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A regarder les images publicitaires concernant
le tiers monde publiées par les ONG on dirait
qu’en Afrique, Asie et Amérique du Sud il y a
seulement des enfants. Il est vrai que la population
des pays du tiers monde est jeune et que
l’espérance de vie moyenne de ses habitants
est moindre que celle des habitants des pays
riches (49 au Nigeria contre 85 au Japon, si bien que des millions
d’individus devraient décéder avant d’atteindre
40 ans, principalement en Afrique
subsaharienne et en Asie du Sud). Ainsi, sur la
belle photo affichée par Médecins sans frontières
à l’occasion de la fête des mères, un nouveau-
né entre les jambes de sa mère venait
rappeler l’inégalité des femmes et des enfants
du monde devant la maternité.

Sur quinze insertions publicitaires des ONG
demandant des dons en faveur des populations
du tiers monde publiées dans le
quotidien madrilène ABC (24, 25 et 26 janvier
1998), dix reprenaient des images d’enfants
noirs ou jaunes. « Sa vie est dans tes mains »,
« Ne m’abandonne pas », « Ma maison c’est la
rue. Je vole ou je mendie pour pouvoir manger.
Lorsque j’ai faim ou je suis triste, je me drogue
avec de la colle ». « Pour ces enfants,
vivre c’est une loterie. Tant et si bien que leur
sort dépend aussi d’un coupon ».

Pas un adulte, pas une seule personne âgée. Le
tiers monde est un enfant « abandonné, affamé,
exploité, violé, oublié », selon la publicité de
Terre des hommes publiée dans la Tribune de
Genève, ou alors « sous-alimenté, sous-éduqué,
sous-médicalisé », d’après celle de Pharmaciens
sans frontières, publiée dans Libération,
qui conclut ainsi : « Quand on n’a plus
rien, on a besoin de pharmaciens ».