La sensibilisation selon le Centre de médiation des Gens du voyage et des Roms de Wallonie, par Ilheim Abdeljelil
Sensibiliser c’est rendre sensible une personne ou un groupe de personnes à quelque chose, un sujet qui ne suscitait pas d’intérêt particulier au départ ou d’approfondir les connaissances à propos de celui-ci.
Pour le Centre de médiation des Gens du voyage et des Roms en Wallonie, il s’agit donc bien de sensibiliser d’une part à la question des Gens du voyage, de l’autre à celle des Roms. Et, au-delà de la volonté d’informer et de faire connaître ces deux populations, il y a avant tout la volonté de faire reconnaître celles-ci ; reconnaître l’une et l’autre de manière bien distincte.
Il y a dans le travail de sensibilisation deux dimensions, deux aspects à considérer : l’information et aussi (ou surtout) la déconstruction des préjugés.
Plusieurs mécanismes contribuent au phénomène de la discrimination. Citons notamment les préjugés et la stigmatisation dont la meilleure alliée est assurément l’image, et sa capacité avec laquelle elle s’insinue dans notre imaginaire.
L’imaginaire est probablement un lieu où commence l’histoire de la discrimination des Gens du voyages ou celle des Roms.
Atteindre l’imaginaire, soulever ces préjugés et briser les mécanismes qui les mettent en place, autant de défis pour la sensibilisation, avec notamment comme objectif : éclairer le grand public sur l’importante et constante confusion entre les Gens du voyage et les Roms.
Pourquoi des photographies dans une exposition relative à la question rom ?
Parce que l’image et la photographie plus particulièrement ont un pouvoir inestimable en rapport avec la communication. Mais c’est un pouvoir à double tranchant.
D’un côté l’image a le pouvoir d’atténuer, d’effacer partiellement ou totalement une vérité, ou de n’en raconter qu’une partie. L’image devient un outil. Un outil tranchant ! qui contribue à la construction des préjugés, qui renforce la stigmatisation et la discrimination.
Si par rapport aux Roms, elle sème habituellement la confusion voire la crainte et la peur de l’autre, nous avons la volonté de l’utiliser comme outil, témoin de la vérité, permettant de montrer ce qui est juste, ce qui est là !
Et ce qui est là, est plus humain et porteur d’espoir que ce qui nous est montré quotidiennement concernant les Roms.
Il était important pour le Centre de médiation de montrer les Roms que l’on ne voit pas, ceux qui se sont levés pour rester debout, ceux qui se sont si bien intégrés : ceux qu’on ne voit plus comme Roms, mais comme citoyens.
Nous avons voulu travailler avec ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est beau. C’est pour cette raison que nous avons choisi de montrer les images de Virginie N’guyen Hoang, qui nous livre dans cette exposition, un regard humain sur une population à la fois « déshumanisée » et « sans voix ».
Si les photographies parlent d’elles-mêmes, il semblait important pour le Centre de Médiation de donner la parole à ceux « sur » qui on parle et « sur » qui on écrit habituellement - par le témoignage de porte-parole roms en provenance d’ex-Yougoslavie et de Roumanie, des témoignages poignants qui révèlent la force et la lumière qui brille dans la culture rom.