Un voyage dans les sites internet des ONG

Mise en ligne: 24 juin 2013

Plus de la moitié des ONG ont un site sur internet… C’est facile de les trouver, mais a-t-on envie d’y revenir ?, par Jean-Michel Swalens

Marguerite Freyens-Martin a été assistante dans le domaine des technologies de la formation à l’Université de Liège. Sa participation au sein de l’équipe multidisciplinaire de l’ONG Acda l’a amenée à s’intéresser aux sites internet des ONG et faire divers constats.

Premier constat : 54 % des ONG agréées ont un site sur internet. Parmi ceux-ci, 40 sites ont été visités selon une grille de visite standard, ce qui a permis d’établir une typologie des sites en cinq catégories :

  • Le type « page de journal » : le site se résume à une page écran, déroulant ou non, avec des liens vers une partie de la page (2,5 % des sites)
  • Le type « sommaire » : le site présente un sommaire vertical et les autres pages sont accessibles par hyperlien en aller-retour (17,5 % des sites)
  • Le type « arborescence simple » : le site se déploie en une arborescence avec deux ou trois niveaux et, le plus souvent, un menu permanent permet de naviguer facilement dans l’arborescence (37,5 % des sites)
  • Le type « arborescence complexe » : le site s’étend sur plusieurs niveaux d’arborescences reliées entre elles (on aurait pu la nommer aussi type « toile »). Plusieurs types d’aides de navigation coexistent : plan de site, plusieurs types de menus (22,5 % des sites)
  • Le type « arborescence complexe plus » : le site a une arborescence complexe reliée à une base de donnée documentaire par le biais d’un moteur de recherche (20% des sites).

Deuxième constat : les sites ont tendance à proposer les mêmes fonctionnalités dans leur page d’accueil : présentation de l’ONG et de ses objectifs, projets ou activités, contacts, news, agenda ou actualités, liens vers d’autres sites, suggestions d’aide, de participation ou de dons, documentation ou publications, services ou offres d’emploi. A cela s’ajoute de 1 à 14 fonctionnalités atypiques, ciblées sur les particularités de chaque ONG.

Quelques commentaires et suggestions de Marguerite Freyens-Martin à propos des sites visités  :

  • Mise à jour et maintenance : il faut donner davantage d’informations sur les mises à jours et les responsables de production et de maintenance des sites. Connaître l’identité du concepteur et responsable du site en page d’accueil, avec un contact mail, est utile et permet d’envoyer des observations ou des questions. Il est important pour le visiteur de savoir si les informations auxquelles il va avoir accès sont récentes. Il est par contre bien moins intéressant d’avoir des agendas ou des informations dépassées.
  • Les outils de navigation et d’aide : peu de sites proposent une fonction d’aide spécifique, et l’on regrette dans pas mal de cas l’absence d’un agent de recherche, surtout lorsque les sites sont complexes et présentent des informations complexes et abondantes. Certains sites proposent parfois des fonctionnalités bien utiles ( par exemple, une aide au téléchargement de fichiers, et des indications claires sur leur taille ). Il y a une utilisation abondante, et parfois surabondante, de l’hyperlien.
  • La page d’accueil : attention à ne pas agresser visuellement le visiteur par des pages d’accueil trop chargées. Lorsque les pages écrans (déroulants) sont fort longues, cela peut décourager le visiteur. Une pré-page avec le logo de l’association, sa mission, les langues du site, peut s’avérer utile en cas de page d’accueil très dense.
  • Les aspects fonctionnels : les liens essayés sont, dans leur grande majorité, fonctionnels, mais il arrive que l’on aboutisse sur une page blanche ou que les menus permanents ne soient plus actifs à un sous-niveau. Pourquoi, dans une page non disponible, ne pas laisser un message qui indique pourquoi et quand elle sera disponible ?

En conclusion, beaucoup de diversité et d’originalité des sites dans leurs choix de couleurs, de métaphores ou d’ambiance. On retrouve une constante dans les fonctionnalités et services offerts. Que veut l’ONG ? Cela se retrouve dans les fonctionnalités et services proposés : se faire connaître, mettre à disposition ses ressources, obtenir de l’aide sous diverses formes, informer son public des actions ou projets en cours, les inviter à participer, recruter des membres ou des acteurs locaux ou sur place...

L’ouverture du réseau offre à ces ONG des possibilités de diffusion énormes. Encore faut-il que le visiteur ait envie de revenir sur le site. Les couleurs et les gadgets ne suffisent pas. Il est essentiel que la maintenance et la mise à jour soit assurée, que le chemin vers l’information soit court, que les outils d’aide à la navigation et à la capture d’information soient disponibles et les plus simples possibles et que le contact direct avec l’ONG soit proposé.

Ces quelques suggestions ne représentent pas des conseils exhaustifs. Mais, si 52 % des ONG se sont déjà lancés dans l’aventure multidisciplinaire que représente la conception et la réalisation d’un site, pourquoi pas d’autres ? Le choix des logiciels libres, les méthodes de travail —qui fait quoi, comment et à quel moment ?— ainsi que l’indispensable dialogue entre les experts du contenu et les informaticiens, mènent à de bons résultats.

Publié dans Antipodes n° 163, décembre 2003