Présentation : Puisque les nouvelles ne sont pas bonnes...

Mise en ligne: 13 juillet 2016

Les médias ont pris une grande place dans nos vies, manifestement. C’est à la fois dérangeant de le constater et en même temps de ne plus pouvoir s’en passer...

Peu d’échanges sur les dérives de l’actualité oublient d’incriminer le rôle des médias : ils en parlent trop ou pas assez. Ils soutiennent une réalité de surface, ou alors ils vont fouiller trop loin, là où ça ne sent pas bon.

Si les nouvelles ne sont pas bonnes, on coupe la tête du messager, c’est bien connu. Si la musique ne sonne pas juste, on tire sur le pianiste. « Médias partout, information nulle part » on affirme en décriant la crédibilité des médias. Les médias ont pris une grande place dans nos vies, manifestement. C’est à la fois dérangeant de le constater et en même temps de ne plus pouvoir s’en passer.

Curieusement, ou non, les personnes qui disent parfois de manière outrageuse se méfier des informations véhiculées par les médias sont souvent prêtes à accorder de la crédibilité à des vidéos douteuses mises en circulation de manière anonyme sur les réseaux sociaux la plupart du temps à des fins de propagande.

C’est la faute aux médias, titrons-nous, en forçant à peine le trait. Il est vrai que la concentration de la propriété des médias diminue l’indépendance des rédactions vis à vis des pouvoirs économiques. Il est vrai aussi que les médias de service public se voient affaiblis un peu partout par le désinvestissement des Etats, par la concurrence du divertissement, par la désaffection des publics. L’Etat traite les citoyens comme des consommateurs et ceux-ci leur rendent la pareille en votant pour des propagandistes.

Il est tout aussi vrai que l’information est souvent traitée sous l’angle restreint du local alors que le monde est interconnecté. Même si ce local est à échelle continentale. Prenons pour exemple, parmi tant d’autres, cette étude récente qui montre comment la crise des migrants est traitée dans les médias comme s’il s’agissait essentiellement d’une crise européenne.

La presse subit une perte nette de légitimité, bousculée par les eaux mouvantes de la mondialisation et des lectorats et électorats qui semblent déprimer devant les incertitudes de l’avenir. Pourtant les dangers les plus immédiats pour les journalistes dans le monde sortent directement des heures les plus sombres de notre passé collectif : d’après les Nations Unies, septante journalistes sont assassinés chaque année dans le monde. La plupart de ces crimes restent impunis.

Ainsi, les gouvernements autoritaires et des groupes criminels ont mis au point d’autres moyens de pression pour neutraliser les journalistes. Reporters sans frontières, pour sa part, rapporte « un climat de peur généralisée et de tensions qui s’ajoute à une emprise des Etats et des intérêts privés de plus en plus grande sur les rédactions ».

Dans certains pays, la publicité d’Etat représente l’essentiel des revenus pour les journaux. En en privant certains médias, on peut les mettre en faillite. C’est fort pratiqué dans l’Europe des Balkans, en Afrique, Asie et aux Amériques. Au Kosovo, par exemple, où la majorité des emplois sont publics, il est facile de contraindre un journaliste à s’autocensurer en menaçant de faire perdre son emploi à un proche. Il s’agit de modes d’action moins violents mais très pernicieux.

Après nous être intéressés à la question de la diversité dans les médias —le traitement de la diversité et la diversité de traitements—, au pouvoir de l’internet et des réseaux sociaux notamment en lien avec le travail des ONG, nous essayons à présent de faire connaître le point de vue des journalistes sur la place de l’information et des médias dans l’actualité d’ici et d’ailleurs.

Bonne lecture.