Cette BD retrace le cheminement du « Cercle de Pratiques en pédagogie critique ». Ce Cercle est né de la remise en question de nos pratiques et de nos postures de formateurs.trices et d’enseignant.e.s dans différentes modalités éducatives d’éducation formelle, non formelle ou informelle : que ce soit dans le système scolaire, en éducation permanente, en éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire (ECMS) en ONG, en extra-scolaire, etc.
Durant les rencontres du Cercle, qui ont eu lieu durant l’année académique 2021-2022, l’illustratrice Pauline Spira a suivi et croqué les moments forts, les échanges et réflexions des enseignant·es « pédagogues critiques ». Ses productions et illustrations ont donné naissance à cette BD.
Comment développer l’esprit critique, le courage moral et l’agir éthique – qui sont fondamentaux pour construire la citoyenneté solidaire chez les élèves, – quand la structure scolaire, par exemple, attend l’obéissance, l’écoute et l’adaptation ? Comment sortir d’une approche par thématique (migration, développement durable, droits humains, …) pour construire pour construire une vision intégrale de l’éducation, qui articule l’action (le « savoir-faire »), la pensée (les savoirs, les connaissances) et la façon d’interagir (le « savoir-être ») dans un engagement pour le changement individuel et sociétal ?
Toutes ces réflexions nous invitent à nous inscrire dans un temps long, dans un itinéraire entre les récits de nos pratiques pédagogiques et les apports théoriques, comme un mouvement permanent d’action, réflexion et nouvelle action, qui caractérise la PRAXIS en pédagogie critique. C’est en explorant le courant de la pédagogie critique, inspiré par Paulo Freire (pédagogue Brésilien) dans les rencontres du Cercle, que nous avons pu transformer notre perspective sur nos pratiques pédagogiques.
Ainsi, de novembre 2021 à juin 2022, un samedi par mois, nous, des pédagogues critiques, à savoir des enseignant.e.s, des formateurs.trices, des animateurs.trices, des éducateurs.trices qui, a priori, n’avions que peu de points en commun, nous nous sommes rencontrés au sein de ce Cercle de pratiques en pédagogie critique. Entre doutes, questionnements et rêves, nous avons cherché, nous avons observé, étudié, analysé, nous avons partagé nos pratiques pédagogiques : ont-elles du sens pour nous ? Et ont-elles du sens pour les enfants, les adolescent.e.s, et plus généralement pour les apprenant.e.s avec qui nous travaillons ?
Nous, pédagogues critiques, nous recherchons, nous remettons en question le système éducatif ainsi que d’autres formes éducatives afin de pouvoir donner du sens à nos pratiques en éducation à la citoyenneté mondiale, à l’éducation permanente… Quelles valeurs réussissons-nous à développer avec nos apprenant.e.s, nos élèves ? L’école est-elle émancipatrice ? Comment contribuer à l’engagement aujourd’hui ? En tant que membres des systèmes éducatifs, est-ce que nous nous soumettons ou osons-nous nous indigner des contradictions, des incohérences ou des valeurs ou pratiques contraires à ce que nous défendons ? Enfin, ne rien dire, est-ce accepter le système ? se résigner ? Comment sortir de l’individualisme, ou plutôt « noyer l’individualisme ambiant », pour favoriser l’émergence du collectif et de l’action collective ?
Nous sommes en recherche de cohérence entre nos discours et nos actions. Au fil des rencontres, il nous est paru indispensable d’impliquer les élèves, les apprenant.e.s, riches de leurs
vécus et expériences ainsi que de leurs réflexions, dans des actions collectives de changement et ce au niveau de la classe, du groupe, de l’école, etc. Comment sortir des constats négatifs dans notre métier et comment ne pas y reproduire la violence ? Peut-être en tentant de commencer par déchiffrer le paradigme dans lequel évolue le système scolaire : ce paradigme dont on peut voir les conséquences à travers l’exclusion, la reproduction des inégalités, la perte des sens des savoirs, le syndrome de la « tour d’ivoire » favorise le maintien des rapports de domination ante. Il a beau se targuer de neutralité, il n’en est pas moins « politique". En disant cela, nous pouvons donner l’impression que nous, éducateurs à la citoyenneté mondiale et solidaire ou bien acteurs de l’éducation permanente sommes à l’abri de ce que nous attribuons au système scolaire. En réalité, il n’en est rien et nous faisons partie d’un tout. Ce qui vaut pour le système scolaire vaut – au moins en partie – pour le reste également.
Quels sont les leviers qui sont à notre disposition pour un changement de paradigme ? Est-ce possible de (ré)inventer le monde lorsque le système éducatif nous impose la neutralité ? Enfin, refuser la neutralité fait-il de nous, pédagogues critiques, des « propagandistes » ? Ou des émancipateurs, émancipatrices ?
Nourri.e.s de tous ces échanges, nous rêvons d’aller plus loin …
Nous rêvons d’aller plus loin avec vous …
Et si, avec vous, nous entrions dans une démarche de recherche-action ?
Et si nous écrivions le scénario d’un futur possible à plusieurs mains ?
Tout est (encore) possible quand on s’y met !