Croiser les parcours individuels avec l’Histoire commune
Déroulement
Le premier temps consiste en un temps d’écriture individuelle pour mettre en mots un récit personnel, depuis sa naissance jusqu’à présent (45 mn à une heure).
A partir de votre année de naissance, notez l’année, faites deux colonnes, une « petite histoire » et l’autre « grande Histoire ». Qu’est-ce qui vous a amené là ? Qu’est-ce qui a été constitutif de votre conscience du monde et vous a construit comme adulte en incluant bien sûr des événements positifs ou négatifs ? Par « grande Histoire » il faut comprendre tout ce qui a une dimension collective, même s’il ne s’agit pas nécessairement de trouver des éléments qui porteraient le label politique. A noter que la grande histoire n’est pas non plus nécessairement universelle, le collectif peut se situer à l’échelle de notre village.
Variante
Dans les méthodes de formation qui s’appuient sur les récits de vie, il existe aussi celle des autobiographies raisonnées. On peut mixer avec certains éléments de ce type d’autobiographie, notamment en rajoutant une troisième colonne destinée à travailler sur une expérience particulière, par exemple l’école.
Collecte
Suite à ce premier temps autobiographique, commence le travail de collecte d’éléments clefs de son parcours de vie, de ce qui fait la personnalité de chacun, sur une grande fresque.
Remarque
Il est préférable que la personne ne parle et n’écrive pas en même temps. Il peut y avoir quelque chose de fort à « écrire » la vie d’un autre.
Exploitation
Le troisième temps est une consigne d’exploitation de la fresque (de nos petites et grandes histoires) : chacun prend un temps individuellement pour noter et analyser ce qu’on lit dans cette fresque à partir de la question suivante : Quels éléments repérez-vous dans cette fresque où vous vous êtes senti réalisé ou au contraire nié.
L’une des exploitations possibles est de repérer dans la fresque des éléments qui ont pu être les moteurs d’investissements ou des freins à des investissements pour nous même. Après ce repérage, le travail consisté à tenter de réinscrire ces moteurs et éliminer ces freins dans nos pratiques avec le postulat que ce qui avait marché pour nous pouvait marcher pour d’autres.
Il reste en débat la question de l’intérêt d’une exploitation rationnelle. Alors que nous sommes nombreux à reprocher un monde de la vitesse, de la productivité et de l’utilitarisme, peut-être est-il bon que nous nous interrogions sur la pertinence de l’exploitation nécessaire d’une consigne qui en nous a provoqué en tant qu’expérience de vie des choses... par ailleurs n’est t-il pas possible qu’en tentant d’exploiter, de rationaliser ces récits on n’en vienne pas à détruire des appréhensions non rationnelles, affectives qui sans être conscientisées agissent sur nous. Et puis, au regard de la rareté de tels moments, la tentation de l’exploitation pourrait nous interroger sur notre rapport à la gratuité, à l’écoute de l’autre.
Combien de fois prenons nous dans notre vie le temps de nous écouter simplement ?