2004 a été marquée par le tsunami en
Asie autant que par des niveaux records en
matière d’activité touristique. D’après le rapport
annuel de l’Organisation mondiale du
tourisme, OMT, l’année écoulée a connu une
augmentation de 10 % par rapport à 2003 en
nombre de personnes se rendant en vacances.
Les régions d’Asie et du Pacifique ont connu
les plus fortes augmentations de fréquentation
touristique, avec une hausse de 30 %.
D’après l’OMT, le tourisme devrait reprendre
rapidement ses droits dans les régions dévast
ées par le raz-de-marée du 26 décembre
2004.
Avec 75 millions de visiteurs en 2004, la
France conserve son rang de première destination
touristique mondiale devant l’Espagne
(52 millions de touristes) et les Etats-Unis (41
millions). Néanmoins, la France n’arrive
qu’en troisième position en matière de recettes,
avec 28 milliards d’euros ; l’Espagne
garde sa deuxième place avec 32 milliards
d’euros ; et c’est aux Etats-Unis que les visiteurs
dépensent le plus, avec 49 milliards
d’euros. D’ailleurs, six des sept premières
multinationales de l’hôtellerie sont nord-américaines. De manière générale, on estime
que 80% des bénéfices du tourisme dans les
pays du Sud reviennent à des entreprises touristiques
au Nord.
Tous ces paramètres sont à prendre en considération si l’on songe que le tourisme pourrait devenir un instrument de développement
et de lutte contre la pauvreté. Mais, est-ce raisonnable
de réfléchir de la sorte ? Le bilan des
bienfaits et des dégâts que le tourisme amène
est difficile à établir de manière globale et définitive. Une région n’est pas l’autre, l’appropriation des apports venus du tourisme varie
selon les populations, de même que la manière dont celles-ci encaissent les désavantages. Les golfeurs accaparent l’eau et déversent
des tonnes de pesticides pour garder leur
green, mais les gentils randonneurs consomment
pas moins de cinq kilos de bois par jour
et déclenchent parfois des incendies, comme
ce touriste tchèque en Terre du feu qui, en
cette fin février 2005, a provoqué un incendie
qui a détruit 16 mille hectares de forêts vierges...
Quoi qu’il en soit, le tourisme reste le principal
espace d’échange entre le Nord et le Sud,
un vecteur important de communication et
d’incommunication, d’entente et d’incompré-
hension mutuelles. Ceux qui visent la modification
des rapports entre le Nord et le Sud ne
peuvent faire comme si le tourisme n’existait
pas.
L’intérêt d’ ITECO pour cette thématique
n’est pas nouveau. Il s’est manifesté notamment
en n’esquivant jamais les questions
liées aux voyages Nord-Sud dans nos interventions.
Touristes et coopérants sont des
voyageurs, autant que les migrants et les réfugiés. A travers nos publications, aussi. Pour faire référence uniquement à celles parues ces
dernières années : Les voyages formatent la
jeunesse et Voyages vers le Sud en ONG,
tourisme ou non ? (numéros 149 et 159
d’Antipodes, respectivement).
Sur base d’un travail d’accompagnement
d’étudiants stagiaires de la licence en tourisme
de l’Université libre de Bruxelles,
ITECO a pu participer à la production de rapports
thématiques concernant la question des
voyages auprès des ONG : le tourisme sexuel,
l’offre touristique dite alternative (quel contenu
y a-t-il derrière les dénominations de
tourisme social, solidaire, équitable ou durable
?), l’attitude des ONG africaines et des acteurs publics internationaux et belges vis-à-vis du phénomène touristique.
Les lecteurs d’Antipodes sont associés à ce
travail au fur et à mesure de sa progression.
Nous sommes tous des touristes, en puissance
au moins, même si certains sont plus en
puissance que d’autres...