Les Roms en Belgique, l’engagement politique

Mise en ligne: 7 mars 2023

La stratégie nationale belge pour l’intégration des Roms (NSIR) a été adoptée en juin 2022. La précédente Stratégie nationale pour l’intégration des Roms 2012-2020 a servi de référence pour les actions liées aux Roms au cours de la période 2012-2021 . La stratégie nationale belge actualisée 2030 pour l’intégration des Roms reprend les éléments positifs du document précédent en poursuivant la mise en œuvre des pratiques réussies qui sont décrites en détail dans le plan d’action - partie de la NSIR 2030. La stratégie renouvelée, comme la précédente, utilise une approche combinée de mesures qui sont à la fois des mesures générales, par exemple l’intégration des nouveaux arrivants dans la communauté allemande, et des mesures ciblées, comme celles relatives aux gens du voyage.

Le rôle principal de la mise en œuvre du NSIR est délégué aux régions belges (Wallonie, Flandre et Bruxelles-Capitale), et surtout à quelques grandes ONG, qui travaillent avec les Roms et fournissent des services à la population rom (Foyer vzw et Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms ...).
Le NSIR belge 2020-2030 est un document qui a été élaboré par le secrétariat technique du CNRP belge. Le nouveau NSIR est un document de 40 pages dont environ la moitié du volume est consacrée à l’analyse de la situation de la population rom en Belgique ainsi qu’à des informations sur les projets mis en œuvre et les acteurs au niveau régional. La deuxième partie de la stratégie, appelée Plan d’action, comprend 32 actions correspondant aux sept objectifs de la stratégie de l’UE pour l’égalité, l’inclusion et la participation des Roms. La plupart des actions du plan d’action sont garanties financièrement. Ces actions sont réparties entre les trois régions de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles-Capitale, mais il existe également des actions coordonnées au niveau fédéral.
Toutes les régions n’ont pas d’actions qui correspondent aux sept objectifs de la stratégie européenne pour les Roms. Dans l’ensemble, le NSIR belge est le reflet et la continuation des politiques et des actions entreprises au cours des 10 dernières années par quelques structures gouvernementales et organisations pro-Roms qui sont décrites dans le plan d’action de la stratégie et leur continuation est envisagée dans la nouvelle période. De nombreuses actions du NSIR 2021-2030 sont des projets qui ont déjà été mis en œuvre dans un passé récent ou des projets qui sont actuellement mis en œuvre et qui sont prolongés sur une base semestrielle.

Au cours de la préparation du NSIR, un processus de consultation a été mis en place avec des représentants des autorités régionales, l’organisme belge pour l’égalité des chances UNIA, et des organisations qui travaillent avec les Roms : Foyer vzw, Centre de médiation de Gens du voyage et Roms en Wallonie, CIRÉ asbl, et Diogenes asbl.

Bien qu’il existe plusieurs organisations de la société civile dirigées par des Roms en Belgique, le processus de consultation sur la nouvelle stratégie belge pour les Roms n’a pas inclus de représentants roms d’organisations et de structures dirigées par des Roms. Au lieu de cela, il ne comprenait que des représentants non roms travaillant pour des institutions ou des organisations pro-roms.

Globalement, la stratégie belge à l’égard des Roms est alignée sur le cadre de l’UE pour les Roms. Une attention particulière est accordée aux sept objectifs sectoriels du cadre de l’UE pour les Roms, tandis qu’il est également fait référence aux Roms d’Europe de l’Est, aux communautés roms syriennes, aux femmes et enfants roms et aux LGBTQ+.

Le NSIR ne définit pas clairement les instruments de suivi et d’évaluation et ne détermine pas non plus comment la participation des structures de représentation des Roms sera intégrée au processus.

Combattre l’antigypsisme

Par-dessus tout, le concept d’antitsiganisme n’est pas reconnu au niveau institutionnel en Belgique. Le NSIR 2030 ne fait référence au concept d’antitsiganisme qu’une seule fois en tant qu’objectif horizontal, alors que le concept de discrimination est principalement utilisé dans tout le NSIR. Un autre problème important dans le contexte belge est l’impossibilité pour les Roms belges d’exercer leur droit au logement. Enfin, les médias belges continuent à entretenir l’image négative des Roms.

L’Agence européenne des droits fondamentaux - FRA a mené une recherche publiée en 2020 . Cette recherche montre une corrélation très forte entre le droit au logement, concernant principalement les Gens du voyage, et les préjugés anti-gitans dans la société. Le NSIR indique que selon l’enquête de la FRA pour la Belgique, "un Rom et un Traveller sur cinq avait été victime de discrimination dans divers domaines de la vie l’année précédant l’enquête." L’enquête a également montré que seule une petite proportion d’entre eux a signalé ou déposé une plainte pour cet incident. Cela peut s’expliquer par le fait que les voyageurs (32%) et les Roms (19%) connaissent mal l’organisme chargé de l’égalité. Il existe une perception négative des Roms en Belgique. Le dernier Eurobaromètre de mai 2019 montre que 22% des Belges interrogés ne se sentiraient pas à l’aise avec un Rom comme collègue direct, 38% ne font pas confiance à un Rom comme dirigeant politique et 41% n’aiment pas un Rom comme gendre ou belle-fille.

Accès au logement

Il y a deux points importants à considérer ici. Premièrement, le droit au logement des Gens du voyage et le traitement que leur réservent les autorités, notamment après la grève d’action de 2019, au cours de laquelle 90 caravanes ont été confisquées en Belgique sans offrir de solution de rechange aux familles. Deuxièmement, l’absence d’une politique adéquate concernant les familles roms sans abri au cours des dix dernières années. Le NSIR ne couvre pas ces aspects de la discrimination institutionnelle.

Réduction de la pauvreté

Le deuxième domaine est celui de la pauvreté des familles et des familles qui mendient avec leurs enfants dans les rues. Très souvent, les militants roms qualifient ces sentiments de "dernière forme acceptée de racisme" . Il y a une discrimination institutionnelle de la part des structures qui devraient s’occuper de la maltraitance des enfants car elles restent silencieuses lorsqu’il s’agit d’enfants roms de Belgique qui dorment dans la rue ou qui mendient, alors que ce ne serait pas le cas si les enfants "blancs" étaient discriminés et si les institutions fournissaient immédiatement l’assistance sociale et la protection nécessaires. Les normes internationales de protection de l’enfance ne sont pas appliquées aux enfants roms de Belgique et cette question n’est pas non plus prise en compte dans la stratégie.

Alors que ces deux problèmes peuvent être qualifiés de plus répandus et plus visibles lorsqu’on parle des Roms en Belgique, ils ne sont pas ciblés dans le NSIR sous la partie de lutte contre l’antitsiganisme et la discrimination à différents niveaux, y compris institutionnel.
Le NRIS manque d’actions plus adéquates pour combattre les stéréotypes et les pratiques discriminatoires à l’encontre des communautés roms en Belgique.

Éducation

Depuis 2020, l’enseignement en Belgique est obligatoire de l’âge de 5 ans à l’âge de 18 ans. Selon le rapport de la FRA de 2020, , la fréquentation scolaire des Roms qui ont quitté l’Europe de l’Est est de 95 %, contre 39 % pour la communauté des gens du voyage. Le bon niveau de fréquentation scolaire parmi les Roms migrants est en partie le résultat du travail des médiateurs scolaires, qui existent en pratique depuis 2010 dans plusieurs localités de Belgique. En revanche, la situation de la fréquentation scolaire parmi les Gens du voyage reste un énorme problème car il est aujourd’hui très difficile de rencontrer des Gens du voyage alphabétisés. Dans la plupart des cas concernant les Gens du voyage, après l’école primaire, le nombre d’abandons scolaires augmente de manière significative . La principale raison de ce phénomène est le manque de résidences régulières pour les Gens du voyage dans les villes. Les communautés de Gens du voyage sont souvent poussées par la police à changer de lieu de résidence. Cela entraîne des difficultés liées à la fréquentation de l’école et à la recherche des parents afin d’organiser les visites des médiateurs scolaires.

Emploi

L’emploi des Roms relève des conditions générales de l’emploi en Belgique. Il existe plusieurs types d’emploi qui concernent la population rom : en tant qu’indépendant et en tant que salarié. Jusqu’en 2014, le marché du travail était limité pour les citoyens bulgares et roumains et la seule façon de travailler était de s’installer comme indépendant ou de s’engager comme employé dans le cadre de la liste des professions en pénurie. Depuis 2014, le marché du travail s’est ouvert aux Roumains et aux Bulgares, mais d’autres obstacles ont surgi : les compétences linguistiques et les qualifications. L’autorité de gestion du FSE prend en compte ces éléments et a soutenu quelques organisations à travers la Belgique pour travailler sur l’activation et la préparation des Roms au marché du travail. Le conflit en Syrie s’est déroulé pendant la mise en œuvre de ces projets, et les communautés roms qui ont atteint la Belgique ont également été impliquées dans ce processus.

Les possibilités d’emploi en Belgique sont très diverses. De nombreux Roms sont employés dans les secteurs de la construction, de la restauration et de l’hôtellerie, du nettoyage, de la logistique, des transports, etc. La plupart des Roms employés travaillent sous contrat. La plupart des Roms employés travaillent sous contrat. Il y a un certain nombre de Roms qui dirigent leur propre entreprise ou qui sont indépendants. Cependant, ceux qui sont peu qualifiés et qui travaillent en tant qu’indépendants ont des difficultés à payer leurs prestations de sécurité sociale, ce qui se répercute sur leurs droits sociaux. Les professions occupées par les Roms restent peu qualifiées en raison du manque de diplômes scolaires et d’une connaissance limitée des langues nationales. Parallèlement à cela, il y a l’occupation saisonnière qui est principalement préférée par les Roms venant de Bulgarie et de Roumanie pour un court séjour.

Soins de santé

En général, le secteur des soins de santé en Belgique est bien développé. L’accès aux soins médicaux urgents est l’un des droits garantis, même pour les personnes sans assurance ni document. Le problème le plus courant dans le secteur de la santé en Belgique est la barrière de la langue dans le contact avec le personnel de santé. Et depuis plus de 15 ans, la médiation interculturelle comble cette lacune dans la communication. Il existe également des organisations telles que Medimigrant vzw qui fournissent une aide juridique dans le secteur de la santé pour les personnes ayant des difficultés à accéder aux soins de santé ou à se régulariser pour des raisons de santé. Un dixième de leurs bénéficiaires par an sont des Roms.

Dans le secteur des soins de santé, le Service fédéral de santé publique réunit plus de 50 médiateurs interculturels du secteur de la santé placés dans les hôpitaux et les organisations. Ils réalisent plus de 110.000 interventions par an dans plus de 20 langues. L’une de ces langues est le romani. Foyer vzw dispose d’un service pour les médiateurs interculturels dans le cadre du réseau des médiateurs interculturels dans le secteur de la santé. Parmi les employés, il y a également un médiateur rom. En outre, il existe des médiateurs parlant le bulgare, le turc, le russe, le serbo-croate, le roumain, l’arabe et d’autres langues qui facilitent également la communication entre les praticiens de la santé et les Roms et Dom en Belgique.

Logement

La question du logement reste une question centrale pour la Belgique et dans la stratégie actuelle, il n’y a pas de position claire sur la manière dont le problème de la communauté des gens du voyage sera résolu.

Une partie des Roms locaux belges vivent encore dans des caravanes. Pour différentes raisons liées à la culture, au mode de vie, à la méfiance envers la population majoritaire, ils préfèrent vivre dans des caravanes. En Belgique, les caravanes sont reconnues comme un lieu d’habitation. Le problème qui subsiste en Belgique, cependant, est que les municipalités/autorités locales ne fournissent pas d’endroits où placer les caravanes. Dans de nombreux cas, les gens du voyage ne peuvent rester sur ces sites que pour une courte durée. Même s’il existe des ressources financières pour construire de tels lieux de résidence, de nombreuses municipalités n’ont aucun intérêt à investir dans ce domaine, car la population générale ne tolère pas d’avoir des gens du voyage à proximité de leur habitation. La grève de la police de 2019 a encore renforcé l’image négative des gens du voyage en tant que motif de délinquance.
Le plan d’action proposé par le NSIR manque de directives et de mesures politiques complètes pour assurer l’exercice du droit au logement le plus essentiel.

Le manque de places de résidence permanente pour les caravanes des gens du voyage se répercute sur la fréquentation scolaire des enfants des gens du voyage. Les familles doivent déplacer leurs caravanes presque toutes les deux semaines après des interventions de la police, parfois sur une distance de 40 km. Cela conduit à un déplacement forcé permanent de toute une communauté qui, autrement, vivrait dans ses caravanes sur un lieu désigné de façon permanente.

Les familles roms pauvres nouvellement arrivées de Slovaquie et de Roumanie occupent pendant des années des abris temporaires, s’organisent en camps illégaux ou vivent dans la rue. Par rapport au nombre total de Roms, ces familles représentent moins de 1% . Pourtant, les problèmes de sans-abrisme ne sont pas ciblés dans la stratégie et ne sont pas reflétés de manière exhaustive, à l’exception du travail de Diogenes wzv (Action 30).

Protection de l’enfance

La protection de l’enfance n’est pas un objectif direct de la stratégie. Les activités d’organisations telles que Foyer vzw, CAW Antwerp et le Centre de médiation pour les gens du voyage et les Roms ont pour objectif le bien-être des enfants roms, principalement par le biais de services de médiation entre les écoles et les parents.

Dans la stratégie, il n’y a aucune réflexion sur les Roms sans abri avec enfants qui dorment dans la rue dans des baraquements auto-organisés. Il s’agit du problème le plus visible des Roms dans la société belge, qui alimente les stéréotypes négatifs à leur égard. Le traitement approprié des enfants roms vivant dans la rue reste un problème. L’engagement des services de protection de l’enfance n’est pas déterminé dans le NSIR.

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