Avoir 28 ans et se demander que faire

Mise en ligne: 23 janvier 2007

Qui sont-ils les participants aux formations d’ITECO ? Pourquoi s’y inscrivent-ils ? Et avec quels résultats ?, par Pascale Steyns et Baudouin Cockx

La moyenne d’âge des participants aux formations d’ITECO d’août et d’automne 2001 est de 28 ans. Les groupes sont composés de 54% de femmes et 46% d’hommes. En ce qui concerne leur niveau de formation, 11% des participants ont juste terminé leurs études secondaires supérieures. Les autres possèdent un graduat (24%), une licence universitaire ou un diplôme de troisième cycle (65%). Les domaines d’études sont variés : la logopédie, l’enseignement, l’agronomie, l’ingéniorat civil, le journalisme, la communication, les sciences économiques, les sciences du travail, l’histoire de l’art, le développement, l’aide humanitaire internationale.

Plus de la moitié des participants n’ont jamais participé à d’autres stages de formation. Parmi ceux qui ont déjà participé à d’autres stages, 8% ont déjà suivi le stage de formation organisé par la DGCI ; 11% une formation à l’animation et la gestion de groupes et le reste des formations diverses en management, en psychomotricité, au travail social. Ce n’est pas un public qui investit particulièrement dans la formation. Le stage d’ITECO est pour 60% des personnes la première approche de l’éducation permanente. Le thème semble être porteur pour un public qui n’a pas de pratique antérieure de formation.

Ce chiffre paraît relativement important en rapport avec l’âge moyen des participants et n’est sans doute pas sans incidence sur les motivations et attentes des participants. 54 % des participants sont sans emploi au moment de la formation. Il semble que ceux-ci se tournent vers cette formation en fin de cursus de formation dans une période de recherche d’emploi ou de réorientation de carrière. Cette formation est-elle perçue comme une manière de s’ouvrir de nouvelles portes sur le marché de l’emploi ?

La coopération semble être considérée comme une option de travail possible pour les participants à ce stage. Au moment de la formation, seulement 16% des participants sont inscrits dans un programme d’étude. Cette formation est donc plutôt choisie après les études et avant une insertion socioprofessionnelle. Approximativement 20% des participants s’impliquent dans le monde associatif durant leurs loisirs et 10% y exercent une activité professionnelle, les autres travaillent dans le secteur privé ou dans l’enseignement. 46% des participants ne mentionnent pas de jobs étudiants.

Environ 65% des participants connaissent dans leurs relations des personnes qui possèdent une expérience du développement avant de participer au cycle. Plus de la moitié des participants ont donc une idée de l’aide au développement avant de s’inscrire à la formation, certains même possèdent déjà une expérience dans le domaine. Les représentations du développement sont variées : une expérience pas facile, des incohérences entre les exigences de la DGCI et les contraintes subies sur le terrain par les ONG, un engagement, un combat, un dépassement, un bouleversement, une ouverture d’esprit, un enrichissement personnel, un projet réussi, une satisfaction, des « expats », des expériences chaque fois différentes... La connaissance de personnes qui sont parties travailler à l’étranger semble être un élément important dans la motivation de certains à s’inscrire à la formation.

Pourquoi s’inscrivent-ils ? Quatre motivations se dégagent : des raisons professionnelles (43%), une obligation pour partir (19%), des recommandations d’une personne (19%) et une recherche personnelle existentielle (19%). La motivation dominante pour suivre la formation est liée à des raisons professionnelles : une nouvelle orientation professionnelle, une volonté de travailler ailleurs, un désir de s’engager dans un projet humanitaire...

Les motivations sont parfois plus diversifiées : une recommandation d’un ami ou d’une institution (19%), poursuivre une formation initiale (15%), enrichir ses connaissances (11%), un projet latent (11%), partager son expérience avec d’autres (4%), un départ prévu (11%), une envie de trouver un emploi à l’étranger (11%), découvrir le milieu de la coopération (11%), le certificat (4%). Les motivations semblent ici plus générales et tournées plutôt vers l’acquisition de connaissances que vers l’action.

Certains participants ont des projets précis et un départ prévu dans un avenir proche. D’autres n’ont pas de projet précis, ils suivent cette formation par intérêt personnel. Malgré tout, le but d’un bon nombre est de pouvoir partir dans des pays en voie de développement : « Je suis cette formation en vue de partir dans un pays en voie de développement et d’y travailler comme bénévole ». « Un emploi (au moins de courte durée) en pays en voie de développement ». « Tenter de m’expatrier. J’ai une opportunité avec une ONG française pour travailler à l’étranger à partir de la Belgique, il est souvent impératif d’avoir suivi une formation ». « Partir le plus rapidement possible dans un projet à l’étranger ». « J’ai l’intention de contacter des ONG et des organismes qui travaillent pour la coopération au développement en vue de proposer mes compétences ; en effet, si mon profil est indiqué pour un poste de coopérant c’est avec enthousiasme que j’offrirai mes services ».

Et de trouver un emploi dans le domaine de la coopération : « Chercher un travail dans une organisation d’envoi de coopérants en Amérique Latine, dans le domaine de l’agriculture, l’éducation, la sensibilisation ». « En vue de trouver un emploi proche de la défense des droits de l’homme, la lutte pour la paix ». « De pouvoir exercer une activité professionnelle qui me mette en contact avec des pays du tiers monde ». « S’engager encore d’avantage dans les actions qui privilégient le partenariat avec les organisations du Sud ».

Pour quelques-uns, ce stage est considéré comme un point de départ qui leur permettra de poursuivre leur formation par la suite.

Ceux qui ont été recommandés par des amis pour suivre la formation se réfèrent à l’expérience de ceux-ci et accordent peu d’importance au texte de présentation de celle-ci. Pour les autres, il s’agit d’une formation de base, d’un premier pas, d’une quasi nécessité pour participer à des projets de coopération.

D’autres personnes ont retenu les méthodes proposées : jeux de rôle, mises en situation, conférences, partages d’expérience, méthodes actives, pas d’évaluation « cotée ». Certains se souviennent de la boussole à quatre pôles (moi, l’action, les partenaires et le contexte), du souci de donner des balises, du côté critique de la formation et de l’aspect humain de la coopération et des rapports Nord-Sud. Se positionner dans un projet personnel et la volonté de poser des questions de fond : Ici ou ailleurs, que faire ? Le titre a interpellé certaines personnes. En effet, le titre de la formation semble contenir une dimension existentielle forte qui colore l’image que les participants se font de la formation et attire certaines personnes qui se posent la question.

Nous pensons plus précisément aux personnes qui se trouvent en situation de recherche d’emploi ce qui est le cas d’environ la moitié des participants au cycle d’orientation. Résultats de la formation : Seulement 8 % des participants aux deux stages déclarent que la formation ne leur a pas permis de découvrir des centres d’intérêts nouveaux. Tous les autres expriment avoir, grâce à la formation, pu découvrir des centres d’intérêts ou des nouvelles questions :

  • La notion d’éducation au développement
  • La représentation des inégalités dans le monde.
  • La boussole et ses quatre pôles.
  • Les modèles de développement selon Guy Bajoit.
  • La variété des projets de coopération : ils peuvent être politiques, sociaux, culturels,
    économiques....
  • Questions : qui sont concrètement les différents acteurs au sein de la coopération et
    quels sont les enjeux ici en Belgique ? Quelles sont les réelles motivations des initiateurs de projets ? Quels sont et où sont les divers rouages de cette machine complexe qu’est le secteur de la coopération en Belgique ?
  • La structure et le fonctionnement des mécanismes de coopération.
  • L’action à mener en Belgique.
  • La structure organisationnelle de la coopération au développement.
  • Analyser un projet en essayant d’imaginer des problèmes qui pourraient se présenter.
  • Le genre, les clivages homme - femme, les relations entre les sexes.
  • La place importante de la
    scolarité comme base du développement.
  • La compréhension des
    problèmes de développement.
  • La défense des droits de
    l’homme est large et il y a
    moyen d’intervenir par le
    biais du lobbying, la sensibilisation
    et l’éducation.
  • La formation m’a convaincu
    que je veux m’engager dans
    l’éducation au développement.
  • Des questions nouvelles,
    autour des représentations que
    nous avons en nous sur un
    contexte donné. Alors comment
    faire évoluer cela dans
    le sens qui ne trahit pas ?
    Si on « part » ici ou ailleurs
    faire attention à ses attentes
    pour ne pas se désillusionner
    après.
  • Remise en question de l’intérêt
    même de la coopération,
    de coopérer dans le Sud.
  • Il ne s’agit pas de partir
    pour aller travailler à la place
    des gens qui sont sur place.
  • Le choix d’une ONG.
  • Quelles peuvent être les intérêts
    derrière un projet de
    coopération.
  • J’ai plus ou moins distingué
    le rôle important que pouvait
    avoir le coopérant sur son
    ONG. Un point de vue tout à
    fait mis de côté là où je travaillais
    avant.
  • Suite aux différents témoignages,
    j’ai eu envie de m’intéresser
    plus et de participer
    plus à différentes problématiques,
    par exemple, la solidarité
    belgo-palestinienne. Je
    dois m’informer mieux et je le
    veux ! En fait, ce n’est pas
    barbant mais bien indispensable
    de comprendre l’actualité,
    l’histoire.
  • La formation m’a
    donné l’envie de me documenter
    dans le domaine, de
    participer à des conférences, a
    des débats. En tout cas d’être
    active d’une manière ou d’une
    autre.
  • Si j’ai un intérêt particulier
    à faire de la coopération
    à l’étranger, il m’était nécessaire
    de m’instruire sur le
    contexte économique, culturel
    et politique des différents
    pays, en d’autres mots, je me
    suis découverte un intérêt prononcé
    pour l’actualité internationale.
  • Certains témoignages m’ont
    profondément touché. Je me
    suis posé des questions sur
    moi-même, sur ma façon
    d’être, ce que je devais améliorer
    dans ma relation avec
    les autres.
  • Peut-être attendre avant
    de partir à l’étranger et travailler
    activement en Belgique
    dans le même ordre
    d’idées. Me spécialiser dans
    une ONG ici.
  • J’ai davantage réalisé ma
    difficulté à appréhender les
    problèmes liés au développement
    et à la coopération, ces
    questions soulèvent de nouvelles
    questions.
  • La possibilité de créer des
    liens multiples avec les personnes
    qui tournent autour de
    la coopération : échange d’expériences,
    personnes ressources,
    relations humaines tout
    simplement. La possibilité de
    multiplier les liens entre ONG
    lors d’un travail de coopération.
    L’importance de l’ancrage
    politique de l’action et
    ses implications.
  • La situation des femmes en
    Inde.
  • La situation confuse en Palestine,
    le problème palestinien,
    le conflit israélo-palestinien.
  • Les réalités vécues par les
    immigrés dans les centres fermés
    en Belgique.
  • Beaucoup d’informations
    sur la réalité des personnes
    engagées dans des projets individuels
    et collectifs.
  • Une meilleure perception de
    la coopération internationale
    belge.