L’école reste le premier terrain d’action de l’éducation au développement. Elle n’est pas pour autant le plus simple, par Antonio de la Fuente
L’école vit sa propre réalité non exempte des contradictions voire des dilemmes que les éducateurs au développement n’arrivent pas toujours à bien décoder. Dans certains contextes, les portes de l’école leur restent souvent fermées. Inaccessibles, même. C’est laborieusement qu’ils arrivent parfois à s’immiscer par une porte dérobée. Dans d’autres cas, ces mêmes portes leur sont largement ouvertes tant qu’ils acceptent de prendre une place consensuelle, convenue, à la limite de l’inutile. C’est, concernant la Belgique, la thèse qui défend Pierre Waaub dans son Quatre-quart humanitaire.
Des animateurs d’ONG trouveront peut-être ce portrait forcé. La légitimité des ONG ne viendrait pas uniquement du fait d’avoir ou d’avoir eu une base militante mobilisée. Leur professionnalisation croissante, leur savoir faire reconnu, est aussi une source de légitimité. Militantisme et professionnalisme sont deux démarches qui ne s’excluent pas forcément et, dans certains cas, peuvent même se compléter. L’enthousiasme est indispensable mais pas toujours suffisant. La réalité montre que les ONG partagent avec les syndicats, les partis politiques et les associations en général une certaine érosion de leurs bases militantes. Elles ne sont pas pour autant condamnées à la mort par inanition ni frappés d’illégitimité ad infinitum. C’est en agissant avec conviction militante mais aussi avec savoir faire professionnel qu’elles peuvent réussir à intéresser les publics aux causes qu’elles défendent. Et la cause de l’éducation au développement, à l’école et ailleurs, est, faut-il le rappeler, la diminution des inégalités de développement entre le Nord et le Sud de la planète à travers une démarche pédagogique.
Le portrait de l’éducation au développement dans un cadre scolaire n’est peut-être pas reluisant, mais il n’est pas entièrement noir, loin s’en faut. Des expériences intéressantes ont lieu dans différents contextes nationaux qui arrivent à mettre ensemble enseignants, animateurs et étudiants dans des projets pédagogiques pleins de bon sens. L’université européenne, organisée en 2003 au Portugal par le DEEEP et la Plateforme portugaise des ONG, en a été la preuve. Elle a aussi montré la volonté des animateurs d’ONG d’évoluer vers une amélioration de leur dialogue avec les publics scolaires. Peu à peu la poule remplit son jabot, paraît-il. Il a des graines tout au long de ces pages.