Comprendre les
échanges Nord-Sud
Origine
Créé par INODEP à Paris, cet exercice a été adapté par ITECO
qui l’utilise depuis de nombreuses années.
Nombre de participants
Cinq personnes environ par pays est un nombre optimal, ce qui fait un total de vingt personnes. Il est possible de jouer avec un minimum de douze personnes et un maximum de vingt-huit. Le nombre de joueurs par pays ne doit pas obligatoirement être identique.
Durée de l’activité
Quarante minutes de jeu et une heure d’analyse environ.
Espace requis
Une grande pièce.
Matériel nécessaire
Quatre tables et une chaise par participant ; quatre tableaux symbolisant les pays ; un tableau récapitulatif ; deux capuchons de marqueurs sur lesquels
on enroule environ un mètre de papier collant ; vingt-huit feuilles de carton bristol 240-320m ; six lattes d’au moins 10 cm ; six crayons ; trois paires de ciseaux ; deux rouleaux de papier collant.
Objectifs
Ce jeu essaie de faire comprendre les échanges Nord-Sud. C’est ainsi un bon outil pour une première sensibilisation aux relations Nord-Sud. Il a aussi un objectif qui relève du groupe qui joue : De quelle manière le groupe réagit-il
soumis à une situation de concurrence ? Y a-t-il solidarité, coopération ou renforcement de la concurrence ? Les aptitudes reproduites de manière spontanée sont révélatrices de l’idéologie du groupe.
Déroulement
Quatre pays sont représentés par autant de groupes qui reçoivent chacun des outils de production différents. Le but du jeu est de produire un maximum de cubes en carton répondant à des normes bien précises.
Les quatre groupes, représentant deux pays riches et deux pays du tiers monde doivent réaliser des cubes en carton de trois cm2 de côté. Les arêtes doivent être tracées au crayon et toutes entièrement couvertes de papier collant, même si une arête est constituée par une pliure (voir le cube ci-contre).
Après affichage du tableau des répartitions des ressources de chaque pays pour la production de cubes (voir le tabeau ci-contre), le meneur de jeu le présente comme suit :
Le monde est représenté par quatre pays : le Japon, l’Allemagne, le Pérou et le Zimbabwe.
Le Japon possède beaucoup de colle, trois règles, trois crayons, une paire de ciseaux — pour désigner la technologie de pointe — et une feuille de carton qui évoque les matières premières. L’Allemagne possède la même quantité de colle, de règles, de crayons, deux paires de ciseaux et deux feuilles de carton. Au Pérou, peu de colle, pas de règle, de crayon ni de ciseaux, mais quinze cartons (beaucoup de matières premières). Au Zimbabwe, un peu de colle
et dix feuilles de carton.
Après quarante minutes, on comptera sur chacune des tables qui représentent les pays, le nombre de cubes effectués correspondant aux normes demandées.
Le jeu se déroule dans la pièce et l’on ne peut pas en sortir. Il faut faire disparaître les crayons, bics... personnels.
Après l’explication des consignes et la distribution du matériel, le jeu peut commencer. Chacun négocie ou travaille librement. Les pays riches s’empressent généralement de construire leurs cubes avec le matériel qu’ils possèdent, les pays pauvres sont acculés à négocier directement, soit entre
eux, soit avec les pays industrialisés. Ces derniers, très vite en manque de matières premières, sont obligés de se tourner vers les autres pays.
Selon les groupes, l’activité se passe dans le calme ou de manière conflictuelle. L’animateur s’abstient d’intervenir sauf en ce qui concerne le minutage :
« Attention, il reste dix minutes ». Pour l’observation, l’utilisation de la vidéo est possible.
Avis aux animateurs
Après les quarante minutes, une commission internationale constituée d’un délégué par pays est constituée pour faire les comptes. Les délégués,
armés de leurs règles, vérifient les cubes et éliminent ceux qu’ils jugent défectueux. Ce procédé évite que les animateurs soient ressentis comme partie-prenante pour un pays.
Il est important d’insister sur le fait que la production des cubes est totalisée par pays. Il peut arriver que les participants aient décidé de produire tous ensemble en rapprochant les tables des quatre pays. Le meneur de jeu doit alors acculer le groupe à défusionner et à mettre sur chacune des tables
une part de la production commune.
Il faut pousser le groupe à négocier entre ses composantes et non pas faciliter
les fusions idéalistes.
Colle | Règles, crayons | Ciseaux | Carton | |
Japon | beaucoup | 3 | 1 | 1 |
Allemagne | beaucoup | 3 | 2 | 2 |
Pérou | peu | - | - | 15 |
Zimbabwe | peu | - | - | 10 |
Le meneur inscrit au tableau les nombres de cubes acceptés par pays et déclare le vainqueur.
Les groupes forment alors un cercle où chaque pays prendra la parole pour faire son histoire, son évolution. Le débat s’ouvre avec l’apport des observateurs.
Certains participants ont tendance à se tourner vers le meneur de jeu pour lui demander « peut-on voler ? », « peut-on vendre... ? ». Ces questions
doivent rester sans réponses de la part de l’animateur. C’est aux participants à créer leurs normes.
Si on a désigné des observateurs parmi les membres du groupe, ce qui peut-être utile quand le groupe est nombreux, il faut qu’ils s’en tiennent à
leur rôle. Il leur est interdit d’intervenir dans le jeu. Ils noteront leurs observations à la lumière d’une éventuelle grille d’observation remise par
le meneur de jeu.
L’analyse
Pour compléter l’exercice on peut réfléchir, au sein de chaque pays d’abord, en plénière ensuite, à ce qui s’est passé à l’intérieur du groupe en rapport à la réalité extérieure.
Quant au fonctionnement du groupe, ayant pu reconstituer les règles de fonctionnement, quel « monde » a-t-il été créé ? Un monde de coopération ? Un monde de concurrence ?
Pour ce qui est des comportements individuels, qui négociait, qui organisait le travail, qui était cantonné dans la production, qui est resté passif, observateur, touriste, se promenant d’une table à l’autre pour regarder ? Qui est allé voler, qui a déclenché la bagarre, qui a mal supporté le conflit, le vol, qui s’est révolté contre la règle et quelle forme cela a-t-il pris ? Ces rôles ont-ils été négociées, ou cela a-t-il été le règne du chacun pour soi ?
Il ne s’agit nullement d’une analyse psychologique, mais d’essayer de comprendre des logiques sociales. Par exemple, on constate souvent que les filles ont tendance à se trouver dans des rôles d’exécution et les hommes dans des rôles de dirigeants. Ces rôles de chefs ou d’exécutants peuvent également être liés au type de formation des personnes, au fait d’avoir reçu une éducation de chef ou de subalterne...
Les participants peuvent se rendre compte ainsi que leur attitude dans le jeu
peut correspondre à l’attitude qu’ils ont dans la vie par rapport à la compétitivité et aux enjeux. Ce débat peut entraîner une réflexion sur l’origine
de leur attitude, sur leur intégration ou le fonctionnement du modèle social qui domine en eux.
Quant à la « réalité réelle », les échanges internationaux fonctionnent-ils de cette manière dans la réalité actuelle ou historique ? Peut-on mettre en rapport des phases du jeu avec des événements de l’histoire ou de l’actualité internationale ? De ce point de vue, ce jeu peut se compléter par une conférence ou un film sur les multinationales, les mécanismes
économiques internationaux, les rapports Nord-Sud, etc...