U, comme Ubuntu

Mise en ligne: 15 mars 2013

Ana, Cátia, Filomena..., par Mafalda Gameiro

Face à moi se trouvaient trois femmes unies par la volonté. Je les ai écoutées. Ana est prudente et réservée. Catia est impulsive et transparente. Filomena est très portugaise de par son accent et sa façon de parler. Je venais de trouver les protagonistes pour mon reportage. Il est essentiel de montrer à ceux qui passent leur temps à se plaindre sur leur sort que nous pouvons tous prendre notre vie en main.

Ana est née à Setúbal et a des origines capverdiennes. Derrière une voix et un tempérament doux, se révèle une femme qui a pris les rênes de la maison depuis toute petite. Dès l’âge de huit ans, elle devait s’occuper de son frère, mettre la table, faire les lits et laver les vêtements. Elle aidait souvent sa mère qui était alcoolique et, au lieu de lui reprocher son attitude, elle a appris à la comprendre et la pardonner.

Catia est d’origine capverdienne, mais elle est née au Portugal. Elle a grandi dans un quartier populaire de Lisbonne. Penchée sur son balcon du septième étage d’un immeuble où elle vit depuis toujours, elle rêvait d’aider tous ceux qui sont victimes de l’abus de pouvoir des plus puissants. Elle souffrait de voir les policiers s’en prendre à ses voisins, ainsi qu’à des mères et enfants. L’innocence de sa jeunesse n’a pas pu trouver de réponse à de telles atrocités. Elle a donc voulu aider ceux qui l’entouraient. Elle a souhaité mettre un terme aux stigmatisations qui freinent ceux qui veulent s’en sortir, mais qui se trouvent prisonniers parce qu’ils vivent dans une zone sinistrée. Son quartier souffre de criminalité, trafic de drogue et délinquance, bloquant sans pitié ceux qui ne trouvent pas leur place dans ce monde marginal ou ceux qui désirent changer de vie. Catia étudie et travaille.

Filomena a des origines bissau-guinéennes, mais elle est très portugaise dans sa façon de se comporter. Elle nous a reçus dans son foyer. Elle vient d’avoir une maison. Elle ne s’était jamais couchée auparavant dans un fauteuil lui appartenant, n’avait jamais dormi dans un lit à sa juste mesure, ni profité d’une cuisine rien qu’à elle. Elle a regardé le toit, les murs et le sol, comme des biens lui appartenant. Toute sa vie, elle a vécu dans des institutions. Ses parents l’ont confiée à La Sainte Miséricorde de Lisbonne. Elle a appris pour le meilleur et pour le pire. Elle ne s’est pas réduite à l’insignifiance que certains ont voulue pour elle. Elle n’a pas baissé les bras. Aujourd’hui, elle vit pour les autres. Elle est assistante sociale. Elle a pardonné la décision de ses parents. Elle est heureuse.

Ana, Cátia et Filomena sont des exemples de personnes qui donnent sans attendre rien en retour. Elles ont été invitées à intégrer une école de valeurs, l’Académie Ubuntu, projet créé pour la Fondation Calouste Gulbenkian. Elles ont appris à approfondir des sentiments et actions altruistes. Elles doivent développer des projets ambitieux d’autonomisation sociale.

Savoir rendre service est aussi quelque chose qui s’apprend.