Après deux années d’existence, où va le Résaq, par Abdellah Zaâzaâ
Dans cet exposé sur les réalisations et les perspectives il ne s’agit pas d’énumérer les activités les unes après les autres, mais de savoir où nous en sommes après deux années d’existence et où nous allons.
Mais pour suivre, il faut aussi prendre connaissance des activités du Résaq. Dans le dossier que vous avez entre les mains se trouve une feuille où il y a le programme des activités de février 2004 (depuis la dernière réunion du Conseil à ce mois de février 2005). Vous avez aussi sur trois autres pages un cadre logique où figurent les résultats atteints au cours de l’exercice 2004 - 2005 et les résultats attendus pour l’exercice actuel et les deux exercices à venir et dans chaque cas les activités à réaliser pour atteindre ces résultats ainsi que les indicateurs qui permettent de vérifier ces résultats.
Nous avons donc des résultats attendus que nous aurons à vérifier au mois d’avril prochain et une projection dans l’avenir des résultats à atteindre pour les deux prochains exercices - donc deux années à venir - et qui devront eux aussi, c’est-à-dire les résultats, être précisés sinon recadrés à l’approche de leurs échéances.
Notre échange a pour objectif d’affiner notre vision et si nécessaire de mieux préciser les objectifs des prochains exercices.
Dans ce cadre mon exposé se déroulera selon les points suivants :
* Quelle proximité et pourquoi ?
* Le « réseautage » : quelles perspectives à l’échelon régionale ?
* Le « réseautage » : quelles perspectives à l’échelon national ?
* Le « réseautage » : quelles perspectives à l’échelon international ?
* Les partenariats
Il est nécessaire que nous arrivions vite à nous entendre sur le concept de proximité pour que notre démarche soit claire aussi bien concernant nos objectifs que concernant nos relations aux autres associations et aux autres acteurs.
Au moment de la création du Résaq la notion de travail de proximité ne reposait sur aucune plateforme. Nous ne parlions que de concept d’association de quartier différemment compris. Sauf que le processus qui a duré des années et qui a abouti à la création du Résaq était basé essentiellement sur l’interpellation des associations sur leurs pratiques et ce en soumettant à leur analyse l’expérience assez originale d’un modèle de pratiques d’une association de quartier. Et que finalement même si l’ensemble des associations avait des pratiques différentes du modèle proposé, les dirigeants de ces associations ont été assez sensibles à cette expérience au point de l’intérioriser et d’en faire une référence essentielle.
Aujourd’hui, après plus de deux ans d’existence de notre réseau, nous pouvons dire que notre conception du travail de proximité se base sur trois critères tous exclusifs :
· Une association qui travaille avec les populations d’un quartier déterminé, ce qui fait que l’association est étroitement liée à cette population.
· Les activités développées par cette association sont mobilisatrices et génératrices de valeur de la citoyenneté.
· Cette association et plus clairement les membres de cette association sont en général issus de cette population.
Dans ce cadre nous avons été amenés à exclure :
* les associations régionales ou nationales car ne travaillant pas à l’échelle d’un quartier et n’en étant pas issues, tout en intégrant leurs sections quand elles pouvaient se prévaloir de ces critères.
* les association dont les activité n’étaient pas génératrices de valeurs de la citoyenneté : associations caritatives ou de bienfaisance ainsi que les associations de parents d’élèves dans la mesure où jusqu’à présent le caractère ressemble beaucoup plus à un syndicat des parents qu’à une association. Le but pour elles étant de résoudre des problèmes relatifs à leur propres membres. Ceci en plus de fait que leur statut légal est dépendant de l’institution étatique qu’est l’école. (Ce dernier élément exclut aussi les Conseils des maisons de jeunes)
* les associations ayant un travail de proximité mais n’étant pas elles-mêmes originaires du quartier.
La question qui se pose maintenant c’est le pourquoi de ces critères.
Aujourd’hui, le processus de démocratisation de la société dans son ensemble n’arrive pas à prendre forme dans la mesure où les acteurs organisés qui prétendent à cette démocratisation n’ont pas de relais au sein des populations, et ont donc un très faible pouvoir de mobilisation.
Nous partons d’une vérité communément admise aujourd’hui, selon laquelle il est illusoire de prétendre à la démocratisation de la société et de l’Etat si les citoyens et citoyennes que nous voulons devenir sont incapables de gérer leurs affaires locales, qu’elles soient institutionnelles (les communes et collectivités locales) ou intéressant la vie quotidienne du quartier ou du « douar » (le village).
Dans ce cadre l’association de quartier est un des outils qui permettent aux populations d’apprendre la gestion démocratique à une échelle où ils peuvent saisir les enjeux. Alors et alors seulement nous pourrons parler de capacité des citoyens et citoyennes à avoir un impact sur les questions, toutes les questions, qui les intéressent à l’échelle nationale et internationale.
C’est sur ces idées que repose notre concept concernant l’association de quartier qui doit satisfaire aux trois principaux critères qui sont la condition de proximité, celle d’activités génératrices de valeurs de la citoyenneté et enfin que ses activités soient identifiées et mises en œuvre par la population avec en tête les éléments les plus conscients que sont les membres des associations.
Ceci nous amène à dire que le problème crucial de notre société est l’absence de leaders qui aient la légitimité du travail de proximité, et la représentativité que leur confère cette proximité.
Nous, en tant que réseau des associations de quartier - dont nos statuts stipulent que nous nous inscrivons dans la dynamique associative marocaine visant à participer à la démocratisation de la société, à l’érection de l’état de droit et à promouvoir le développement durable pour et avec les citoyens et citoyennes - nous sommes donc dans la démarche claire qui est celle de l’émergence et du renforcement de l’élite associative populaire.
Nous qui sommes réunis ici représentons six réseaux ou projets de réseaux, Résaq-Grand Casablanca, Résaq-Mohammédia, Action Jeunes Résaq, le Comité Casablanca-Est, le Comité Casablanca - Sud et le Comité Casablanca-Anfa. Et certainement que dans quelques mois se constitueront d’autres réseaux. Nous pouvons aussi espérer et imaginer un réseau des femmes des associations de quartier à l’image de Action Jeunes Résaq. Nous savons tous que ces réseaux sont apparus les uns après les autres dans le cadre d’une même dynamique - qui il est vrai a été initiée par Résaq-Casablanca mais dont le résultat final est celui de la formation de divers réseaux d’associations de quartier du Grand - Casablanca qui, s’ils sont interdépendants, sont quand même totalement indépendants les uns des autres en tant qu’institutions.
Comment lire cette expérience et essayer de la conceptualiser ?
Je vous invite à imaginer ensemble, à schématiser dans nos esprits, une dynamique, une seule, englobant les associations de quartier du grand Casablanca, et que cette dynamique au lieu de s’exprimer à travers une seule institution soit multicéphale.
La dynamique d’ensemble se regroupe autour de valeurs et de buts lointains communs. Tandis que le présent de cette dynamique s’élabore à travers différents sous-réseaux qui chacun travaille sur des axes ou des objectifs particuliers.
Par exemple les réseaux des différentes zones du Grand-Casablanca (Résaq-Mohammédia, le Comité Casablanca-Est, le Comité Casablanca-Sud et le Comité Casablanca-Anfa), travaillent sur les priorités locales du développement.
Action Jeunes Résaq qui est le nouveau venu, travaille avec les jeunes cadres des associations du Grand Casablanca afin renforcer leurs capacités et promouvoir leur ascension dans leurs structures.
Et Résaq-Grand Casablanca qui s’occuperait de ce qui est transversal à l’ensemble.
Ils sont tous indépendants les uns des autres mais aussi ils ont la même base.
Dans les documents de l’Ambds (2001) datant de l’époque où le Résaq n’était qu’un projet, nous retrouvons l’idée que les formations accordées aux associations n’avaient leur utilité que si elles avaient pour objectif d’aider à la création de noyaux forts d’associations de proximité dans les différentes zones de Casablanca, et ceci afin de créer les conditions pour défendre et élargir les libertés publiques, c’est-à-dire améliorer le contexte dans lequel agissent les associations et leur permettre de réaliser leurs objectifs et ce dans un contexte politique caractérisé par les risques de retour en arrière ou de dérive obscurantiste et être en position d’avoir une vue plus globale sur la question du développement.
Cette idée nous la retrouvons encore dans la plateforme datant de 2003 à laquelle a été associé le Comité des Associations de Casablanca-Est (précurseur du Résaq) et qui a été le point de départ des ateliers de formation à l’analyse du travail de proximité autour desquels a démarré le réseautage dans différentes zones.
Nous pouvons toujours sentir au travers des textes que cette question des noyaux forts était intimement liée à l’idée d’autonomie et d’indépendance de ces noyaux. Mais nous ne retrouvons pas d’éléments suffisants pour étayer cette idée sauf de dire que ces éléments faisaient partie du domaine de la connaissance sensible des porteurs du projet.
Aujourd’hui cette forme d’organisation que nous ne retrouvons nulle part ailleurs doit être visitée.
A ce stade, l’expérience développée à Casablanca est une tentative de créer une dynamique associative de proximité multipolaire ou multicéphale où les différentes composantes sont imbriquées les unes aux autres à la base, et qui répond à certains besoins qui sont :
· Eviter la bureaucratisation en créant des contre pouvoirs
· Garder des structures légères, ce qui est aussi une façon de contrecarrer la bureaucratisation, sachant que cette dernière grandit en relation avec l’extension des structures dont les membres n’arrivent plus à dominer des relations de plus en plus complexes mais aussi de plus en plus routinières.
· Une plus grande ascension des cadres aux postes de décision
· Elle permet aussi de ne pas se disperser et de se concentrer sur des objectifs précis.
Il faut quand même ajouter que ce qui est dit ici ne reflète pas exactement la réalité de la dynamique multicéphale et que c’est beaucoup plus un schéma de ce vers quoi nous tendons.
En effet la réalité dont nous parlons est différemment perçue aussi bien au sein du Résaq qu’au sein des autres réseaux et comités.
Les réseaux sont à des niveaux d’évolution variés et chacun se recherche à sa manière. La vision que nous exposons ici a été perçue en tout cas à certain moment comme étant une forme de rejet. La démarche classique aurait consisté à créer une seule structure à l’échelle du Grand Casablanca.
Souvent les dynamiques de Casablanca se positionnent dans une situation d’attente par rapport à Résaq Grand Casablanca. Cette situation est ressentie côté Résaq comme étant perçue par les autres non seulement comme simple bailleur de fonds mais comme bailleur de fonds obligé de répondre à tous les besoins des autres réseaux et même de changer ses objectifs ou y inclure ceux des autres.
Il est vrai que Résaq Grand Casablanca occupe l’espace médiatique, que les autres acteurs du développement voient le tissu associatif de quartier à travers le seul Résaq. Et il est bien difficile de parler d’autonomie et de dynamisme quand on ne peut accéder à des moyens et à des opportunités qu’au travers d’un unique intermédiaire en passe de devenir l’interlocuteur unique des autres acteurs de développement bien que n’ayant que des objectifs limités par rapport aux objectifs de l’ensemble des réseaux.
De plus en dehors de la participation des autres dynamiques à la gestion des programmes de formation amenés par le Résaq ou par la participation des représentants des autres réseaux à des activités internes au Résaq il n’y a pas de cadre de concertation collectif. Les échanges ont lieu souvent dans un cadre bilatéral, toujours entre Résaq d’une part et l’un ou l’autre des autres réseaux d’autre part.
De ces problèmes et craintes on peut tirer des solutions à même de renforcer notre vision du réseautage.
* Chercher les moyens de dynamiser et autonomiser les réseaux existant
* Créer un cadre de concertation permanent entre ces différents réseaux
* Envisager à moyen et long terme la création d’une structure représentative de ces réseaux .
Comme beaucoup le savent Résaq est en relation avec divers réseaux et projets de réseaux dans d’autres régions du pays : Al-Hoceima, Fès, Khénifra, Azilal, Skhour Rhamana et Eljadida.
L’origine de cette relation vient de l’atelier autogéré par le Résaq sous le thème de « proximité et mobilisations sociales » lors de la tenue du Forum social marocain (deuxième édition) au cours du mois de juillet 2004.
Les participants ayant déclaré l’atelier « permanent » il s’en est suivi plusieurs rencontres dans d’autres villes et le maintien de contacts qui ont permis de renforcer les relations entre réseaux régionaux existants et de soutenir des actions de réseautage dans d’autres régions.
Aujourd’hui la relation entre ces dynamiques tourne essentiellement autour de la campagne de collecte de projets comme c’est le cas aussi avec les réseaux du Grand Casablanca.
La distance étant un élément objectif important, le fait aussi qu’il y avait des réseaux existants indépendamment d’une quelconque intervention du Résaq, la situation est tout autre de ce qu’il y a à Casablanca.
Cependant on peut retrouver les mêmes problèmes et craintes relevés à Casablanca.
Dans un cas, la situation d’attentisme vis-à-vis du Résaq et les contradictions internes ont eu un effet néfaste sur le réseau qui se trouve dans une situation de gel.
Il y a aussi des cas ou l’attentisme est mêlé à une méfiance, de peur de l’instrumentalisation de la part du Résaq.
Mais on peut dire que dans ce cas (comme dans celui des réseaux du Grand Casablanca) les tâches actuelles peuvent être résumées ainsi :
* Chercher les moyens de dynamiser et autonomiser les réseaux existants
* Créer un cadre de concertation permanent entre ces différents réseaux
* Envisager à moyen et long terme la création d’une structure représentative de ces réseaux.
Les pays du Nord, du Maghreb, du Moyen Orient, d’Afrique et de l’Amérique latine.
Nos rapports aujourd’hui avec des associations des pays du Nord se limitent à la Belgique : Solidarité Socialiste, Bruxelles Laïque et Na’oura.
Nous pouvons dire que dans une certaine limite, les rapports dont nous avons déjà parlé qui concernent les relations entre Résaq et autres réseaux principalement du Grand Casablanca, se retrouvent aussi dans nos relations avec nos amis de Belgique mais cette fois-ci inversés.
Avant de continuer il est peut être utile de rappeler que les différents réseaux de proximité de Casablanca se trouvent face à une structure qui a impulsé la dynamique, qui est assez forte et qui continue de jouer le rôle de principal animateur de la démarche.
La création du Résaq est tout autre. Si l’AMBDS a été depuis 1999 l’initiateur de la démarche de réseautage elle n’a jamais joué le rôle de l’animateur. Elle s’est contentée d’interpeller les associations et de mettre son capital relationnel au service des différentes structures qui ont été pour la plupart éphémères jusqu’à la constitution du Comité des Associations de Casablanca Est (ou Comité Casa Est). Exemple le partenariat entre l’AMBDS, Solsoc et l’Espace associatif où l’AMBDS a dès le départ délégué tous ses pouvoirs effectifs à ce comité avant de les déléguer de façon formelle et définitive au Résaq et de se retirer vers sa position naturelle qui est celle de simple association de quartier membre du réseau. Le Comité Casa - Est puis par la suite le Résaq en tant qu’héritier ont été donc les porteurs de leur propre projet (même s’ils on une dette symbolique envers l’AMBDS) et les élaborateurs de leur stratégie propre.
Même dans cette situation assez confortable, on peut dire que Résaq se trouve lui aussi dans une situation d’attente. Nos relations avec Bruxelles Laïque et Na’oura ont été établies depuis presque deux ans mais évoluent très peu car en attente d’un probable financement côté Belgique.
Nos relations avec Solsoc sont au beau fixe parce que nous sommes assurés d’un financement du partenariat jusqu’en avril 2008.
Mais nos amis de Solsoc sont certainement mal dans la peau de bailleur de fonds.
Si notre expérience suscite l’insert de nos amis, de notre côté nous ne portons aucun insert à leur propre expérience dans leur pays. Et disons qu’ensemble nous ne développons pas un processus d’échange et de construction d’une vision commune, et ce dans un contexte national et mondial qui exige de construire des fronts communs des mouvements sociaux.
Croire ou faire semblant de croire que nos réseaux de la proximité peuvent continuer à vivre et à croître dans un cercle fermé nous amènera un jour ou l’autre soit à être écrasé soit instrumentalisé.
Heureusement que ce qui est dit là est exagéré. Nous nous retrouvons à l’échelle des forums maghrébins et euro méditerranéens. Pour le moment une simple présence, mais elle doit être exploitée pour identifier les forces les plus proches de nous en terme de vision et de pratiques. Car la dominante dans ces structures (maghrébine et euro méditerranéenne) même si elle est représentative de structures luttant pour un monde meilleur, elle n’est que très peu représentative de structures émanant de mouvements sociaux bien ancrés dans des pratiques de proximité de base.
Grâce à Solidarité Socialiste nous avons aujourd’hui une ouverture sur l’Afrique subsaharienne où des associations ou réseaux travaillent sur l’axe d’appui aux organisations communautaires de base (OCB). Le Sénégal, les Iles du Cap Vert, la Guinée Bissau, le Burkina Faso et le Congo (RDC) connaissent des réseaux (dont Solsoc est partenaire) qui travaillent sur ce sujet à travers un programme appelé Fadoc (Fonds d’appui aux organisations communautaires). Ce même partenariat se retrouve dans des pays de l’Amérique latine .Ce concept d’OCB, rejoint quelque part celui de travail de proximité tel que nous le concevons et ce malgré la différence de contexte.
Il est opportun et urgent pour nous d’identifier ceux dont les pratiques et les visions sont proches des nôtres et de construire avec eux. Et d’apporter un appui aussi bien en terme d’échange d’expérience qu’en terme d’appui matériel là où dans le monde apparaît l’éventualité d’émergence de mouvements associatifs de la proximité.
Ceci nous amène à deux idées :
· La nécessité de créer des réseaux internationaux des structures associatives travaillant sur la proximité et en vue d’étendre la démarche dans les pays concernés et à d’autre pays : Maghreb, Afrique subsaharienne, Moyen Orient, Europe et autres pays du Nord, Amérique latine, etc.
· La recherche de moyens, c’est-à-dire de fonds, ne doit pas être la spécialité d’associations de tel ou tel pays, ni celle d’un seul réseau dans le même pays, mais une responsabilité collective.
Pour résumer les trois chapitres consacrés au réseautage (échelons local ou régional, national et international), on peut dire que notre démarche est la même partout :
* Chercher les moyens de dynamiser et autonomiser les réseaux existants
* Créer un cadre de concertation permanent entre ces différents réseaux
* Envisager à moyen et long terme la création d’une structure représentative de ces réseaux
* La nécessité de créer des réseaux internationaux des structures associatives travaillant sur la proximité et en vue d’étendre la démarche dans les pays concernés et à d’autre pays : Maghreb, Afrique subsaharienne, Moyen Orient, Europe et autres pays du Nord, Amérique latine, etc.
* La recherche de moyens, c’est-à-dire de fonds, ne doit pas être la spécialité d’associations de tel ou tel pays, ni celle d’un seul réseau dans le même pays, mais une responsabilité collective.
Dans cette partie nous allons aborder la question des partenariats. Nous sommes amenés à en parler aujourd’hui parce que nous y étions mal préparés et que de ce fait nous avons vécu des crises avec au moins un de nos partenaires avant de trouver la bonne réponse et résoudre la crise. Alors que si nous avions une stratégie claire de notre côté et si nos partenaires en étaient avisés d’avance, nous n’entrerions ensemble dans des actions qu’en connaissance de toutes les implications possibles.
Cependant il est peut être nécessaire de parler du Forum Associations Entreprises avant de parler des partenariats en général
Exemple de partenariat
Le Forum Associations Entreprises
L’historique
En 1999, le directeur général de l’entreprise Richbond (KarimTazi) comme d’autres personnes physiques (Kamal Lahbib et d’autres du Maroc, de France et de Belgique) ou morales (2001 : l’Espace associatif, puis l’Association des travailleurs maghrébins en France et en 2002 : la Fondation Friederich Ebert) se sont intéressés aux activités de l’AMBDS et les ont soutenues tout comme finalement Richbond commencera à partir de 2001 à soutenir les activités (journées d’étude sur l’environnement, le travail de proximité, les projections de l’Hermitage ) qui entraient dans le cadre de regroupement des associations de quartier.
Au sein de l’entreprise Richbond est posée l’idée d’organiser une rencontre entre l’ensemble de ses associations partenaires et de ses partenaires privés. Le concept mettra du temps à se préciser.
Deuxième semestre de l’année 2002 : les premiers contacts sont établis avec Solsoc et tournent autour des ateliers de la grille d’analyse du travail de proximité.
Novembre 2002 : à l’occasion de la présentation du nouveau bureau de l’Ambds, se tient une réunion à laquelle participent, en plus du bureau de l’association, Karim Tazi, Kamal Lahbib, Najia Zirari (l’Espace associatif) et Ouafa Moussa (La Fondation Friedrich Ebert).
A l’issue de cette réunion il est décidé de renforcer la diffusion de l’expérience de l’Ambds dans des zones ciblées de Casablanca. La première zone identifiée est le quartier de Sidi Moumen.
Ce choix est décidé sur la base du degré de marginalisation des populations de ce quartier et des risques de dérives intégristes ainsi que sur la base de l’opportunité que la proximité de la zone industrielle offre en potentiel de nouer des partenariats entre les associations et les entreprises (la zone ciblée sera élargie par la suite à toute la zone Est de Casablanca).
L’AMBDS se charge d’identifier les associations susceptibles d’être intéressées par le projet.
L’entreprise Richbond envisage d’organiser le salon des associations à l’échelle de toute la zone Est de Casablanca.
Les 29 et 30 décembre 2002, l’Espace associatif et l’AMBDS organisent deux journées d’étude à Bouznika pour faire le bilan de l’activité de l’Espace associatif et soumettre l’expérience de l’AMBDS à l’appréciation des associations.
En marge de ces deux journées d’étude, se tient une réunion regroupant une dizaine d’associations de la zone Est de Casablanca, l’Espace associatif, l’AMBDS, Richbond et une deuxième entreprise (à titre d’observateur).
Les membres de ce groupe d’associations se constituent en comité qui prépare et organise avec le soutien de l’Espace associatif deux journées d’étude à laquelle devaient participer en plus des associations de Casablanca Est, des entrepreneurs et les élus locaux.
Richbond offre une infrastructure de base pour le travail du comité (à signaler que ce soutien de plus en plus coûteux n’a pas cessé depuis)
Ce séminaire se tiendra les 28 et 29 mars 2003. Des représentants de la CGEM (Mohamed Lahlou et Karim Tazi) interviennent pour expliquer le projet de nouer des partenariats entre associations et entreprises. Les élus locaux sont absents.
De cette rencontre sortira le Comité des associations de Casablanca Est chargé de mettre en œuvre l’ensemble des recommandations.
Nous ne pouvons nous étaler sur l’ensemble des activités organisées par le Comité Casa Est.
Un mois et demi après la constitution de ce comité ont lieu les évènements du 16 mai 2003.
Juillet 2003 : l’AMBDS, Solsoc et l’Espace Associatif formalisent le programme quinquennal qui s’appuie sur l’idée d’identification et de renforcement de noyaux forts d’associations de quartier dans les diverses zones de Casablanca et à moyen terme de créer une jonction entre ces derniers et ceux d’autres villes et dans des zones rurales.
Toujours en juillet 2003, est créée au sein de la CGEM la Commission Entreprise et proximité sociale (CEPS) dans le but de sensibiliser le monde patronal au concept de responsabilité sociale. Dans ce cadre cette commission décide aussi de soutenir les activités du Comité Casa Est et d’organiser avec lui le premier Forum Entreprises Associations qui était auparavant un projet de Richbond.
Résaq et la CGEM en sont aujourd’hui à la préparation du troisième Forum Associations Entreprises
Maintenant si nous voulons déterminer les objectifs du Forum, il suffit de dire que c’est aider à promouvoir la démocratie dans les quartiers, c’est soutenir l’émergence de leaders de quartier. Le monde associatif et celui de l’entreprise ne partagent certainement pas la même vision du monde. Et objectivement ils n’ont en tous cas pas les mêmes missions ni les mêmes objectifs ; ils pourront même un jour se retrouver dans des situations de divergence profondes, sinon dans des positions antagoniques mais ils se retrouvent aujourd’hui autour de cet objectif. Il est évident que la réalisation de cet objectif entre en synergie avec les objectifs spécifiques de chacun des deux partenaires.
Je pense que nous devons bien saisir d’abord l’importance de ce partenariat pour chacune des deux parties, saisir aussi que ce partenariat est quasi révolutionnaire en matière d’alliance sociale à la base, c’est-à-dire alliance entre leaders de quartiers et chefs d’entreprise. Que c’est aussi un acte d’engagement d’une grande importance sur la scène politique marocaine
On peut parler aussi d’instrumentalisation. L’instrumentalisation existe, volontairement ou pas. L’instrumentalisation peut être le fait de la méconnaissance. Il n’y a pas d’expérience de ce genre au Maroc. Mais ce qui est sûr c’est que l’instrumentalisation est mutuelle. Et je crois que le système politique au Maroc étant ce qu’il est, la CGEM a beaucoup à perdre en se mettant à table avec le Résaq.
Nous devons tenir compte que dans ce partenariat et tant qu’il sert les objectifs du Résaq, nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de notre partenaire, de ses objectifs et contraintes, tout comme lui aussi nous prend en compte.
Jusqu’à présent la CGEM a pris en compte et sans difficulté que nous introduisions dans notre partenariat d’autres partenaires associatifs. Alors que les propositions de la CGEMont été d’abord mal perçues de notre côté et que nous sommes arrivés à une situation de crise, avant de pouvoir trouver une issue.
Pour éviter de telles situations il nous faut aujourd’hui arriver à clarifier notre démarche sur la question des partenariats
Nature des partenariats :
* Partenariats de courte durée : les divers projets avec des entreprises publiques ou privées ou avec l’Ambassade des Pays-Bas
* Partenariats durables ne touchant qu’un ou quelques axes de la vision : exemple : le partenariat avec la Cgem sur le Forum Associations Entreprises
* Partenariat stratégique touchant l’ensemble de la vision : exemple : le partenariat avec Solsoc sur le programme action Maroc
* Partenariat direct entre Résaq et un autre partenaire
* Partenariat limité dans le temps sur une activité faisant déjà l’objet d’un partenariat : exemple : « Association X et Association ou Organisme Y organisent en partenariat avec la Commune Z le 7ème Festival des arts populaires »
* Partenariat inégalitaire : exemple le parrainage par une institution.
Nature des partenaires :
* Etatiques : un Etat quelconque
* Organismes interétatiques : l’Onu, l’Union européenne, l’UMA, la Ligue Arabe, mais aussi Banque mondiale, Fmi etc.
* Partis politiques et syndicats
* Fondations, ONG ou associations étrangères
* Associations marocaines.
Il est difficile d’émettre dans l’abstrait des positions tranchées, mais nous pouvons dire que par principe nous refusons le genre de partenariat suivant :
* Le parrainage par une institution de quelque nature que se soit
* Le partenariat avec les gouvernements américain ou israélien, ou soutenu par des fonds provenant directement de ces Etats, tant que l’un maintient son actuelle intervention dans le monde et que l’autre n’est pas arrivé à résoudre son problème avec le peuple palestinien
* Le partenariat avec des dictatures militaires ou des régimes ne satisfaisant pas un minimum de démocratie.
* Naturellement les partenariats avec des associations avec lesquelles nous ne partageons pas des valeurs sociétales
* Les partis politiques et syndicats bien que nous puissions nous retrouver avec eux sur des positions communes par rapport à des évènements.
Par contre on peut dire :
* qu’on ne peut refuser par principe un partenariat avec l’Etat marocain ou une entreprise privée. Le tout dépend seulement du contenu du partenariat
* qu’on ne peut construire un partenariat stratégique qu’avec une association, une ONG, avec laquelle nous partageons l’ensemble des valeurs universelles.
Les problèmes, si problèmes il y a, peuvent survenir avec des partenaires nationaux avec lesquels nous pouvons construire des partenariats durables autour d’un ou quelques axes déterminés sans partager nécessairement une vision d’ensemble ne serait-ce que sur l’appréciation de la conjoncture politique.
Peut-on dire qu’on ne peut bâtir un partenariat qu’avec des structures qui partagent avec nous la même analyse du système politique marocain ?
Le partenariat avec un autre partenaire doit-il répondre à notre seule analyse, à nos seuls objectifs ?
Ou bien doit-il prendre en compte l’analyse et les intérêts propres du partenaire sachant que ce partenariat n’est de toute façon pas stratégique ou en tout cas pas de portée moindre ? Et par conséquent quelle marge de manœuvre laissons-nous à notre partenaire et quelle marge de manœuvre nous laisse-t il ?