Si on se met à l’écoute des Burkinabés, le nom de Thomas Sankara ne tarde pas à être prononcé. Avec force et beaucoup de fierté.
On dirait que l’histoire récente du Burkina Faso tient dans le court récit du jeune héros défiant les pouvoirs néocoloniaux des grands de ce monde, sorti de scène tout de suite après avoir été trahi par son meilleur ami. Celui-ci fait ensuite main base sur le pays tout entier durant trente ans et, lorsqu’il voulut donner un dernier tour d’écrou pour prolonger son règne, s’est fait chasser du pays en deux temps trois mouvements par les jeunes qui ont revêtu les habits du héros de jadis.
La réalité du Burkina Faso est bien plus complexe, bien entendu, et pour pouvoir approcher cette complexité de l’intérieur nous avons décidé de faire ce numéro en donnant d’abord la parole aux Burkinabés eux-mêmes.
Pas uniquement sur la situation politique, d’ailleurs, même si c’est la révolte populaire qui a fait fuir Blaise Campaoré qui a remis le pays sous les feux de l’actualité. Les rapports étroits et complexes que la société burkinabée entretient avec la coopération au développement nous ont aussi intéréssés. De même que la musique, le théâtre, l’atmosphère des villes et campagnes du pays des hommes intègres.
Enclavé dans l’Afrique occidentale, le Burkina est un des pays les plus pauvres du monde même s’ il ne manque pas d’atouts et de richesses. Malgré des conditions adverses le pays n’a jamais sombré dans la guerre. La transition démocratique « apaisée et inclusive » réclamée par la société civile organisée s’inscrit dans cette tradition.
Mais une question reste dans l’air : et si l’harmattan qui a soufflé fort ces dernières semaines au Burkina pouvait entraîner une dynamique de changement ailleurs en Afrique ?
Bonne lecture.