Une course au Sahara

Mise en ligne: 15 mars 2007

Dans un endroit reculé du Sahara, 200 mille réfugiés attendent depuis trente ans une solution politique à leur situation. Ils organisent chaque année le marathon du Sahara pour récolter du matériel sportif et sanitaire pour les enfants sahraouis

Le marathon du Sahara est un
événement sportif international de solidarité avec le peuple sahraoui. Sa septième édition s’est tenue cette année 2007. Conduit par le Comité sportif sahraoui et organisé par des volontaires issus du monde entier, le marathon du Sahara comporte, en plus de la distance standard (42 195 m), des distances plus courtes, de 20, 10 et 5 km, ainsi qu’une course pour les enfants, conçue pour promouvoir l’activité sportive des jeunes sahraouis et financer un programme humanitaire, à savoir la création d’un centre sportif.

Située à proximité de Tindouf, sur le territoire algérien, à deux pas du Sahara occidental et de la Mauritanie, une zone frontière accueille 200 mille réfugiés sahraouis depuis plus de trente ans. Chaque camp de réfugiés est une willaya, une petite ville, qui porte le nom correspondant à une ville abandonnée au Sahara occidental.

A Dakhla, le sable crée des dunes majestueuses mais la plus grande partie de l’espace autour est la hamada (désert pierreux), où le climat est toujours soit extrêmement chaud, soit extrêmement froid.

Quiconque se promène dans un camp, ne se sentira jamais seul. Il rencontrera les gens, les enfants voudront le connaître, les gens s’arrêteront pour lui parler, on lui offrira le thé, la marque de l’hospitalité des Sahraouis. Il est de tradition de boire au moins trois tasses. Les Sahraouis aiment dire que la première est amère comme la vie, la seconde est sucrée comme l’amour et la troisième douce comme la mort.

Cet événement est bien plus qu’une simple course, il essaye de promouvoir la prise de conscience des besoins en soins médicaux et en nourriture des enfants sahraouis. Le trajet relie symboliquement les trois camps de réfugiés de Smara, Aouserd et El Ayoun et conduit les coureurs à travers le désert qui a été la terre des réfugiés pendant trente ans.

Lors du précédent marathon en février 2006, 200 participants ont couru les quatre courses différentes au cours d’une belle journée ensoleillée, à différence de l’édition 2005, lorsqu’une tempête de sable avait rendu la fin de la course très difficile pour les participants. L’ancien coureur espagnol Abel Antón, double champion du monde de marathon, est intervenu au cours de la conférence de presse pour dire qu’il était conscient de la situation des Sahraouis et du message humanitaire et sportif de ce marathon. Il a d’ailleurs couru la course de 21 km.

Sable et pluie

La course des enfants était sponsorisée cette année par l’Association internationale des marathons et courses sur route, qui a fourni les t-shirts et les médailles pour les mille enfants participants. Répartis par âge et classe, les enfants ont couru les 800 mètres qui séparent les jardins de Smara de la ligne d’arrivée du marathon. Ils ont reçu des petits prix, comme du matériel scolaire et de dessin, des petits jouets et des friandises. A la fin, ils ont également reçu de l’eau et des oranges et ont assisté à un spectacle de clowns et de musique.

Grâce au marathon, 12 000 euros ont été récoltés. Ils ont été remis au ministre des sports pour permettre la construction du centre sportif d’Aouserd. Enfin, 1 000 euros de médicaments ont été apportés à l’hôpital du campement de réfugiés de Dhakla.

Quelques jours avant la course, les campements sahraouis ont été frappés par de fortes pluies, inhabituelles dans cette région, qui ont causé de réelles inondations. Un tel évènement n’avait pas eu lieu depuis 12 ans. L’eau a détruit les maisons faites de briques de sable, a emporté les tentes et a détruit beaucoup de bâtiments publics, comme des hôpitaux et des écoles, laissant 50 mille Sahraouis sans abri. Il n’y a pas eu de morts, peu de blessés mais énormément de dégâts matériels. Malgré toutes ces difficultés, le moral était bon et les Sahraouis ont accueilli les participants, pour la plupart des Espagnols et des Italiens, en offrant, comme d’habitude, leurs tentes, leur compagnie et leur thé.

A cause de quelques photos du marathon du Sahara, l’exposition tournante du World Press Photo n’a pu avoir lieu en 2006 au Maroc. Les autorités marocaines ont mis leur veto à l’exhibition du reportage du photographe espagnol Benito Pajares. La raison : le drapeau sahraoui flottait au vent sur une des images.

Extrait de Sahara Marathon