Les gens n’osent pas parler de peur d’être mal interprétés
Les questions que nous nous posions sur la réalité burundaise comme entame de cette publication trouvent des voies de réponses à travers les articles et entretiens de ce numéro :
Quelles sont les particularités de ce pays de l’Afrique centrale, entouré du Congo et du Rwanda ? Qu’en est-il de cette réserve qu’on prête à ses habitants ? Qu’en est-il aussi de la question des réfugiés, de l’âpreté de la vie dans les collines et bidonvilles qui entourent la capitale Bujumbura ?
La crise politique, venue bousculer la quinzaine d’années de stabilité relative que le pays a connue depuis la signature des accords d’Arusha en 2000 sous l’égide de Nelson Mandela, va-t-elle en s’aggravant ?
L’image du président américain Barack Obama pointant du doigt le président burundais Pierre Nkurunziza traduisait la pression internationale sur le régime burundais. C’était fin juillet 2015 à la tribune de l’Organisation de l’unité africaine à Addis Abbeba.
« Quand un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie, simplement pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde, comme nous l’avons vu au Burundi » a dit explicitement Obama. Nkurunziza a fait ce jour-là et fait toujours la sourde oreille. Il bénéficie probablement du soutien des russes et des chinois ainsi que des mandataires de la région qui s’apprêtent à faire comme lui.
En tout, six entretiens et quelques éclairages composent ce numéro. Nous aurions voulu donner davantage la parole aux femmes et aux hommes du pays mais les gens ne se pressent pas pour s’exprimer et on peut les comprendre. « On n’ose pas parler de peur d’être mal compris », nous dit un enseignant à Bujumbura.
Un constat semble néanmoins partager la grande majorité des Burundais : si profonde soit la crise politique dans laquelle le pays se trouve, la situation ne se résoudra pas par la confrontation ethnique. L’opposition et le pouvoir sont ainsi renvoyés dos à dos pour que le peuple burundais puisse —à cette condition— se permettre d’espérer un avenir meilleur.