelles et culturelles. Le but est d’arriver
à un produit touristique rural qui stimulerait
la production agricole et artisanale
locale. La stimulation de la production
locale agricole et artisanale engendrée
par le tourisme rural doit renforcer la participation
communautaire. On implique la
population dans la gestion des produits,
de l’offre et des services apportés aux visiteurs
afin qu’ils puissent tout diriger de
façon autonome.

Ce projet, appelé Babilonia, est équipé
d’un verger qui apportera les aliments nécessaires à la cuisine, une résidence avec
un restaurant, un bar et quatre lits dans
un premier temps. A cela sera associé un
site muséologique où l’on observera les
productions locales. Cette résidence a pour
objectif, aussi, d’accueillir des étudiants ou
des artistes nationaux et internationaux à
la recherche de créations artistiques ou
d’investigations scientifiques. Elle a la
possibilité de recevoir et d’organiser des
événements culturels et sociaux de petite
envergure. Au-delà de son utilité culturelle
et sociale, Babilonia veut avoir un effet démonstratif sur l’implantation de techniques
de construction durable et de respect
à la culture et au paysage rural.

Des volontaires-touristes

Le volontariat est aussi une forme de tourisme.
Certaines personnes, surtout des
jeunes, partent avec plein de projets de
solidarité, d’aide et de développement en
tête. Elles partent dans l’espoir d’améliorer
certaines réalités. Par exemple, l’Association
française des volontaires du progrès, AFVP, envoie des jeunes volontaires
pour "manifester leur solidarité" envers
les populations en difficulté. Ces jeunes
participent à des projets de développement
sur mode du partenariat. L’AFVP a
deux champs d’actions au Sénégal, l’un qui
encadre les acteurs locaux engagés dans
des projets de développement local en zones
rurales et urbaines, et l’autre qui encadre
les acteurs locaux autour d’une thématique
comme la gestion de l’eau, la santé,
l’éducation. Ils intègrent les volontaires
dans des équipes pluridisciplinaires qui
travaillent sur les différents projets de développement. L’AFVP a de nombreux liens
avec les ONG ou les associations nationales pour assurer la continuité du travail
sur place.

Ou bien encore, Solidarité Jeunesse Burkina,
propose de découvrir le Burkina Faso
à travers la réalisation de chantiers, qui
ont des objectifs environnementaux et sociaux.
On y plante des arbres, on y construit
des abris ou des maisonnettes, on
participe à du soutien scolaire... Pour cette
ONG, située à Ouagadougou, le but est
d’aider les localités rurales d’un point de
vue social et économique.

Le « bon touriste » et le moins bon

La majorité des ONG locales n’ont pas de
projets en matière touristique pour aider
au développement, elles se soucient
d’autres problèmes davantage vitaux.
Néanmoins, elles n’excluent pas toujours
la possibilité de se lancer dans ce genre
d’aventure à partir du moment o le tourisme
est bien géré et qu’il profite aux populations
locales. C’est ce que nous explique
Voré Seck, du Groupe de recherche et
d’études environnementales, Green-Séné-
gal, ONG sénégalaise qui travaille dans le
domaine de la recherche, de la formation
et de l’appui aux organisations communautaires
de base.

Cette ONG a une longue expérience dans
l’encadrement du monde rural ; son objectif
principal est "la sécurité alimentaire
par la promotion d’une agriculture durable,
à la protection et à la préservation de
l’environnement". Selon les dires de Madame
Voré Seck, l’apport financier du tourisme
est incontestable et il contribue largement
au PIB du pays avec l’entrée importante
des devises qu’il engendre. Selon
elle, il permet également un échange de
civilisation et de culture et constitue à n’en
pas douter un phénomène de rapprochement
des peuples. Cependant, dans certains
des cas, son côté négatif reste la perversion
des mœurs, par exemple le cas de
ceux qui font du tourisme sexuel, le tournage
de certaines scènes pornographiques,
la pédophilie, ceux qui viennent de façon
délibérée pour transmettre le sida aux jeunes
filles, des exemples, d’après Voré Seck,
relatés chaque semaine dans la presse locale.
C’est ce tourisme que les ONG dénoncent et combattent chaque jour avec la
plus grande énergie.

Cependant Green-Sénégal a conscience
qu’un tourisme intégré et bien géré peut
être un atout puisque c’est un tourisme qui
est intéressé par les questions de développement
des communautés qu’il visite. En
effet, certains voyageurs en vivant la vie
quotidienne se rendent compte des difficultés que les localités rencontrent. Ils
sont conscients des inégalités qui existent
entre les différents peuples du monde.
Parfois, certains d’entre eux, une fois de
retour dans leur pays réagissent pour
aider ou apporter un appui aux problèmes
rencontrés par ces populations. Les exemples
de mobilisations de certains touristes
nous sont donnés : réfection et ou construction
de salles de classes, financement
de micro-réalisations dans le domaine
agricole, adduction d’eau, échanges entre
jeunes, jumelages, etc..

Green-Sénégal n’exclut pas le tourisme
comme moyen de développement si toutefois
celui-ci respecte les droits, les coutumes,
les valeurs et les mœurs des différentes
localités. Voré Seck nous dira que le
"bon tourisme" peut constituer un
moyen sûr d’orientation vers un développement
durable.

Ambivalence des ONG africaines face au tourisme

Les ONG de l’Afrique de l’Ouest s’intéressent
essentiellement au tourisme comme
phénomène social et économique. Elles
étudient ou font attention aux répercutions
d’une telle activité, elles remarquent
essentiellement les conséquences négatives,
telles que la montée de la prostitution
ou de la criminalité. Elles sont, d’abord,
concernées par les problèmes fondamentaux
que rencontrent ces pays. Des problè-
mes de pauvreté, de santé, d’hygiène. Leur
objectif premier est, tout de même, le développement : sortir la population de la
misère et de la faim, via des plans de formation
et de développement pour les rendre
autonomes.

Cependant, elles sont conscientes des problèmes que le tourisme apporte quand il
est massif, tels que la déscolarisation, la
prostitution, la mendicité. La plupart des
ONG, néanmoins, n’envisagent pas le tourisme
comme moyen de développement,
ce qui peut être compréhensible car son
unique présence demande une gestion importante
et qui est fragile pour ne pas tomber
dans les abus.

Les ONG auront tendance à vous dire
qu’elles n’ont pas de projet touristique.
Peut-être pas au sens courant du terme,
mais pourtant il est courant de voir des
échanges entre pays ou ONG. Nombreuses
sont les ONG qui accueillent des étudiants,
des jeunes, des chercheurs ; cela fait partie
de leur façon de procéder pour
conscientiser les autres pays. Dans cette
optique là, nous avons à faire à du tourisme,
certes, du tourisme réfléchi. Où les
personnes sont présentes dans un but altruiste,
où le tourisme n’est pas le véritable
but recherché. On y va pour se rendre
compte de la réalité de ces pays.

Bien souvent ces ONG participent à des
échanges avec les organismes du Nord, ou
travaillent en collaboration avec elles.
D’ailleurs de telles expériences apportent
une ouverture d’esprit et effacent les pré-
jugés et les lieux communs que nous, les
gens du Nord, avons sur les pays du Sud.
Nous portons une image négative de l’Afrique
de l’Ouest, une image qui n’est pas
propice aux voyages et à la curiosité de
cette région. Mis à part le tourisme balnéaire au Sénégal, cette région n’attire pas
de touristes, sauf des personnes intéressées par les réalités locales et désireuses
de partir à d’autres fins que de se bronzer au soleil les pieds dans l’eau.

[1Organisation mondiale du tourisme, Madrid,
2002.

[2Echos du Cota, Tourisme durable et équitable, n°
91, Bruxelles, juin 2001.