I, comme Innovation

Mise en ligne: 15 mars 2013

L’important n’est pas la technologie mais ce que l’on peut atteindre à travers elle, par Paulo Nuno Vicente

« Il n’y a pas d’endroit comme 127.0.01 ». Le paillasson nous souhaite la bienvenue à sa façon technologique. Trois ou quatre pas plus loin, le souffle de l’air conditionné dans ce quatrième étage de la Bishop Road, à Nairobi, donne le frison et nous transporte via l’épiderme dans un microclimat bien distant de l’aridité des rues de la capitale du Kenya.

Des fauteuils et des poufs, des bureaux remplis des portables sans fils, des kickers et une étagère à livres : Futures of technologie in Africa, Design to thrive, Web standars solutions.

Et comment ne pas remarquer ce qu’on appelle ici « l’affaire qui réussi le mieux de toute la ville ». C’est vrai, rien de tel qu’une tasse de thé ou de café pour catalyser la concentration devant des colonnes interminables de code binaire.

C’est l’iHub, un endroit-réseau, mélange de espace de travail et de communauté ouverte pour technologues, programmateurs, investisseurs et designers. C’est ici que, ce samedi matin, nous rencontrons Daudi Were, directeur de projets de Ushahidi, la plateforme de logiciels libres spécialisée dans la récolte de information éparse en vue de lui donner la forme d’une carte interactive.

Daudi se rappelle de la façon dont tout a commencé, en décembre 2007, pendant une vague de violence préélectorale au Kenya. Il assume que le plus important dans l’innovation n’est pas la technologie mais bien ce que l’on peut atteindre socialement à travers elle.

« La technologie représente à peine dix pour cent de la solution. Les interactions, les partenariats, la création de contenus, le fait de savoir quelle histoire raconter, tout cela joue un rôle plus important. Nos réseaux sociaux vont plus loin que l’espace de la technologie. La question est de savoir stimuler la participation citoyenne directe, la démocratisation des flux d’information ».

A sa manière, Ushahidi (témoignage, en swahili) essaie d’être une manière de réinventer des modèles sociaux qui ont stagné et de créer des nouvelles organisations en réponse à des besoins sociaux.

« Transparence, responsabilité, relier les citoyens aux décideurs politiques et vice-versa. Non seulement à des moments de crise. Si les citoyens savaient qui est directement responsable pour telle ou telle route à Nairobi et combien d’argent y fut investi, ils pourraient prendre des décisions informées. Nous pouvons initier ce processus sur base d’informations officielles. Après, nous entamons un processus de filtrage à travers l’intelligence collective ». Ils l’ont fait partout, de la Somalie à Haïti, de Gaza au Golfe de Mexique.