Présentation : De qui parle-t-on ?

Mise en ligne: 17 mars 2014

Tenter de comprendre la question rom revient avant tout à se demander : de qui parle-t-on ?, par Ahmed Ahkim

Ce qu’il est convenu désormais d’appeler la « question rom » défraie régulièrement la chronique au travers le plus souvent d’événements banals mais tragiques mis en évidence par l’emballement politico-médiatique.

Celui-ci s’est illustré récemment lors de l’’affaire Berlusconi et de son régime d’exception pour les Roms et lors de l’affaire Sarkozy stigmatisant les Gens du voyage et expulsant les Roms installés illégalement en France, en passant par la regrettable « affaire de l’ange blond » en Grèce, affaire tout droit sortie d’un autre âge.

Ce déchaînement passionnel trouve aussi écho dans des « petites » affaires moins médiatisées sur le plan national et international mais n’en constituant localement pas moins l’expression de peurs, d’angoisses voire de haines au niveau local. C’est dire l’importance des représentations, profondément ancrées en nous à la simple évocation des Roms. Tenter de comprendre la question rom revient avant tout à se demander : de qui parle-t-on ?

Ce dossier se veut une tentative pour répondre à cette dernière question en convoquant des personnalités chacune experte dans son domaine.

L’intervention d’’Alain Reyniers défriche notre imaginaire et nous aide à repérer la structure historique, culturelle et politique de cette population singulière.

Karin Waringo met en exergue la véritable jungle administrative et réglementaire dans laquelle sont prises beaucoup de familles roms en provenance d’ex-Yougoslavie.

Alain Brossat revient sur le rôle déterminant de l’Etat dans la définition même du problème.

Tatiana Sirbu, partant de l’histoire des Roms de Moldavie, illustre parfaitement la tragédie souvent silencieuse vécue par les populations roms.

Les Roms sont profondément ancrés dans nos sociétés et, à ce titre, leur situation est emblématique des catégories les plus fragilisées de notre société. Luc Lefèbvre (droits des plus pauvres), Bernard De Vos (droits de l’enfant) et Guy Fays (défense des travailleurs) reviennent chacun sur ces facettes singulières de la situation des Roms aujourd’hui en Europe.

Enfin, Ilheim Abdeljelil, dans une optique résolument tournée vers l’avenir, nous explicite sa démarche de sensibilisation à la question rom.

Ce dossier, s’il est loin d’être complet, donne une compréhension relativement juste et profonde de ce que nous espérons ne plus appeler « question rom » à l’avenir.

Bonne lecture.