Lors d’un projet pilote mené entre 1997 et 2002 dans plusieurs petites villes rurales et des quartiers urbains du Chili, le programme Impulsa a mis au point une nouvelle conception de travail qui vise aussi bien les personnes affectées par des situations de pauvreté que les personnes collaborant aux changements de cette situation, à savoir les professionnels et les dirigeants des communautés.
Pour lutter contre les conditions de pauvreté matérielle et immatérielle, le développement local y est envisagé comme une interaction dynamique et créative entre les capacités des personnes, des familles, des organisations et des communautés qui habitent dans un territoire, les ressources du territoire et les opportunités extérieures. Le programme a créé des écoles de dirigeants pour renforcer la participation des organisations de base dans la définition de stratégies de développement à échelle locale et des actions de formation des professionnels actifs dans la mise sur pied de politiques pour dépasser la pauvreté. Alliant pratique et théorie, le programme a permis de dégager un modèle d’analyse et des méthodes dans la vision d’un développement basé sur le capital humain, la philosophie du langage lié à la pauvreté et au développement local, la construction d’une réflexion systémique et la construction de systèmes économiques locaux.
Le concept du « communautaire local » pointe un ensemble de conditions culturelles, sociales, économiques, environnementales et physiques associées au territoire où vivent et travaillent les personnes. L’hypothèse principale en est que les conditions associées au territoire (le local) affectent l’expansion des capacités et vice versa. En d’autres termes, il y a une relation systémique entre les capacités du territoire et les conditions associées.
Pour Impulsa, un agent de développement local (ADL) a le rôle d’articuler, de conduire, de coordonner et d’animer un processus de développement à l’intérieur de son institution, d’une communauté, d’un territoire. Pour mener son travail, l’ADL doit continuellement se décentrer pour continuer à se former et permettre à d’autres de se former et de devenir eux-mêmes des facilitateurs de processus.
L’accent est mis sur le renforcement des capacités sur le plan individuel, organisationnel et institutionnel aussi bien pour l’animateur que pour les personnes et les organisations avec lesquelles il travaille. Quatre types de capacités à développer ont été identifiées ; il s’agit des capacités d’indépendance (ou d’autonomie), d’interdépendance (de mise en relation), d’effectivité (d’organisation pour l’action) et d’affectivité (de mise en confiance). Le tableau ci-dessous présente les principaux indicateurs pour chaque niveau de développement et de capacités :
Capacités pour le développement local
En termes de développement organisationnel
| Capacité d’indépendance |
Avoir un rôle dans la prise de décisions et avoir des responsabilités dans l’organisation. Capacité pour faire face aux situations de manière autonome. |
| Capacité d’interdépendance |
Avoir un réseau de contacts et la capacité de négociation. Capacité d’ouverture et de vision d’alternatives, capacité de mettre en relation des organisations différentes. |
| Capacité d’effectivité |
Planification d’actions et résolution de conflits. Savoir réaliser différentes tâches avec de bons résultats. Savoir mettre des priorités dans l’action et surmonter les échecs. |
| Capacité d’affectivité |
Valoriser la construction de liens de confiance et de contextes amicaux.Savoir faciliter des liens amicaux et de proximité entre les membres de la communauté locale. |
En termes de développement territorial
| Capacité d’indépendance |
Rôle actif dans la mise en place d’initiatives pour le développement du territoire.Leadership, développement et exécution de plans de travail au sein de l’association et sur le territoire. |
| Capacité d’interdépendance |
Coordination des forces en fonction d’objectifs communs. Savoir créer des relations avec de nouvelles institutions et organisations ; souplesse et créativité dans le développement d’initiatives sur le territoire. |
| Capacité d’effectivité |
Planification d’activités et développement de capacités dans le territoire qui permettent de vitaliser les organisations en fonction des résultats à obtenir. |
| Capacité d’affectivité |
Valoriser le développement de relations agréables, la construction de confiance pour le développement d’initiatives territoriales. |
En termes de développement personnel
| Capacité d’indépendance |
Assurance pour exprimer des idées, autonomie pour réaliser des tâches, capacité de prise de décisions. |
| Capacité d’interdépendance |
Avoir une bonne relation avec les autres : savoir écouter, tolérer les différences, savoir dialoguer, négocier et résoudre des conflits. |
| Capacité d’effectivité |
Savoir réaliser des actions avec assurance. Savoir affronter les situations avec tranquillité. Etre motivé pour faire avancer les choses. |
| Capacité d’affectivité |
Assurance, bonne humeur, confiance en soi-même. Savoir capter l’humeur des autres. Avoir de bonnes relations familiales. |
