São-Tomé-et-Principe

Mise en ligne: 14 octobre 2005

Des enfants portent des seaux remplis de bouillie bordelaise et en ont les cils trempés de topaze

Il pleut. Des arbres, des feuilles, des branches, des fleurs, tous les tons et les espèces du vert tropical sautent dans notre direction. De l’obscurité naissent des formes luxuriantes avant de disparaître au tournant de la route. Au fur et a mesure de la montée, des arbres, des feuilles, des plantes, changent de couleur ou tombent peut-être du haut de leur couleur au fond des gorges invisibles, là au fond, de la même manière que tombe la pluie à notre droite sur une jungle sans sol. Là au fond, d’où nous venons, se trouve la mer. Le fond ne se voit pas parce qu’il est plus bas que les nuages. Et c’est dans les nuages que nous continuons à monter sur une route déserte.

Tu récoltes ou tu coupes ?

Ou presque déserte. Il y a toujours quelqu’un qui peut surgir de la paroi verte. Cândido envoie ses salutations par la fenêtre du jeep.

Ce sont des paysans qui récoltent et ouvrent des fèves de cacao.

Quelles nouvelles ? La vie, le boulot ?

Des fèves jaunes ou pourpres, mûres ou vertes. Ou alors des enfants qui portent des seaux remplis de bouillie bordelaise et en ont les cils trempés de topaze et d’émeraude.

(C’est la chaux et la potasse). Tu es en train de sulfater ?

Ce sont des travailleurs des champs, qui tiennent les enfants à l’oeil et la machette à la main.

Et le boulot ? Et les pionniers ? Est-ce qu’Alberto est en haut ?

Des femmes qui attendent un transport pour la ville.

Tu fais la vanille ?

Des amis du temps où Cândido, jeune agent du Ministère de l’agriculture, a commencé a parcourir les plantations, comme celle d’Agua Izé.

Bonjour ! Quelles nouvelles ? Tu sais si Alberto est à la maison ?

Ce sont des petites filles en jupe, étincelantes de brouillard, qui gardent les chèvres.

B’jour...

Ou qui retournent le sol humide.

Il y a des búzios aujourd’hui ?

Pour chercher des coquillages lorsqu’il n’y a plus de sous pour le bifteck.

On est arrivé !

Un dernier tournant à gauche dévoile une rue avec deux files de maisons en bois, sur pilotis, sur des foyers, sur des cochons et de la volaille, sur la boue, sur l’abandon, en tenant bon, colorées des tons pauvres de la fumée, du temps, de l’usure, de la solitude.

Bienvenus à Bernardo Faro !

Alberto était au séchoir à cacao.

Il pleut (PRM).