Une coopération tournée vers l’aide mais centrée souvent sur la réalité et les besoins de celui qui croit aider, par Antonio de la Fuente
Un singe se trouve aux bords d’un cours d’eau. Il y voit un poisson dans l’eau. Alors il se dit : "cet animal est en train de se noyer". Le singe met alors la main dans l’eau, attrape le poisson et le sort. Le poisson s’agite dans tous les sens. Le singe se dit : "qu’est-ce qu’il est content !" Et lorsque le poisson meurt, le singe se dit : "dommage de ne pas être arrivé plus tôt".
Cette fable, racontée par un villageois mozambicain au romancier Mia Couto, illustre bien la critique à un type de coopération tournée vers l’aide mais centrée davantage sur la réalité et les besoins de celui qui croit aider plutôt que sur celui qui a besoin de coopération.
Dans la formation de base d’ITECO, autour de laquelle est construit ce numéro d’Antipodes ainsi que le prochain, l’analyse des motivations et besoins des participants est abordée d’emblée.
Valoriser l’attitude envers l’action est un préalable à la recherche de méthodologies, affirme dans ce numéro Patricio Montecinos, formateur aux débuts d’ITECO dans les années soixante. Ce constat s’est affirmé avec le temps et reste d’actualité aujourd’hui, au point que le pôle personnel, compris comme la réflexion sur l’itinéraire de vie et les motivations personnelles et l’identification des contraintes et des atouts individuels, est abordé de front dès le début de la formation.
Le pôle du contexte, dans lequel se découvrent les mécanismes à l’oeuvre dans la société, l’économie, la politique, les groupes sociaux, ainsi que les déterminations culturelles ; le pôle de l’action, par lequel chacun s’investit dans la réalité du monde ; et le pôle des partenaires, qui identifie les alliés dans l’action et les conditions de collaboration, viennent compléter une boussole qui va permette à chacun de se situer face aux réalités politiques, économiques et culturelles des sociétés modernes et aux rapports qu’elles entretiennent, de s’orienter dans ses choix d’engagements ici ou ailleurs.
Pour y arriver, les méthodes utilisées sont diverses, avec un accent particulier dans l’emploi de techniques actives et participatives. Des jeux de simulation, la présence de témoins privilégiés, de spécialistes des domaines traités et l’apport de matériaux audiovisuels sont régulièrement sollicités pour enrichir et structurer la réflexion. Ce numéro présente ses thèmes et ses manières, retrace le profil de ses participants, suit son parcours dans le temps depuis bientôt quarante ans. La prochaine édition viendra compléter ce tableau.