Présentation / Des écoles d’ici et d’ailleurs

Mise en ligne: 20 mai 2016

Même si la scolarisation gagne du terrain un peu partout, la scolarisation est loin d’être encore universelle et neuf enfants sur cent dans le monde ne vont toujours pas à l’école

Cours de rien ou cours de tout, redoublement ou pas redoublement, c’est souvent autour des formulations polaires que les questions d’éducation et d’enseignement sont présentées et discutées.

Il est vrai que l’école est traversée et tiraillée par des contradictions. Dans son sein on trouve d’une part le modèle de la transmission, focalisé par les savoirs délivrés par un maître et, d’autre part, le modèle de la connaissance, fondé sur l’activité de l’enfant, affirme le philosophe Marcel Gauchet [1]

Nous n’avons pas encore trouvé la bonne école, conclut-t-il, celle qui en plus de former de citoyens à part entière corrige ou au moins neutralise les inégalités sociales et permet une véritable égalité des chances.

Deux visions de l’école se font face, deux visions qui s’enracinent dans la création même des États modernes. Pour l’une, l’école est le lieu où l’individu vient faire ses propres découvertes. Pour l’autre, l’école est le lieu de transmission du savoir.
Deux visions de l’enseignant en découlent : animateur dans le premier cas, sorte de guide dans le deuxième. Deux visions de l’institution destinée à permettre l’accomplissement de ces projets, l’école, aussi. Scolarisation au sens stricte du terme dans un cas, enseignement au sens large, dans l’autre. C’est fort probable qu’à présent, en Europe occidentale au moins, ces deux conceptions coexistent au sein de l’école.

Et dans certains cas, des acteurs du monde scolaire—parents, professeurs, élèves— réclament davantage de politiques allant dans la direction de la transmission du savoir ou, dans d’autres cas et d’autres contextes, des mesures qui vont dans la direction contraire.

On trouve dans cette compilation de textes autour de l’éducation des entretiens avec des experts d’ici et d’ailleurs. Des vues d’ensemble sur la situation de l’éducation dans le monde et en lien avec les objectifs du développement notamment. Des chroniques d’enseignants sur des aspects de leur pratique, des chroniques aussi sur des écoles proches ou éloignées.

La référence aux « cours de rien » dans le titre du numéro est anecdotique. Pour nos lecteurs non belges, il faut préciser que « cours de rien » c’est le nom avec lequel la sagesse populaire en Belgique a affublé un projet d’encadrement pédagogique alternatif que le ministère de l’enseignement belge francophone a essayé de mettre sur pied en 2015.

Avoir ainsi appelé le résultat d’une énième réforme éducationnelle est un peu sévère comme jugement, peut-être, mais il ne faudrait pas oublier que l’histoire belge a connu des périodes de « guerre scolaire » à la fin du XIX siècle et au milieu du XXe. Si bien que notre épisode des « cours de rien » n’a été somme toute qu’une minime escarmouche.

Notamment en regard de tous ces enfants qui dans le monde ne peuvent pas aller à l’école. Parce que même si la scolarisation gagne du terrain un peu partout, elle est loin d’être encore universelle et neuf enfants sur cent dans le monde ne vont toujours pas à l’école.

Bonne lecture.

[1« Eduquer au XXIe siècle », Sciences humaines, octobre 2014.