Cent pour cent noir sur blanc, par Antonio de la Fuente
La couverture de Respect Mag daté octobre-novembre 2011 affiche ce bandeau : 100 % Noirs de France. Voulant dire que la publication est entièrement consacrée à cette communauté. Dans les colonnes de Marianne, Laureline Dupont, s’en offusque : « Les associations antiracistes auraient crié au scandale si un magazine aurait eu la mauvaise idée de tamponner sa Une d’un bandeau : 100 % Blancs de France ».
L’affaire a fait couler un peu d’encre mais a eu le mérite de reposer la question de la place de la diversité sociale et culturelle dans les médias. Un thème qu’ITECO porte depuis des années, qui a fait l’objet de deux numéros d’Antipodes en 2008 et 2010 et dont la présente publication tente de donner une synthèse.
Y a-t-il lieu de réclamer plus de diversité dans les médias de masses ? Y a-t-il lieu de demander notamment un autre traitement de cette diversité ?
Pour revenir à la question de départ, qui, de Respect Mag ou de Marianne, a raison dans leur polémique ?
Il semble significatif que la chroniqueuse de Marianne ne voit pas le fait que placer un bandeau 100 % Blanc sur son magazine est inutile, tautologique même, dans la mesure où cela viendrait expliciter ce qui est suffisamment explicite. Puisque, comme le montre bien l’étude de l’Association de journalistes professionnels que nous publions dans ce numéro, la presse est presque unanimement blanche.
Cela saute aux yeux et pourtant des gens concernés de prime abord par la question ne le voient pas ainsi.
Ce que le bandeau 100 % Noirs de France met en évidence est le fait que pour une fois une communauté régulièrement sans voix au chapitre voit qu’une publication lui est entièrement consacrée. Fait tellement rare qui est vite perçu comme choquant pour les tenants de l’ordre médiatique.
Loin de nos intentions bien évidemment de demander l’octroi de quotas ethniques dans un quelconque média. Ni de vouloir remanier le visage composite de la société dans les pages des journaux ou sur les écrans à contre-courant des réalités de terrain.
Le propos est tout au contraire d’essayer d’accompagner l’indispensable remise en question sur la place de la diversité sociale et culturelle et le traitement de celle-ci. Les acteurs sociaux font évoluer la réalité.
Les messages qui décrivent cette évolution et ceux qui les produisent et contrôlent doivent aussi évoluer. Se défaire des automatismes révolus et assumer que les contenus médiatiques peuvent être facteurs d’exclusion ou vecteurs d’inclusion. Et cela, c’est 100 % noir sur blanc.
Bonne lecture.