Outils d’intelligence collective : La décision par consentement

Mise en ligne: 30 novembre 2018

Utiliser les opinions différentes pour atteindre un objectif commun

Contexte

On le sait : une décision aura plus de chance d’être efficace si elle dispose d’une large adhésion. Même s’il n’est pas toujours possible de faire autrement, la prise de décision autocratique d’une minorité pour une question qui concerne la majorité a de plus en plus de mal à être acceptée. A l’inverse, quand la décision est prise à la majorité, de façon plus démocratique, ne risque-t-elle pas de « forcer la main » à une minorité ? Il serait aussi illusoire d’attendre, avant de prendre une décision, que tout le monde soit d’accord.

Objectif

La décision par consentement garantit l’équivalence de chaque membre de l’organisation dans le processus de décision. Le principe du consentement, c’est de ne prendre une décision qu’à condition qu’il y ait « zéro objection argumentée ».

Principe sous-jacent
Ce processus de décision ne recherche pas le consensus (ce sur quoi tout le monde est d’accord) mais le consentement (ce sur quoi personne n’a d’objection majeure). Il n’est pas indispensable d’être totalement d’accord avec la proposition pour donner son consentement. Il suffit que les objections argumentées soient levées. Le consentement n’est pas non plus un droit de veto, mais un droit d’objecter et d’argumenter son objection. Ainsi, chacun a un pouvoir d’influence équivalent sur la décision à prendre.

C’est en fait une façon très concrète d’utiliser les besoins et opinions différents pour atteindre un objectif commun. Ne négliger aucune opinion évite de faire grandir les différends qui, sinon, peuvent créer des frustrations et des situations conflictuelles ingérables.

Mise en œuvre

En voici les étapes :

  • Définition du point sur lequel il s’agit de prendre une décision, qu’il s’agit de formuler clairement.
  • Ecoute des différents points de vue relatifs à cette question.
  • Présentation d’une ébauche de proposition (par une personne qui le souhaite, appelé le proposeur) qui tend à prendre en compte un maximum d’éléments avancés et est une base de travail à approfondir pour arriver à un consentement.
  • Tour de clarification : en répondant aux questions de compréhension (pas de réaction à ce stade), on vise à avoir une interprétation unique de la proposition.
  • Tour d’expression libre des ressentis par rapport la proposition : l’écoute appréciative (sans interrompre ni juger) est une condition essentielle de cette phase. C’est pourquoi il est préférable de fonctionner en tour de table.
  • Amendement ou retrait de la proposition —par le proposeur uniquement ; l’objectif est de réduire les réticences et de faire en sorte que la proposition amendée puisse recueillir le moins d’objections possibles.
  • Emission des objections argumentées : chacun vérifie en conscience s’il peut vivre avec la proposition. Une objection ne doit être une façon détournée d’exprimer une préférence ou une autre proposition. L’argument sera valide s’il démontre que la proposition est impossible à mettre en œuvre dans les conditions actuelles. Cela permet donc d’enrichir la proposition à la phase suivante.
  • Bonifications de la proposition : une objection DOIT être traitée. Elle n’appartient pas à l’objecteur mais au groupe qui, en discussion libre, cherche à apporter une solution, c’est-à-dire les conditions qui rendraient la proposition vivable.
  • Validation de la proposition et décision : quand toutes les objections ont été levées, il est possible de prendre la décision. Ne pas oublier de bien clarifier « qui fait quoi pour quand et avec quel support » afin de garantir la mise en œuvre.

Points de vigilance

Il n’est pas toujours aisé de se défaire de nos habitudes égotiques ! C’est pourquoi un facilitateur —neutre ou choisi par le groupe— qui garantit le respect par tous des étapes du processus, tant sur la forme que sur le fond, est parfois nécessaire.

Il faut aussi accepter de « perdre du temps maintenant pour en gagner plus tard » car l’expérience montre que ce dispositif demande du temps pour être mis en œuvre.