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Mise en ligne: 1er septembre 2017

Manières d’accommoder le turban

« Tolérance, il y a des maisons pour ça »... Il s’agit d’une de ces citations attribuées à tant d’auteurs —en l’occurrence, Claudel, Bernanos, Clemenceau— qu’on n’est pas sûr qu’elle ne soit apocryphe…

On peut la paraphraser en disant qu’il y a peut-être des sociétés mieux disposées pour la tolérance, même si la plus intolérante des sociétés n’existerait pas sans intégrer une dose de tolérance parmi les règles qui l’organisent. Aussi, une société intolérante tolère des comportements intolérables.

Quoi qu’il en soit, on désigne par « accommodements raisonnables » les tentatives d’une société de s’accommoder des exigences des minorités en son sein en vue d’une plus grande égalité des chances.

L’expression est née au Québec dans les années nonante à propos notamment du cas emblématique du turban des Sikhs. Pour rappel, la société canadienne s’est accommodée de l’exigence des Sikhs —des membres d’un groupe originaire de l’Inde du nord— de pouvoir garder leur turban même en exerçant des fonctions telles que celles de policier ou de gardien, pour lesquelles le port d’un casque est requis.

La notion a marqué les esprits et s’est étendue ensuite dans d’autres pays et notamment en Europe. On peut trouver un précédent dans la notion de « transaction sociale » élaborée à l’UCL par Rémy, Voyé et Servais dans les années septante, entendue comme « l’effort d’adaptation, de négociation et de résolution de conflits apparus dans la vie sociale ».

Il est dès lors possible que ces accommodements raisonnables soient des phénomènes de gestion des conflits sociaux mis à l’œuvre un peu partout et de tout temps et qui sont présentés comme des gages de la bonne volonté sociétale pour améliorer une coexistence plus ou moins tendue entre des groupes divers.

De toute manière, l’actualité nous fournit quotidiennement des exemples à profusion du fait que, comme conclut Guy Bajoit, « la tolérance est un fort beau principe culturel, mais son application concrète est souvent très malaisée ».

Bonne lecture.