Outil d’éducation au développement ?, par Edith Sizoo
Au cours de ces dernières années, les organisations européennes spécialisées dans la sensibilisation de l’opinion publique aux questions de relations Nord-Sud cherchent de nouvelles méthodes pour améliorer la compréhension des peuples du dit Sud et leurs relations avec les Européens.
Au lieu de présenter une image de ce que n’ont pas les peuples du Sud ( industrialisation, démocratie, développement, bienêtre matériel, pouvoir ), on vise à montrer plutôt qui ils sont et ce qu’ils veulent être. Cela implique une compréhension plus profonde d’autres façons de concevoir l’existence humaine, la vie, la société, la relation à la nature et au supra-naturel. Tout cela est enchâssé dans les cultures au sens large et s’exprime aussi bien sous forme d’organisation sociale que par les beaux-arts et la littérature.
L’intolérance et le racisme sont fortement liés à la peur de l’altérité des autres. Pour surmonter cette peur, il importe de mieux connaître cette altérité, de déterminer dans quelle mesure les gens diffèrent et de trouver un terrain commun pour se rencontrer sur un pied d’égalité. Cette connaissance ne s’acquiert pas seulement par un processus rationnel. La volonté d’acquérir cette connaissance, l’ouverture du cœur, démarre quelque part « dans les tripes ». Cela se réalise par le biais d’expériences personnelles, par la communication et l’échange, et non pas uniquement par l’information.
Les arts des peuples du Sud peuvent-ils y aider ? Il y a des ONG d’éducation au développement qui en sont convaincues. Et ainsi elles se sont mises à organiser des événements culturels ou même de grands festivals colorés. Considérés comme un moyen d’attirer l’attention sur la richesse culturelle des peuples du Sud, ces événements doivent contraster avec l’image misérabiliste souvent propagée par les médias.
Cependant, cette nouvelle approche n’est pas toujours applaudie, ni par tous les militants tiersmondistes ni par tous les bailleurs de fonds. Il y en a qui y objectent qu’on court le danger de se servir de la culture pour détourner l’attention de la nécessité de réaliser des changements économiques et politiques dans les rapports de force entre le Nord et le Sud. D’autres craignent qu’en réduisant la culture à ses manifestations artistiques, on perdrait de vue toutes les autres composantes de la culture au sens large qui dans son ensemble constitue le moteur symbolique du développement.
Ce questionnement n’a pas laissé indifférents les éducateurs au développement qui organisent la présentation des productions artistiques du Sud en Europe. Eux-mêmes reconnaissent que ce nouvel outil pour sensibiliser l’opinion publique donne à réfléchir avant d’agir.
Des questions et des doutes au sujet des manifestations culturelles visant l’éducation au développement ont surgi au cours de trois ateliers organisés par le Réseau Cultures Europe. Un premier atelier d’observation participante fut tenu lors du Festival Images d’Afrique à Copenhague (1993), un autre à l’occasion du Sura Za Afrika Festival en Autriche (1996) et un atelier d’échanges d’expériences eut lieu à Bruxelles (1995).
Afin de faciliter le débat sur ces questions dans un plus grand cercle d’organisations concernées, nous les résumons comme suit :
On peut considérer les arts comme une forme spécifique et visible d’une culture donnée, c’est-à-dire une expression de l’ensemble complexe de réponses apportées aux défis posés par l’environnement social et naturel.
A première vue, les différences entre ces réponses sont évidentes. Un tableau de Rembrandt révèle quelque chose sur la réaction des gens de son époque face au climat, sur leur organisation sociale, sur la place des gens dans leur monde et sur les valeurs auxquelles ils adhéraient. Mêmes des tableaux plus abstraits comme ceux de Picasso ou d’autres nous en disent long sur la vision de l’être humain dans le monde moderne, sur la prise en compte ou non de la nature ainsi que sur la conception de la vie prévalant dans le monde occidental.
Si l’on compare ceux-ci à la peinture chinoise traditionnelle et même moderne, on est tout de suite frappé par la perception différente de l’être humain en relation avec son environnement naturel. De la même manière, la comparaison entre un ballet russe classique et une danse africaine suscite pour le moins la conscience d’une différence dans la signification, dans la perception du talent artistique et dans les relations entre les gens.
Une question méthodologique de fond qui se pose pour les éducateurs au développement, est donc la suivante :
Où
Quand
Comment
Qui
Les recherches menées par le Réseau Cultures Europe pendant le festival Images d’Afrique (Danemark, 1993) et le Sura Za Afrika Festival (Autriche, 1996) ont dévoilé des émotions sous-jacentes et des idées préconçues (maintenues ou bouleversées) qui ont été rarement mises en exergue par les médias ou les organisateurs mêmes.
Bien que les appréciations recueillies quant au sens des Festivals aient été très variées, elles semblent converger vers une réaction positive. Dans les opinions et les critiques que nous avons entendues, les différences concernaient plutôt la façon dont un certain nombre de choses ont été organisées que l’utilité des événements culturels en soi.
La notion-clé « faire sortir l’Afrique du ghetto » est peut-être celle qui résume le mieux l’essence du dénominateur commun aux diverses significations que les gens ont attribuées au Festival. Pendant des siècles, la richesse matérielle de l’Afrique a été exploitée et les Africains dépouillés. Des pays africains indépendants sont encore marginalisés sur la scène politique internationale, dans les relations économiques, dans les institutions religieuses et sur la scène culturelle. Cependant, contrairement à ce que disent parfois les Africains eux-mêmes, il semble que l’Afrique n’ait pas perdu son âme. Lorsque l’historien du Burkina Faso Joseph Ki-Zerbo dit « le besoin élémentaire des Africains est d’être connus », cela signifie qu’il y a quelque chose qui n’est pas encore connu et qui gagnerait à l’être.
Une journaliste danoise : « Le Danemark est une société très séculière. Il y a beaucoup de souffrance réelle et de suicides, et nous nous trouvons en pleine crise culturelle et écologique. Notre société est à la recherche du sens de la vie. Le contact avec d’autres cultures vous enrichit de multiples façons. Cela peut vous faire réapprendre tout ce que vous avez appris depuis l’enfance. Les contacts culturels affectent toute votre façon d’être, le système nerveux aussi bien que le corps. Vous apprenez que votre registre a été limité. Vous commencez à gérer différemment les problèmes quotidiens. Je participe à l’atelier de danse africaine afin d’expérimenter ce que j’écris ». Une musulmane égyptienne écrivain : « En Egypte, je suis très connue. Je défends l’Islam, surtout par rapport à ce que le Coran nous enseigne sur les femmes, ce qui ne revient pas à défendre l’opinion des leaders islamiques masculins à ce sujet. Mes écrits sont controversés, surtout chez les femmes égyptiennes occidentalisées et les féministes. En Occident, l’Islam est dans une large mesure mal compris. Les gens fondent leur jugement sans connaître le Coran. Je trouve qu’en Occident les femmes sont esclaves de l’image occidentale de femme parfaite propagée par une industrie publicitaire axée sur le sexe et par un féminisme asexué. Les femmes ici sont désorientées. J’aimerais entamer un véritable dialogue avec les femmes d’ici. Mais très peu d’entre elles sont prêtes à écouter avec un esprit ouvert ».
Un danseur africain dansant pour et avec des enfants : « Je pense pouvoir aider les enfants d’ici à se sentir bien dans leur propre corps ».
Il semble que l’attitude que les gens se sont forgée au préalable détermine dans une large mesure la manière dont ils perçoivent spontanément les manifestations artistiques d’une culture.
Il n’est donc pas surprenant que les promoteurs européens de danse et de musique africaines veulent faire passer leurs propres expériences par rapport à ces arts lorsqu’ils parlent de leurs motivations. De même, il est évident que les artistes aiment présenter leur art et être appréciés.
Un promoteur d’art : « J’aime les arts et j’aime les arts africains. Leurs couleurs, leur rythme, leur âme et leur audace, leur objet, la fascination qu’ils exercent sur moi. C’est pourquoi j’ai le sentiment qu’il faut les présenter « non-filtrés ». Les arts parlent d’eux-mêmes. L’art véritable transmet lui-même son message et ne nécessite pas d’explication. Ce qui me plaît aussi, c’est le côté irréel de créer un monde imaginaire au beau milieu d’une ville bien réelle. Le rôle du promoteur d’art consiste à choisir des artistes qui en sont capables. D’un autre côté, je m’interroge souvent : comment puis-je savoir si aucun de ces artistes est authentique dans la façon de présenter la réalité ? Quel droit ai-je de faire tout ceci ? ».
Un éducateur au développement : « Mes voyages en Afrique m’ont appris que nulle part l’Afrique est aussi malade que dans les esprits des Européens ».
Un musicien africain : « Je ne fais pas de distinction entre le public européen et africain. Un artiste est un artiste, et un public est un public. Pour l’art véritable, il n’y a pas de distinction ».
Un danseur africain : « Oui, ça me plaît de danser ici parce que j’aime me donner en spectacle. J’aime montrer ma culture au public danois et je me réjouis de son enthousiasme. Je suis surpris que les Danois, qui n’ont pourtant pas de passé colonial, s’intéressent aux arts africains. C’est une impression agréable ».
Un auteur africain de bande dessinée : « Je ne me suis jamais trouvé dans un endroit où l’on pouvait rencontrer autant de gens différents d’Afrique. C’est un point très positif. J’ai tout de même des doutes quant au caractère authentique de ce qui est ici présenté au public danois. En Afrique, on « vit » la culture. Ce que l’on fait ici c’est de la culture pour touristes. Par exemple, le « marché africain » qu’on a organisé sur la place publique est truqué. En Afrique, sur le marché, les cuisiniers, les tisserands, les cordonniers etc, sont là pour travailler. Les gens qui sont ici,les Noirs, ne sont que des marchands. Ici ils préparent une cuisine de type fast-food. Et ce qui est présenté ici comme de l’art africain n’est pas toujours authentique. Les danses en particulier sont adaptées aux goûts des Européens (danseuses sexy davantage mises en exergue) afin d’attirer la plus large audience possible ».
Toujours selon le principe qu’il faut s’attendre à trouver ce que l’on cherche, le fait que la plupart des gens qui ont assisté aux événements sont ceux qui s’y intéressaient déjà auparavant ne nous a pas surpris : des Africains vivant au Danemark et en Autriche, des Européens déjà allés en Afrique ou marié(e)s à un(e) Africain(e).
Pareillement, nous ne nous attendions pas à ce que le grand public vienne en masse, ni à ce que le fait d’assister à l’une ou l’autre des manifestations entraîne chez ceux qui ne connaissaient pas l’Afrique un changement substantiel d’opinion :
Une Autrichienne dans un bus : « Oui, j’ai entendu parler du festival africain. Il y a des affiches partout en ville. Mais je n’ai pas l’intention d’y aller. Un peu trop primitif pour moi, ce genre de choses ».
Un Danois à un spectacle musical : « Bien sûr, ces danses et ces musiques vous touchent quelque part. Elles vous touchent à un niveau plus élémentaire que Chopin par exemple. La musique est un moyen de communication universel. Cependant, je reste convaincu que les Africains sont incapables de gérer leur développement, bien que je ne sois pas en mesure de le prouver, bien sûr ».
Un ancien coopérant : « Je suis moi-même allé en Afrique et je ne pense pas que ce soit une bonne chose de sortir les cérémonies à caractère sacré de leur contexte socio-culturel pour les utiliser comme formes de divertissement pour les Occidentaux ».
Un éducateur au développement au sujet d’un groupe de danse touareg : « Un groupe sympathique bien qu’on ne puisse pas réellement avoir un contact avec les individus ; les visages étaient cachés (hommes) ou étaient de marbre (femmes). Aucune virtuosité. D’un autre côté, ce n’était pas nécessaire. J’aurais aimé entendre des histoires. Les danses ont souvent une histoire. Je ne comprenais pas les danses. Je n’ai rien ressenti bien que je me sois joint aux danseurs à la fin. Pour moi, ça n’a pas été une expérience bouleversante qui aurait pu changer mes stéréotypes. Il y avait peu de décodage. Les présentateurs n’ont pas fait leur travail. Leurs explications étaient très superficielles. Les Touaregs restent pour moi exotiques, et il en va probablement de même pour les autres personnes du public ».
Une critique d’art autrichienne au sujet de l’exposition d’art contemporain africain : « Je suis déçue. Mon propre intérêt pour l’art africain et celui du public autrichien, je suppose, est d’y retrouver ce que nous avons perdu, l’enchâssement dans le continent-mère, nos origines... L’expression artistique africaine qu’on trouve ici est très occidentalisée, imitée. Seulement les thèmes réfèrent à l’Afrique : beaucoup de violence et de destruction. Cela ne change rien à mon image, au contraire ».
Une jeune Autrichienne lors d’un spectacle de danse traditionnelle africaine : « Je n’ai jamais été en Afrique. Je n’ai aucune idée de l’ Afrique. Je ne connais aucun Africain. Mais je crois que l’Afrique est exactement comme elle est présentée ici sur la scène : terrestre, naturelle, érotique, colorée, sauvage, en somme notre origine ».
Un musicien africain en Autriche : « Les gens pensent que nous sommes si joyeux !! Mais nos chansons chantent la misère au Mozambique, la guerre, les membres de la famille perdus, pas de travail, rien à manger. Ils croient que nous, les artistes, sommes riches, parce que nous sommes connus et que nous voyageons par avion. C’est le contraire ! Tous les membres de notre troupe se battent pour survivre, pour manger. Voilà de quoi nous chantons. Nous rions, oui, beaucoup. A quoi ça sert de pleurer ? ».
Outre les réactions auxquelles on pouvait s’attendre, les événements culturels ont également fait vibrer des cordes inattendues chez les gens, créé des surprises et des découvertes qui pourraient s’avérer des germes de changement, des ouvertures à de nouvelles formes de communication.
Il est virtuellement impossible de mesurer sur le terrain le bilan des effets d’un festival pour ce qui est de confirmer ou de modifier les attitudes. Cependant, du point de vue de l’éducation au développement, il importe de constater comment différentes catégories de gens ont été affectées de manière positive car cela constitue les briques constitutives pour de nouvelles approches.
Un hôtelier : « Je ne suis pas allé aux concerts. La danse et la musique africaines, ça on connaît. Ce qui ne va pas en Afrique (famine, guerre), on le sait aussi. Mais ce que je ne savais pas, c’est que les Africains sont des gens très sympathiques, sensibles, et ils sont moins inhibés que les Européens ; ils osent afficher leurs dispositions amicales et leur joie. Leur présence dans mon hôtel a vraiment changé l’image que je me faisais des Africains ».
Une Danoise à une Somalienne ayant fait un exposé sur la clitorodectomie : « Merci d’être venue. Au lieu de juste nous parler, vous avez parlé avec nous. Au lieu de nous entretenir, vous vous êtes entretenue avec nous ».
Un journaliste danois à propos d’un journaliste africain invité au journal : « C’est fantastique ! Il travaille dans son coin, de façon très autonome et arrive avec des articles d’excellente facture. Avant, on ne savait pas qui il était ; on s’inquiétait de devoir tout lui montrer et on avait peur qu’il s’ennuie à rester ici pendant deux semaines. Il est maintenant au marché africain en train d’écrire sur ce qu’il considère comme le bric-à-brac là-bas. Quand c’est lui qui l’écrit, cela a plus de valeur ; il y a des choses qu’il me serait difficile de dire en tant que Danois ».
Un enfant à un spectacle de danse et de musique présenté par des enfants africains : « —Est-ce que ce sont des enfants africains ? —Oui, pourquoi demandes-tu ça ? —Parce qu’ils ne ressemblent pas aux enfants africains qu’on voit à la télé ».
Un Africain marié à une Danoise : « Cela fait vingt-deux ans que j’essaie de devenir comme les Danois afin d’être accepté. A présent, je me demande pourquoi. Ce Festival me donne tout à coup un sentiment de fierté : tout ceci est ma culture ! »
Un père de famille africain vivant en Europe : « Mon enfant, qui n’a vu des enfants africains qu’à la télé, reniait complètement ses origines africaines. Maintenant, elle dit fièrement : Je suis africaine ! »
Un jeune homme dans le public parlant du groupe musical de Madagascar : « Je ne savais pas qu’on pouvait jouer de la vahila avec une telle virtuosité ! Ç’a été une expérience ; trois hommes qui savent vraiment ce qu’ils font, qui travaillent avec un phrasé musical très complexe. De véritables artistes. Un parfum international, une image informelle d’un orchestre folklorique européen, le tout habillé de couleur locale, une population pluri-ethnique. On voit qu’ils ont déjà donné des spectacles à l’étranger. Un beau mélange de tradition et de modernité. J’ai vraiment eu le sentiment que nous étions frères ; le lien était facile à faire car j’ai joué dans des orchestres semblables. J’ai aussi aimé leur façon nonchalante de parler de l’histoire coloniale, comme si cela ne signifiait pas grand chose pour eux ! Tout ça, c’est de l’histoire. Nous sommes ici ensemble en ce moment. La musique vous prenait vraiment aux tripes, bien que vers la fin cela devenait répétitif. Je ne comprenais pas bien le phrasé musical. Je me sentais perdu mais en sécurité. Et, bien sûr, je ne comprenais pas les paroles ».
Un étudiant anglais au Danemark : « C’était fantastique de voir tant de gens de nationalités différentes interagir, communiquer et être ensemble. J’ai souvent considéré le Danemark comme une société très classe moyenne blanche, mais pendant le festival c’était super de voir la frange africaine de la société danoise sur le devant de la scène. J’espère que ce festival ne sera pas juste une goutte dans l’océan pour que le peuple africain soit respecté et représenté dans la société danoise, mais que les Danois et les Africains seront capables de prendre ce festival comme point de départ pour une interaction suivie entre eux. L’atmosphère au Night café à Aarhus était incroyable. C’est la première fois en toute une année passée à Aarhus que je vois s’amuser ensemble tant de jeunes de tant de nationalités différentes. J’espère que cela encouragera le peuple danois à accepter le fait que le Danemark est une société multi-raciale et à en être fier en donnant aux gens le sentiment qu’ils sont les bienvenus et acceptés ».
Un journaliste africain en Autriche : « Ce que j’ai appris ici est que le défi pour nous est de dépasser notre obsession de ce que les Européens pensent de nous ».
Comme nous l’avons fait remarquer au début de cette réflexion, la question de l’art et la culture dans l’éducation au développement est un sujet de controverse, et ce à juste titre.
Nos découvertes au Danemark et en Autriche ont au moins permis de relever quelques questions importantes et de conclure que ni la culture ni ses manifestations artistiques ne sont un outil pédagogique prêt à l’emploi pour l’éducation au développement. La culture n’est pas quelque chose que l’on peut acheter ou emprunter ailleurs simplement pour mettre sur une scène, dans un hall d’expositions ou sur le marché local.
Introduire les arts et les cultures des peuples du Sud dans l’éducation au développement requiert :
Autrement dit, à moins de faire un effort considérable pour apprendre à connaître cet outil et à le manier, la culture dans l’éducation au développement pourrait bien fonctionner comme un leurre, non seulement auprès du grand public mais également auprès des éducateurs au développement.
Si le monde de l’éducation au développement n’est pas prêt à investir du temps, de l’énergie, des fonds et de la créativité, se distinguant ainsi du monde de l’art commercial, alors il vaut mieux ne pas toucher à la culture du tout. Cependant, si nous négligeons la culture dans l’éducation au développement, nous passerons à côté de quelque chose d’essentiel : la propre vision des gens et leur expression de leur mode de vie, leur manière d’être ou de ne pas être.
Ramener la complexité de la réalité des relations Nord-Sud, et des réalités au Sud et au Nord, à de l’économie, de la politique et de la technologie est une approche qui s’est avérée largement insuffisante. Le respect de l’altérité de l’autre signifie le respecter dans son intégrité. La culture est donc un élément indispensable de l’éducation au développement.
Parmi les effets secondaires positifs du festival, nous avons constaté de nombreux symptômes d’appariement entre des groupes qui semblent avoir des intérêts communs ou qui se sont mutuellement découverts et ont souhaité construire sur ces points communs.
Cependant, on peut se demander si certaines opportunités ne sont pas sous-exploitées. Il n’est pas besoin d’un mariage d’amour pour travailler fructueusement ensemble.
Les considérations qui précèdent nous amènent à la conclusion finale que la culture dans l’éducation au développement constitue un défi nouveau et tout à fait stimulant, qui consiste à professionnaliser la sensibilisation du public et à former de nouvelles alliances. Des efforts dans ce domaine élargiront les horizons et ouvriront de nouvelles perspectives à la fois pour le public et les éducateurs au développement. -*De l’éducation à l’expérience...
Le texte de cet article est emprunté en
grande partie aux publications du
Réseau Cultures suivantes :
La culture dans l’éducation au développement,
Impressions du festival Images
d’Afrique (1993), Edith Sizoo. Réseau
Cultures, 174 rue Joseph II, 1000
Bruxelles.
Harlekijn in Afrika, Evaluatie rapport
(1995). Edith Sizoo. Netwerk Culturen,
Jozef II straat 174, 1000 Brussel.
Sura Za - Faces Of- Afrika Festival On
Record (1996), Edith Sizoo. Network
Cultures, 174 rue Joseph II, 1000
Brussels.