Le printemps de Damas se fait attendre, par Margarida Santos Lopes
Youtube : site qui permet aux utilisateurs de charger et partager des vidéos en format digital. Le mot provient de la combinaison de « you » (« tu » en anglais) et « tube » (qui signifie « transmission » en argot).
Mon délit ? Avoir créé le forum Jamal Atassi, un espace de discussion sur Facebook pour exiger des réformes. Les vidéos que nous avons partagées dénonçaient l’oppression. Le régime m’a privée de cette existence virtuelle. Nous espérions un « Printemps de Damas » après l’arrivée au pouvoir du fils de Hafez, mais nous avons fait face à un univers de silence, avec une double terreur. D’une part, la colère résultant de la détérioration des conditions de vie, de la corruption et la répression. D’autre part, la peur : les persécutions, interrogatoires, pressions sur les membres de la famille, la prison sur base de fausses accusations.
En avril 2011, à Homs, j’ai vu comment il était possible de briser la barrière de la peur. L’espoir est revenu. Les gens ont réalisé qu’ils peuvent, par eux-mêmes, retrouver leur humanité.
Je suis resté en prison pendant 40 jours. La pire des tortures était psychologique. L’expérience de l’isolement dans une cellule minuscule, sans avoir droit à un avocat, était juste horrible. J’ai voulu mourir à plusieurs reprises. J’ai attendu trois mois pour m’enfuir de Syrie : je suis allé en Jordanie, Egypte, au Liban, et enfin aux Etats-Unis. Maintenant, à New York, je coordonne le programme arabe Cyberdissidents.org, qui diffuse la voix des blogueurs pro-démocratie au Moyen-Orient. Suhair Atassi est un dissident courageux qui a influencé de nombreux jeunes militants. Il a été le premier à organiser des manifestations et révoltes contre Bashar. L’Occident devrait les soutenir pour l’avenir de la région.